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Reality

Sortie  le  16/08/2023  

De Tina Satter avec Sydney Sweeney, Josh Hamilton et Marchànt Davis


Le 3 juin 2017, Reality Winner, vingt-cinq ans, est interrogée par deux agents du FBI à son domicile.
Cette conversation d’apparence banale parfois surréaliste, dont chaque dialogue est tiré de l’authentique transcription de l’interrogatoire, brosse le portrait complexe d’une milléniale américaine, vétérane de l’US Air Force, professeure de yoga, qui aime les animaux, les voyages et partager des photos sur les réseaux sociaux.
Pourquoi le FBI s’intéresse-t-il à elle ? Qui est vraiment Reality ?


Le cinema américain aime bien révéler des faits authentiques, voire “épingler” sur écran toutes celles et tous ceux qui auraient eu l’outrecuidance d’avoir pu causé du tort, soit au niveau de la défense nationale soit alors du côté de son intégrité, à leur cher pays en révélant par exemple des manipulations, des actes d’espionnage ou bien encore des secrets d’état. Et, de ce côté là, on peut aisément dire que ce n’est pas ce genre de malversations qui manque outre-Atlantique ! Comme par exemple, Oliver Stone qui nous avait offert le portrait d’Edward Snowden dans Snowden sur la collecte illégal d’informations par la NSA (National Security Agency) sous prétexte de lutte antiterroriste, et alors Steven Spielberg avec la publication de documents top secret dévoilant l’implication politique et militaire des Etats-Unis dans la guerre du Viêtnam - considéré donc comme du journalisme d’investigation - dans Pentagon papers.
Ici, nous avons à faire au déroulement ou, plutôt, à l’intégralité de l’interrogatoire de la lanceuse d’alerte qui a révélé au public, par le biais de documents gouvernementaux envoyés à des organes de presse, les ingérences russes dans l’élection présidentielle américaine de 2017 - celle de Donald Trump -, à travers notamment un piratage dans l’enregistrement des votes des électeurs. Et nous voilà plongé dans un huis clos d’1h 20 pour le moins étouffant (on sent qu’il y a une tension palpable sur le point de monter mais sans aucun coup d’éclat au final), une sorte de retranscription fidèle, à la virgule près, des dialogues échangés entre 2 agents officiels de l’agence de renseignement U.S. et Reality, une jeune linguiste ayant travaillé à l’Air Force et accusé d’avoir fait une « mauvaise gestion » d’informations confidentielles en sa possession.
Ne vous attendez surtout pas à de l’action, ni à des courses-poursuites et encore moins de tirs et autres tueries dans tous les sens ! Tout se passe intégralement dans un pavillon de banlieue sans charme, où l’on découvre petit à petit, – ça tourne autour du pot pendant les 2/3 du film en retardant le plus possible les révélations et le dénouement, le tout sans aucune précipitation -, les raisons de la présence du FBI jusqu’au fin mot de l’histoire. D’autant plus que les inspecteurs sont avec elle plein d’empathie, très attentionnés, toujours bienveillants, on ne peut plus rassurants, prenant toutes les précautions possibles et posant des questions qui semblent être sans véritable intérêt au début avant que l’on puisse véritablement remonter le fil narratif et assister à leur manière de cuisiner un suspect. De son côté, l’interrogée joue la fille pas vraiment surprise par les méthodes employées avec elle, ni par l’interrogatoire qu’elle subit et encore moins par la perquisition qui se déroule chez elle, cette dernière semblant n’avoir aucune idée de ce qui se passe réellement. Nous non plus d’ailleurs jusqu’à la dernière minute où le « pot aux roses » est dévoilé juste avant le générique de fin !
Si vous aimez les adaptations cinématographiques style informatif autour de vraies affaires américaines (celle-ci a déjà fait l’objet d’une pièce de théâtre, créée justement par la réalisatrice Tina Satter), vous serez forcément intéressé. Quant aux autres, vous aurez eu l’impression d’avoir été quelque peu floué par cette discussion linéaire à bâtons rompus en forme de documentaire, retranscrite mot pour mot autour de cette « menace interne » pas toujours convaincante, aux allures de petite fille sensible, un tant soit peu gênée et terne, qui semble portée à la vertu sur son visage juvénile (interprétée par Sydney Sweeney, vue dans Once upon a time….in Hollywood, et surtout dans des séries télévisées).

C.LB



 
 
 
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