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Hinterland

Sortie  le  28/12/2022  

De Stefan Ruzowitzky avec Murathan Muslu, Liv Lisa Fries, Max von der Groeben, Marc Limpach, Margareth Tiesel, Aaron Friesz et Stipe Erceg


Vienne, 1920. Après l’effondrement de l’empire austro-hongrois, Peter Perg, soldat de la Grande Guerre revient après plusieurs années de captivité. Tout a changé dans sa ville, où le chômage, les pulsions nationalistes ainsi que les mouvements fascistes omniprésents gangrènent l’atmosphère et prennent chaque jour un peu plus d’ampleur.
Il se sent étranger chez lui, dans sa ville natale. Soudainement, plusieurs vétérans sont brutalement assassinés. Touché de près par ces crimes, Peter Perg s’allie à Theresa Korner, médecin légiste, pour mener l’enquête. Au fur et à mesure de ses découvertes, Peter se retrouve malgré lui mêlé aux évènements et doit faire face à des choix cruciaux dans un chassé-croisé aux allures de thriller expressionniste.


Quel film ! Dès le générique un peu à la façon du peintre Munch (vous savez, « Le cri » !), on est plongé dans une ambiance certes glauque et décadente à souhait mais stylisée à l’extrême (tels des tableaux « de mort » très vivants !), puis tout de suite happé par l’histoire de ce soldat revenu de camps russes où il était prisonnier, tel un survivant tourmenté par son passé et par tout ce qu’il a vécu. On se croirait dans un de ces films baroques aux décors expressionnistes, à l’aspect très théâtral d’ailleurs, et particulièrement hallucinés (une touche à la Marc Caro & Jean-Pierre Jeunet dans La cité des enfants perdus), où pas un immeuble n’est véritablement droit. Seuls les très rares plans tournés en extérieur, notamment à la campagne, sont bel et bien réels, sans effets.
Quelle(s) gueule(s) ! Pour jouer le personnage principal, inspecteur et fin limier réaffecté à la Criminelle, le réalisateur et scénariste autrichien Stefan Ruzowitzky (on lui doit entre autres Anatomie 1 & 2, Les faussaires, Cold blood, et Patient zéro) a choisi Murathan Muslu (vu dans Une seconde femme, Ertan ou La destinée, La tête à l’envers, et dans les séries Sissi et Barbares) qui marque les esprits par son regard, son allure et sa carrure. Le reste du casting en impose tout autant, chacun à leur manière, que ce soit l’allemande Liv Lisa Fries (La vague, Lou Andréas Salomé, L’étau de Munich, et la série Babylon Berlin), l’allemand Max von der Groeben (Un prof pas comme les autres 1, 2 & 3), ou bien encore le luxembourgeois Marc Limpach (Lands of murders, Bad banks). Bref, des actrices et acteurs époustouflants qui devraient rapidement percés à l’international !
Quelle claque ! Un vrai travail d’orfèvre avec que ces scènes hyper-léchées, où rien ne semble avoir été oublié (pas même une B.O. fort envoûtante !), ni dans cette traque d’un serial killer plutôt retord, ni dans cette enquête difficile où toutes les victimes – d’anciens camarades de combat - sont liées, et encore moins dans la représentation de la nouvelle République autrichienne où un élan de liberté a pris le pas sur le reste, où « plus rien n’est comme avant ». En résumé, c’est « atrocement » beau – surtout les tortures infligées aux victimes –, au point qu’un David Fincher (souvenez-vous de Seven !) ne l’aurait pas renié, loin de là !

C.LB



 
 
 
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