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Les mystères de Barcelone

Sortie  le  28/09/2022  

De Lluis Danes avec Nora Navas, Roger Casamajor, Bruna Cusi, Sergi López, Nuria Prims, Francesc Orella et Pablo Derqui


Barcelone, au début du XXe siècle, voit cohabiter deux villes. L'une, bourgeoise et moderniste ; l'autre, crasseuse et sordide. La nouvelle de la disparition de la petite Teresa Guitart, fille d'une famille riche, envoie une onde de choc dans tout le pays. La police a bientôt une suspecte : Enriqueta Martí, une femme également connue sous le nom de « La Vampira de Barcelona ».
De son côté, le journaliste Sebastià Comas va mener une véritable enquête et découvrir la sombre et terrible vérité…


Tout était idéalement réuni ici pour faire de ce drame « historique » une réussite, du moins, un bon film : un sujet palpitant autour d’une histoire basée sur des faits réels (qui a fait partie des affaires qui ont marqué l’Espagne au début du 20ème siècle), une réalisation aussi ambitieuse qu’esthétisante (filmée presque uniquement en noir & blanc), des décors originaux qui alternent entre ceux tournés en studio, images de synthèse et style ombres chinoises, et un casting convaincant, porté par des actrices/acteurs espagnol(e)s que l’on a déjà eu la chance de voir à l’œuvre (Nora Navas, aperçue dans Pain noir, Douleur et gloire, et Adù ; Roger Casamajor, présent dans Le labyrinthe de Pan, El Coronel Macia, et Pain noir ; Bruna Cusi vue dans L’aliéniste, Chez moi, et The replacement).
Il restait juste à trouver un bon équilibre à l’ensemble, ainsi qu’un bon rythme narratif dans la mise en scène, ce que le cinéaste Lluis Danes (Laia) n’a pas complètement maîtrisé, loin de là. En effet, si le début s’annonce prometteur et captivant, de par le kidnapping d’enfants dont la vie n’a aucune valeur aux yeux de beaucoup de personnes, et de par la peinture d’une certaine misère et d’un certain désespoir ambiants, la suite peine à tenir ses promesses, tournant en rond entre la chambre du héros (héroïnomane à « donf »), son journal (le bureau de son patron et de surcroît oncle) et le bordel (seul lieu – de débauche - qui soit tout « en couleurs »). De plus, les ralentis comme les visions et les flash-back sont légion, rehaussés par les emportements de notre journaliste et enquêteur de service qui s’obstine à jouer le fervent défenseur de belles et grandes valeurs morales, et vouloir porter un peu (trop) haut l’étendard de la vérité comme de la justice.
Malgré beaucoup de bonnes volontés affichées, soulignées par quelques séquences affriolantes assez récurrentes (notamment celles dans la maison close où l’on paye cher pour satisfaire ses vices), le résultat n’arrive pas à nous subjuguer ni à nous tenir en haleine plus que cela, remis en cause par un charme désuet et un romantisme exacerbé qui ne devrait sans doute pas déplaire à certains nostalgiques d’un temps révolu. Quoi qu’il en soit, ce thriller « made in spanish » a remporté 5 récompenses aux Prix Gaudí 2021 dont celui du Meilleur film et Prix du Public au Festival de Sitges : comme quoi, faute de merle, on mange des grives !

C.LB



 
 
 
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