en 
 
 
cinema

 
 

H2G2 : le guide du voyageur galactique (sur Ciné + Famiz)

Sortie  le  22/09/2021  

De Garth Jennings avec Sam Rockwell, Martin Freeman, Mos Def, Bill Nighy, Zooey Deschanel et Warwick Davis (sur Ciné + Famiz les 22, 24 et 26/09)


Sale journée pour le terrien Arthur Dent ! Sa maison est sur le point d’être rasée par un bulldozer, il découvre que son meilleur ami, Ford Prefect, est un extra-terrestre et pour couronner le tout, la Terre va être pulvérisée dans quelques minutes pour faire de la place à une voie express hyperspatiale. Arthur a une chance de survivre, mais il doit pour cela se faire prendre en stop par un vaisseau spatial, avec l’aide de Ford. Sa plus grande aventure va commencer au moment où notre propre monde disparaît…Arthur se jette dans l’inconnu et entame un délirant périple au cours duquel il va découvrir la véritable nature de l’univers. Il va aussi faire des rencontres, comprendre pourquoi une serviette de toilette est l’objet le plus utile de la création, percer le secret de la vie et découvrir que toutes les réponses à toutes les questions se trouvent dans un fabuleux livre électronique : le guide du voyageur galactique. Bon voyage….

Au plagiat éhonté, à la copie conforme, au double calqué ? C’est un véritable scandale que d’avoir laissé reproduire quasiment à l’identique, images comme dialogues, quelques-uns des films des fameux Monty Python, collectif qui ne se prenait pas au sérieux, du type Le sens de la vie ou encore Brazil de Terry Gilliam. Ses films à l’intelligence débridée, à l’humour décalé tout azimut et à la vision créative surréaliste, parlaient essentiellement de questions existentielles, de pensées profondes, de l’univers et de tout ce qui est, de la nature de la réalité et du sens de la vie, d’où le titre ci-dessus !
Déclarer que ce nouveau film est la reproduction exacte et fidèle (sauf pour quelques trucages, effets spéciaux et animatroniques) de l’un d’entre eux est d’une telle évidence que ça saute aux yeux dès les premières minutes ! Même façon de raconter une histoire en partant de presque rien, d’un banal détail, d’un infime prétexte ou d’une simple interrogation, pour accoucher d’un ensemble de raisonnements foisonnants, complexes et disparates, qui posent la question ultime de la vie et remettent en cause notre conscience et notre pensée comme la raison de notre présence sur terre, et donc de notre existence ici bas. C’est à croire que cette production anglaise avait envie de se payer la tête de leurs ainés dans une bonne tranche de rigolade en utilisant les mêmes ficelles et ingrédients qu’eux pour faire rire leurs propres concitoyens.
Même si la plupart des comédiens sont anglais et pas tous très connus (à part une star comme John Malkovich, et Sam Rockwell vu dans Les associés, La ligne verte et Confessions d’un homme dangereux), il manque ce petit grain de folie et cette ironie absurde typiquement english que le réalisateur Garth Jennings, dont c’est ici sa première mise en scène, n’a pas su rendre dans sa globalité ! Malheureusement, on ne s’esclaffe pas autant que les originaux des Monty Python, retrouvant en moins bien tous leurs trucs, effets, gags, jeux de mots, subterfuges, astuces, non-dits, clins d’œil, mimiques et autres éléments employés à l'époque pour partir dans des délires aussi narratifs que scéniques.
Passé ce petit moment d’énervement et d’emportement aussi nécessaire que salutaire, il faut tout de même se rendre à l'évidence et remarquer qu’une mauvaise utilisation (à but lucratif, il va de soi !) peut devenir finalement une bonne idée et avoir de bonnes retombées, voire d’excellentes répercutions, sur un public habituellement lobotomisé par des mièvreries U.S. Ici, on se moque éperdument du « quand dira-t'on » pour privilégier l’inventivité dans tous les sens, le débordement intempestif et l’allusion décalée à outrance. Grâce à cet Objet (cinématographique) Voulu Naturellement Identique, c’est le moyen de revenir à des films à la fois absurdes et intelligents, fous et réfléchis, ayant une réelle réflexion et une véritable portée (i)rationnelle, voire une totale remise en cause sur l’intellect et le raisonnement individuels des spectateurs. En effet, c’est pas tous les jours qu’on a la chance de pouvoir se régaler autant la pupille que les neurones à la vue d’une comédie aussi iconoclaste et délirante que celle-ci, que l’on peut d’ailleurs qualifier d’irracontable, tournant en dérision tous les codes de la science-fiction.
A part le fait que nous soyons dans une histoire qui se déroule dans un cosmos tel que vous ne l’auriez jamais imaginé, avec un citoyen britannique raisonnablement banal, croisant des créatures monstrueuses et difformes (en fait des bureaucrates fanatiques qui lisent de la poésie infâme), un président de la galaxie mégalo qui possède 2 têtes, et un robot, sorte d’androïde aux tendances paranoïaques et maniaco-dépressives, tout le reste n’est que variantes cérébrales et folies imaginaires.
A la vue de ce scénario loufoque et déjanté, de sa narration complètement alambiquée et de ses images au visuel aussi trituré que détourné, on ne peut qu’acquiescer à un tel prodige de non-sens et de dérisoire à tout va. Par contre, ce qui est à craindre, c’est que ce type de réalisation brillante et extrêmement originale, certes un peu dingue mais ayant pourtant une certaine portée philosophique, ne puisse attirer qu’un très petit nombre de fans, galvanisés par l’adaptation d’un vénérable roman de science-fiction satirique et très en avance sur son temps, Le guide du routard intergalactique, écrit par l’anglais Douglas Adams (ami notamment de John Cleese et Graham Chapman, tous 2 membres des Monty Python !), lui-même inspiré d’un feuilleton radiophonique culte outre-Atlantique diffusé en 1978.
Néanmoins, ce voyage délirant, hors de la réalité quotidienne et dans un univers alternatif qui n’obéit qu’à ses propres règles, a le mérite d’exister et c’est çà le plus important !

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique