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Sentinelle sud (sur Ciné + Frisson)

Sortie  le  30/05/2023  

De Mathieu Gérault avec Niels Schneider, Sofian Khammes, India Hair, David Ayala, Thomas Daloz, Saadia Bentaïeb et Denis Lavant


Aux lendemains d’une opération clandestine qui a décimé son unité, le soldat Christian Lafayette est de retour en France. Alors qu’il essaie de reprendre une vie normale, il est bientôt mêlé à un trafic d’opium pour sauver ses deux frères d’armes survivants. La mission dont ils sont les seuls à être revenus n’était peut-être pas celle qu’ils croyaient.

C’est le portrait type du soldat qui, revenu d’un conflit (ici, l’Afghanistan) à la vie normale dite civile malgré lui, se retrouve un peu perdu comme un étranger en milieu citadin, quelque peu déraciné, à la dérive, complètement déphasé, voire inadapté, limite légèrement fêlé sur les bords. Presque incapable de survivre sans la présence de certains de ses copains de régiment, faisant des petits jobs pour subvenir à ses besoins, il se rattache à ce qu’il a connu et connaît, notamment à son commandant (« son père » qu’il idolâtre et qui est là pour « protéger ses enfants ») et à ses compagnons. Sorti de son environnement militaire, il a un comportement violent, devient alcoolique, bref, comme on dit dans l’armée, « il mord la ligne » à force de laisser ses démons l’envahir !
Pour interpréter ce soldat lambda dans son tout 1er long métrage au cinéma, le réalisateur Mathieu Gérault a choisi le charismatique Niels Schneider, très convaincant en jeune paysan devenu un combattant qui n’aime que « défourailler » à tout va lorsqu’il est sur le terrain et ne demande qu’une chose : y retourner au plus vite. Puisque « là-bas, il avait une famille et que sans elle, il boit », le voilà embarqué plus ou moins malgré lui dans un deal de « came et de thune » pas très clair, en connivence avec un mafieux local d’origine manouche (sous les traits de l’excellent David Ayala, vu entre autres dans Gueule d’ange, Un triomphe et Kaamelott – premier volet), à braquer pour son compte une bijouterie l’arme au poing afin de sauver ses amis ou, si vous préférez, pour « protéger sa famille » à lui.
Ce drame, entre film noir et chronique sociale, parle « beaucoup » - plus de bavardage que d’action –, mais également de famille, de fraternité et de reconstruction chez ces hommes engagés plutôt meurtris par ce qu’ils ont vécu (souvent au plus profond de leur chair et de leur esprit), laissant très peu de place à l’affection, à l’amour et aux femmes (juste un très brève ou du moins succincte idylle avec un infirmière). Reste donc une certaine forme de sens du devoir bien chevillé au corps chez ces recrues au tempérament dur et aux sentiments fermés, qui s’efforce pourtant de garder la tête haute et les idées claires !

C.LB



 
 
 
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