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Poulet frites

Sortie  le  28/09/2022  

De Jean Libon et Yves Hinant avec Anne Gruwez, Jean-Michel Lemoine....


Striptease n’est pas mort ! Pour son retour un polar noir. Un vrai meurtre et la pièce à conviction ? Une frite !

Pour ceux qui ne sauraient pas ou qui ne s’en souviendraient peut-être pas, Striptease était le nom d’une émission de télévision culte créée sur RTBF1 en 1985 (et arrêtée en 2012) qui proposait des documentaires belge d'un genre nouveau, ayant pour but de traiter des sujets « pris dans les faits de société » et dans lesquels les commentateurs s'effaçaient pour laisser parler les protagonistes. Sur ce même modèle de reportage « pris sur le vif » et tourné en couleurs puis remastérisé en noir & blanc, le réalisateur de l’époque, Jean Libon, accompagné d’Yves Hinant (on leur doit le film Ni juge ni soumise, sorti en 2018 et César du meilleur documentaire obtenu en 2019), ont repris le flambeau en prolongeant la durée à une version cinématographique (1h30). Caméras à l’épaule face aux différents intervenants tous bien réels, ils ont tourné au plus près d’une véritable enquête criminelle menée dans un commissariat bruxellois, depuis la découverte d’un corps ensanglanté jusqu’à la révélation du suspect, en passant par les visites et opérations entreprises sur la scène du crime, les arrestations, les interrogatoires, les regroupements ainsi que les confrontations.
Plus vrai que nature, tu meurs ! Que ce soient les flics ou le(s) coupable(s) potentiel(s), rien n’a été laissé au hasard, pas même les « pires » errances et allusions – souvent comiques (de situation) - des uns et des autres (venant autant de l’interpellé placé sous mandat que du commissaire ou de la juge d’instruction), ni les commentaires et autres remarques concernant les analyses faites à chaque étape de l’instruction. Dans l’improvisation la plus totale, tout ici est vrai, les indices comme les révélations lors de déclarations qui se croisent voire se chevauchent entre elles. C’est du cinéma vérité dans toute sa splendeur, un peu à la Depardon d’ailleurs mais avec l’aspect esthétique en moins : du brut de forme tel quel avec des « gueules de ploucs » incroyables, pardon, d’abrutis fort attachants ! Bref, les belges ont un certain sens de la complaisance et de l’autodérision en situations graves, sombres, pour ne pas dire morbides, qui font tout le charme de ce doc véridique.

C.LB



 
 
 
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