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Camping (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  05/04/2021  

De Fabien Oteniente avec Gérard Lanvin, Mathilde Seigner, Franck Dubosc, Claude Brasseur, Mylène Demongeot et Antoine Duléry


1er août. Comme tous les ans, le camping des Flots Bleus accueille les vacanciers. Comme tous les ans, aux Flots Bleus, au bord des vagues de l’Atlantique, ce sont les retrouvailles pour ces familles d’habitués. Matelas pneumatiques, conserves, barbecues, Ricard et Shogun (la boîte locale)…C’est beau la vie en tongs ! Pourtant cette année, dans les allées du camping, rien ne va plus. Patrick Chirac, le play-boy de Dijon, attend toujours sa femme, les Gatineau font tente à part et les Pic n’ont plus leur emplacement 17….Michel Saint-Josse, chirurgien esthétique parisien, se dirige avec sa fille vers Marbella au volant de l’Aston Martin de James Bond qu’il vient d’acquérir. Le cauchemar guette…Lâché par sa belle mécanique, sans aucune autre solution d’hébergement, Michel Saint-Josse se retrouve très vite au camping des Flots Bleus dans la tente Maréchal 6 places de Patrick Chirac. Seul et désemparé, au milieu des merguez, des couverts en plastique, du thon à la catalane, des douches collectives, du Benco et des courses de canards, Michel Saint-Josse va devoir subir malgré lui les problèmes existentiels d’une espèce inconnue à ses yeux : le campeur.

Quand on décide de s’attaquer à une représentation tout à fait réelle et crédible d’une certaine France profonde, en la restituant telle qu’elle est vraiment tout en l’égratignant un peu au passage, ça risque de faire mal, très mal aux zygomatiques à cause des crampes de rires qu’on pourrait attraper, tant il est réjouissant de voir comment évolue cette faune d’individus bien spéciale, on pourrait dire même plus, ce microcosme vraiment à part de la société, ces gens qui filent s’installer dès l’été venu dans ces fameux campings au touche-touche qui souillent parfois notre beau littoral ! A dépeindre les mœurs et autres habitudes particulières, voire atypiques de cette catégorie de ces français moyens, prêts à vivre côte à côte, en totale promiscuité pendant plusieurs semaines et pourquoi pas toutes les vacances, on pourrait penser qu’on loupe sans doute quelque chose de génial, de fantastique et d’idyllique. C’est vrai que de les voir ainsi s’amuser d’un rien, d’une rencontre fortuite, d’un apéro pris entre copains, d’une partie de volley (avec des naturistes) ou d’une baignade en groupes, ça doit être merveilleux pour eux que de garder ces petites manies qui consistent à retourner chaque année au même endroit précis, à dire bonjour aux mêmes personnes et à avoir les mêmes occupations sans jamais se sentir à l’étroit à force de vivre tous ensemble ou encore s’ennuyer d’une façon ou d’une autre par manque de liberté ou de loisirs. Ce sont toutes ses joies mais aussi ses peines qu’on peut découvrir dans la nouvelle comédie franchouillard de Fabien Onteniente après les caricaturaux Grève party, Jet set et 3 zéros qui dépeignaient déjà avec une jubilation certaine et une acuité extrême l’existence, les intrigues et les travers d’une autre catégorie de français, les manifestations d’ouvriers, les fêtards huppés souvent considérés comme des parasites et le monde du football avec tous ceux qui gravitent autour. Avec la même assiduité pertinente et le même regard attendrissant sur ces univers bien définis, Fabien Onteniente fait mouche encore une fois, à l’opposé de Jet set mais en respectant la vie de gens simples, sans jamais tomber dans les travers outranciers ni les parodies exacerbées de cette communauté de français catalogués qui partent en vacances toujours au même moment et dans le même coin. Certes, le vocabulaire, les conversations et les bonnes manières peuvent parfois tomber dans la grossièreté et la vulgarité les plus représentatives (la palme revient à Mathilde Seigner qui n’en loupe pas une !), mais que voulez-vous, tout le monde n’est pas forcément né avec une cuillère en argent dans la bouche. Bref, quand ce pauvre Gérard Lanvin (déjà dans 3 zéros) débarque au camping des Flots Bleus, il tombe de haut, de très haut même ! Cette confrontation entre les caractères diamétralement opposés du XVIème arrondissement parisien chic et du prolétaire un brin popu de province, entre autre de Dijon, provoque indéniablement des étincelles qui sont parfaitement maîtrisées et fort bien rendues ici avec un souci d’authenticité, grâce à l’écriture exacte du scénario, des dialogues et des répliques, œuvres communes notamment du réalisateur et du comédien/humoriste Franck Dubosc qui joue ici le dragueur invétéré en slip moule-bite et tongs mais avec un cœur gros comme çà. Il est l’un des pivots de cette histoire, servant d’intermédiaire solidaire et hospitalier, aussi loquace que gentil, entre un Lanvin individualiste, psychorigide, hautain et excédé, qui ne sait pas où il a atterri, et le reste du camping, des ploucs de base sympathiques (Claude Brasseur et Antoine Duléry en parfaites répliques), conviviaux et prêts à rendre service à la moindre occasion. C’est le principe traditionnel de la relation entre l’emmerdeur et l’emmerdé, à la manière de Bourvil et De Funès dans Le corniaud. Il en va bien évidemment du petit couplet sur les pauvres prolos beaucoup plus avenants et généreux que les nantis, imbus d’eux-mêmes et égoïstes comme c’est pas permis, mais s’il n’y avait pas un peu de cette réalité tangible, ce script serait alors d’une mauvaise fois évidente. Au final, on sort de la salle ravi d’avoir assister à une bonne tranche de rigolades et d’émotions, en participant agréablement à l’étude croustillante et mordante de cette communauté populaire que nous avons certainement croisé un jour et peut-être même côtoyé au moins une fois !



 
 
 
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