en 
 
 
cinema

 
 

Vera

Sortie  le  23/08/2023  

De Tizza Covi & Rainer Frimmel avec Vera Gemma, Walter Sabel, Daniel de Palma, Sebastian Dascalu, Annamaria Ciancamerla, Asia Argento et Alessandra di Sanzo


Vera, actrice blond platine au chapeau de cowboy vissé sur la tête, mène difficilement sa carrière, dans l’ombre de son célèbre père, Giuliano Gemma, icône du cinéma italien des années 60. Elle vit au jour le jour dans le petit monde du showbiz, lassée de ses relations superficielles.
A la suite d’un accident de la route dans un quartier populaire de Rome, Vera rencontre un jeune garçon de huit ans et son père. Elle tisse une relation intense avec eux, découvre alors la vraie vie, et peut-être même une nouvelle famille.


Ca commençait plutôt mal : une sorte de documentaire pris sur le vif et tourné caméra à la main, autour de l’histoire d’une riche romaine oisive dans toute sa splendeur, une sorte de jet-setteuse défraîchie à la voix cassée, ressemblant plus à un trans botoxé qu’à une bimbo pimpante, à l’existence aussi futile qu’insignifiante. Cette « fille de… », celle d’un grand acteur de westerns spaghettis disparu, a du temps à perdre, rencontrant des ami(e)s et autres individus de la haute société romaine, essayant tant mal que bien de rattraper l’époque où elle fut (sans doute) belle à coup de casting foireux, obsédée par tout ce qui est beau voire superflu mais allant de refus en échec, et se contentant souvent de l’occasionnel de passage, limite de « bas étage » pour tenter de satisfaire ses besoins. Bref, un fardeau ou, si vous préférez, une « inutile » pas franchement heureuse ni véritablement épanouie !
Comme entrée en matière, on pouvait s’attendre à quelque chose d’un peu plus folichon et de moins égocentrique, d’autant que ce « faux reportage » dure presque 2 heures. Passée la 1ère demi-heure, arrive l’accident (factice ?) et là, c’est la révélation, la grande découverte de sa vie, celle des autres, des plus démunis, se transformant en une espèce de « sœur Teresa », un genre de sainte qui décide d’aider son prochain, notamment auprès d’un garçonnet le bras cassé renversé par son chauffeur, affublé d’un père vivant d’expédiants entre escroc violent et voyou arnaqueur à la petite semaine, s’évertuant à remplir sa (nouvelle) mission d’Oncle d’Amérique. Cette confrontation avec un autre monde, avec des personnes vivant dans des quartiers défavorisés et totalement à l’opposé de son propre milieu social et de sa propre mentalité à la base, va la révéler à elle-même, c’est-à-dire lui donner, outre une bonne conscience, une âme maternelle et charitable envers ceux qui en ont le plus besoin.
Et c’est à partir de là que ce film aborde un tournant plus réaliste, plus vrai, plus attachant, plus touchant, plus attrayant, obligeant l’actrice principale – qui joue ici son propre rôle – à avoir une approche plus « mère » crédible (alors qu’elle n’a pas d’enfant), débordante de gentillesse et d’attention (alors qu’elle n’a rien d’autre à faire !), que femme réfléchie et sensée face à cette relation plus ou moins toxique. Arrivera-t’elle à se rendre compte que dans cet univers « inconnue » à ses yeux, elle n'est qu'un instrument pour les autres ? Ca, vous le découvrirez dans cette production réalisée à 4 mains, celles de Tizza Covi et de Rainer Frimmel (La Pivellina ; L'Éclat du jour ; Mister Universo), qui a reçu le prix de la meilleure actrice et de la meilleure réalisation à la Mostra de Venise et la flèche de cristal au dernier festival des Arcs.
Quant à Asia Argento (la moins refaite de toutes !), elle fait une très courte apparition, en tant qu’amie peut-être de Vera Gemma, électron libre naïve et pourtant si juste (« Ne jamais dépendre du jugement des autres ! »), évoluant sans contraste et improvisant naturellement devant la caméra comme si c’était sa seconde nature malheureusement (dé)passée.

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique