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Lost country

Sortie  le  11/10/2023  

De Vladimir Perisic avec Jovan Ginic, Jasna Djuricic, Miodrag Jovanovic, Lazar Kovic, Pavle Cemerikic, Boris Isakovic et Dusko Valentic


Serbie, 1996, dans le feu des manifestations étudiantes contre le régime de Milošević. Déchiré entre ses convictions et l’amour qu’il porte à sa mère, porte-parole du gouvernement, Stefan, 15 ans, mène sa propre révolution.

« Lost country » : voilà un titre qui peut être interprété de 2 façons, et même à double sens, autant en ce qui concerne les prémices de la fin de l’ex-république fédérale de Yougoslavie que la subite perte d’innocence comme d’identité auprès d’une grande partie du peuple serbe, notamment chez les jeunes, face à un parti politique qui a manipulé frauduleusement des élections municipales. S’en suivra ce que l’Histoire nous a laissé, c’est-à-dire, outre des manifestations estudiantines contre un régime répressif en place, un « pays perdu » qui n’existe presque plus, morcelé en plusieurs « morceaux » dont la Serbie et le Monténégro.
Mais le mot « perdu » est aussi le constat d’abord de déni (« c’est pas elle ») puis d’injustice et d’impuissance chez un ado en mal de repères, qui s’éveille tardivement à une conscience morale et politique, culpabilisant à mort devant une mère certes adorée (elle l’appelle tout le temps « ma petite remorque ») mais néanmoins qu’il sait être du (mauvais) « côté de la force » du pouvoir dans son pays. Cette dernière, niant toute implication dans ce patacaisse électoral, lui mentira ouvertement (« ce n’est pas ta révolution ») et, se sentant aussi bien délaissé par ses camarades de classe que trahi par sa maman chérie (il lui crie : « vous êtes des assassins »), ira jusqu’à un point de non-retour.
Pas facile d’essayer « de changer l’avenir » quand on a que 15 ans et le jeune Jovan Ginic qui a des petits airs de François Civil, interprète ce garçon plutôt « paumé », dans une impasse, avec beaucoup de convictions, oscillant entre comportement mutique et réactions instables voire violentes. Omniprésent à l’écran pendant plus d’1h30, il donne le rythme à ce drame sous-jacent qui a obtenu le Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2023. Le réalisateur serbe Vladimir Perišić (Ordinary people ; Les ponts de Sarajevo) a su simplement et parfaitement restituer à l’écran, et cela avec limpidité, ce qu’il a vécu lui-même cette année-là (1996) à l’âge de 20 ans et, donc, ce qu’il peut bien se passer dans la tête d’un enfant révolté mais encore insouciant, confronté aux choix dictatoriaux inacceptables de sa maternelle en pleine tourmente idéologique.

C.LB



 
 
 
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