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The fabelmans (sur Canal + Box office)

Sortie  le  16/01/2024  

De Steven Spielberg avec Michelle Williams, Paul Dano, Seth Rogen, Gabriel LaBelle, Judd Hirsch, Jeannie Berlin, Julia Butters et Robin Bartlett


Un récit semi-autobiographique inspiré de l’enfance de Steven Spielberg qui suit un jeune garçon, Sammy Fabelman, alors qu’il découvre un secret de famille bouleversant, l’amenant à utiliser le cinéma comme manière de comprendre les autres et lui-même.

Steven Spielberg ne nous ferait-il pas, par hasard, un gros coup de nostalgie poétique, de testament émouvant et quelque peu égocentrique pour ne pas dire prétentieux sur les bords, à l’époque où il a commencé à avoir une illumination et de l’inspiration visuelle, puis ses premiers rêves et ses premières velléités de réalisation jusqu’à la naissance de sa passion et de ses idées de cinéma ? Sous forme d’un vibrant hommage et d’une déclaration d’amour rendue à son propre 7ème art, il nous renvoi dans les années 50, à l’âge où il était enfant puis ado, période pendant laquelle il s’est éveillé à son tout nouveau hobby, utilisant une petite caméra portative pour filmer sa famille comme ses camarades de classe, jusqu’à pousser un jour la porte d’un très grand réalisateur américain (John Ford sous les traits de David Lynch) dans l’espoir de devenir assistant.
Le projet était ambitieux - autant que l’est l’homme lui-même, d’ailleurs ! -, encore fallait-il lui donner un soupçon de souffle héroïque limite épique, un chouia de rythme enivrant et un peu de dimension extraordinaire voire magique autour de la vie de ce célèbre metteur en scène et producteur ! Au lieu de cela, on a le droit à 2h30 de plans mélancoliques, ouateux et émotionnellement douceâtres, dégoulinant de bons sentiments, servi par un casting mielleux pas toujours bien développé, transpirant de belles valeurs morales, le tout sur fond d’une vague histoire de secret « caché » transformé en angoisse et traumatisme au sein de sa famille plus ou moins « dysfonctionnelle » (il y a de la rupture dans l’air !), un moyen d’apporter un semblant de révélation (ce serait donc à partir de là que viendrait ses différentes inspirations ?), d’intrigue et de drame à ce biopic déguisé en mélo. Ses parents, interprétés à l’écran par Michelle Williams et Paul Dano, se caricaturent en cabotinant à outrance et minaudent tellement qu’ils finissent par devenir insupportables, nous lassant à force d’en faire trop.
On aurait apprécié des moments audacieux, consistants, percutants, forts, puissants, poignants, drôles au lieu de rester très proche de cette cellule familiale somme toute assez classique, même entre un père naïf et une mère perturbée. Sans oublier un rapport face à l’antisémitisme et au judaïsme – déjà vu dernièrement dans le plus modeste et le moins lourd Armageddon time de James Gray - qui est venu s’inviter ici et là dans la partie, telle une cicatrice toujours présente et jamais cicatrisée pour toute personne appartenant au peuple hébreu qui se respecte. Là-dessus, on a juste le droit à la signature élégante d’une production classique personnelle, certes compétente et « créative » techniquement, mais confidentielle, démonstrative, pas très touchante et exagérément onctueuse, sublimée par la propre fable mythologique autour des souvenirs (vrais ou faux !) de son cinéaste fort méritant qui ne s’en prive pas une seconde.
Pas si sûr que cela galvanise beaucoup les foules, toujours en quête de plus de divertissements à grands « effets » d’émerveillement sublimés !

C.LB



 
 
 
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