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Revolver (sur Canal + Cinéma)

Sortie  le  06/04/2021  

De Guy Ritchie avec Jason Statham, Ray Liotta, Vincent Pastore et André Benjamin


A force de traîner avec des voyous, Jake Green, joueur invétéré et arnaqueur professionnel, finit par écoper de 7 ans de prison à la place du dangereux caïd Dorothy Macha. A sa sortie, Jake devient imbattable au jeu, grâce à une formule apprise auprès de 2 mystérieux co-détenus. Il est prêt à prendre sa revanche. Empêtré dans une guerre des gangs avec son impitoyable rival, Lord John, Macha mise toute sa crédibilité sur un trafic de drogue avec le tout-puissant Sam Gold. Quand Jake rend visite à Macha dans son casino, il l’humilie en public lors d’un jeu de hasard. Ce dernier envoie ses hommes aux trousses de Jake, mais celui-ci est sauvé par l’énigmatique Zack qui, avec son associé tout aussi mystérieux, Avi, propose de le protéger. Sceptique, Jake refuse leur aide mais lorsqu’il découvre qu’il n’a plus que 3 jours à vivre, il n’a plus le choix. Il va se retrouver pris au milieu d’un jeu risqué et dangereux. Mais le plus grand danger est celui dont on se méfie le moins….

Plus nébuleux et plus pompeux que ce film, tu meurs ! Difficile en effet de comprendre le pourquoi du comment de cette histoire tarabiscotée qui nous raconte le parcours vengeur d’un escroc, joueur invétéré doublé d’un arnaqueur, bien décidé à devenir l’adversaire suprême. On aurait pu croire qu’avec un titre pareil, Revolver, on allait assister à un bon petit film de gangsters qui régleraient leurs différents à coup d’armes à feu. Eh bien non, pas du tout ! Tout se passe en fait à travers l’état d’esprit et la réflexion profonde de plusieurs personnages aux prises avec leurs magouilles, trafics, hold-up et autres combines. Si le début de ce sujet nous paraît relativement assez abordable, une suite de pensées et de réactions hésitantes face aux évènements que notre héros va rencontrer sur son chemin lors de sa sortie de prison, la suite est beaucoup plus alambiquée puisque nous voyageons parmi un parterre d’individus plus ou moins fréquentables qui se montent la pression les uns les autres à cause d’un jeu d’arnaque, sans qu’on puisse savoir qui est qui vraiment. C’est tellement prétentieux comme démarche qu’on lâche vite prise dès que notre personnage principal commence à péter les plombs lorsqu’il rencontre son propre démon. Le stratagème narratif est si tortueux et lourd, et le procédé visuel si étudié pour être bien lisse, très glamour et plein d’artifices, qu’on lâche prise en se disant encore un exercice de style qui se veut original. Or, il n’y a rien de véritablement nouveau ici puisque le principe a déjà été utilisé par d’autres réalisateurs beaucoup plus chevronnés, aussi nuancés que subtiles, dans ce type d’approche. On pense tout de suite à David Fincher avec Fight club mais la ressemblance s’arrête là puisque la mise en scène est tout autre. Ce type de recherche de soi-même, de dédoublement de la personnalité est trop flou, trop torturé et trop tiré par les cheveux, au point qu’on a l’impression de voir le travail pas complètement abouti d’un jeune metteur en scène tout droit sorti d’une école de cinéma. Pourtant, le cinéaste anglais Guy Ritchie, déjà responsable de 3 autres films plus ou moins réussis (Arnaques crimes et botanique, Snatch et A la dérive) et accessoirement mari de Madonna (ça aide pour financer pareille réalisation !), n’est pas du genre à se laisser embarquer dans des réalisations qui le dépasseraient, lui qui traite généralement toujours des mêmes sujets, c’est-à-dire autour de la petite délinquance, des crapules aux gueules patibulaires, des gros flingues qui crachent et des règlements de compte entre truands de tout poil. Sans doute la folie des grandeurs l’a-t-elle poussée à commettre cette espèce de partie de roulette russe quelque peu prise de tête qui nous bourre le mou sans autre forme de procès. Dommage qu’une telle photo et qu’une telle qualité d’images soient gâchées par une histoire de face-à-face à dormir debout, le doigt sur la détente et l’arme sur la tempe ! Ce n’est pas les poncifs habituels ressassés, les mêmes clichés habituellement servis, les regards qui en disent longs et les phrases qui ne veulent rien dire, qui sauveront cette entreprise oh combien périlleuse. En tout cas, il ne faut pas compter sur Jason Statham (Le transporteur 1 & 2) pour qu’il soit capable de nous sortir d’une certaine torpeur, vu que ses dialogues se limitent à ceux qu’il récite dans sa tête en voix off. N’espérez pas non plus que Ray Liotta (Les affranchis, Copland, Hannibal, Blow, Identity) s’en sorte mieux, même en slip string moulant et couleur panthère, il ne fait que parodier maladroitement ses illustres ancêtres et maîtres en la matière, Al Pacino, Robert de Niro et le reste de la troupe des parrains du cinéma bien connus. Quand aux nouveaux visages, André Benjamin (Hollywood homicide, Be cool) et Vinnie Pastore (Mickey les yeux bleus, Hurricane Carter, Ecarts de conduite), ils tirent leur épingle du jeu avec brio dans cette galerie de tous les aspects humains existants. N’empêche que ce concept intellectuel d’arnaque suprême et de formule de jeu, sur fond d’intrigue soutenue plus ou moins haletante et de plans de coupe détonants ultra syncopés, semble vouloir à tout prix nous bourrer le mou, nous faire travailler nos cellules grises et nous en mettre plein la vue. C’est peine perdue car cette histoire aux conséquences mortelles (au sens propre comme au sens figuré), difficile à comprendre, aussi complexe et violente qu’aventureuse et chaotique, risque fort d’en dérouter plus d’un devant ce style de productions signées Luc Besson !



 
 
 
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