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Déjà vu (sur Ciné + Frisson)

Sortie  le  03/07/2022  

De Tony Scott avec Denzel Washington, Val Kilmer, Paula Patton, Jim Caviezel, Elden Henson et Adam Golberg (sur Ciné + Frisson les 03, 04, 08 et 14/07)


Tout le monde a déjà ressenti une sensation de « déjà vu », ce flash si particulier qui vous donne l’impression d’avoir déjà vécu une situation. Mais qu’en serait-il si ces sentiments étaient des avertissements du passé ou des indices sur votre avenir ? Alors qu’il enquête sur l’explosion d’une bombe sur un ferry de la Nouvelle Orléans, l’agent Doug Carlin se voit enrôlé au sein d’une nouvelle cellule du FBI ayant accès à un appareil gouvernemental top secret permettant d’ouvrir une « fenêtre sur le temps », et ainsi essayer de retrouver les preuves nécessaires à l’arrestation d’importants criminels. Plus précisément, cette fenêtre permet d’observer des évènements dans le passé s’étant déroulés 4 jours, 6 heures et quelques minutes auparavant, pas une de plus, pas une de moins. Durant son investigation, Doug va découvrir que ce que la plupart des gens pensent n’être qu’un effet de leur mémoire est en fait un don bien plus précieux, une force qui le mènera vers une course contre la montre pour sauver des centaines d’innocents.

L’ombre du 11 septembre semble encore et toujours autant planer sur les américains et spécialement chez les scénaristes avides de nouvelles sensations fortes au cinéma ! Quand une production Jerry Bruckheimer pointe le bout de son nez, on peut être à peu près sûr que ce sera un film de grande envergure, à très grand spectacle et qu’on ne sera pas déçu du déplacement. Pensez donc, un ferry rempli de soldats en permission et d’enfants en bas âge est une cible parfaite pour des terroristes implacables, avides de toucher encore une fois l’Amérique de plein fouet et en plein coeur. Mais, au lieu de sensibiliser à nouveau l’opinion avec par exemple une autre version des évènements du 11/09 (mais surtout pas à la manière d’Oliver Stone, vous savez, le responsable du très mauvais World Trade Center !), nous n’avons à faire ici qu’à un acte isolé venu d’un seul homme, un terroriste qui n’en est pas vraiment un d’ailleurs puisque cet ex-soldat, qui n’a pas été incorporé dans les Marines, a décidé de se venger à sa manière (Jim Caviezel – A armes égales, La ligne rouge, Chevauchée avec le diable, Un monde meilleur, La passion du Christ - plus taciturne, glauque et perturbé que jamais !). Un peu court comme raison d’agir de la sorte mais c’est tout ce qu’il y a comme explications à nous donner !
Donc, l’attentat terroriste n’est pas le point central, voire névralgique, de cette enquête policière, au demeurant fort réussi (il suffit de voir la première scène de l’explosion sur le ferry, qui pourrait bien devenir d’anthologie puisqu’elle est vraiment impressionnante !), mais plutôt l’un des éléments qui permet d’arriver à la pièce maîtresse du film, un glissement du temps ou si vous préférez une fenêtre temporelle qui permet d’aller et venir dans le passé. Oui, la grande vedette ici, à part Denzel Washington bien sûr, c’est cette espèce de machine à remonter le temps, utilisée pour découvrir qui est le responsable de cet acte crapuleux et l’arrêter avant qu’il ne commette son méfait (cela ne vous fait-il pas penser à Minority report ?). Et donc, nous voilà plongé dans de la pure science-fiction, aussi mystérieuse qu’ultrasecrète, et cela pratiquement tout au long de l’enquête !
Autant le début méritait une attention toute particulière, prometteuse d’une longue et haletante poursuite de circonstance, autant le visionnage d’images passées (qui lorgnent plus sur la belle plastique de l’héroïne – la belle Paula Patton, vue dans Hitch, expert en séduction et Idlewild - que sur les indices à recueillir !), et les explications scientifiques du physicien (interprété pourtant par le crédible Adam Goldberg, aperçu dans Comment se faire larguer en 10 leçons, Salton sea, Un homme d’exception, Il faut sauver le soldat Ryan) pour le moins vaseuses d’un tel procédé pour y accéder (« les trous de ver » ou « les tunnels de l’espace »), sont d’une complexité, d’une densité et d’un tortueux, qui finissent par lasser un peu le spectateur (à moins que vous soyez un féru des lois de l’univers !). Ce n’était sans doute pas la peine d’en rajouter autant dans les théories les plus grandiloquentes et le fantastique le plus incroyable, alors qu’il y avait déjà assez de matière à rendre cette histoire aussi audacieuse, palpitante et passionnante, que possible.
Rien que Denzel Washington est déjà un gage de réussite à lui tout seul, vous savez le fameux défenseur des belles valeurs morales américaines et le sauveur de la veuve comme de l’orphelin ! Il incarne toujours et encore à l’écran, le bon droit, la justice exemplaire, le dévouement impartiale et même le sacrifice de sa personne. En effet, il n’a rien à perdre ici puisqu’il est célibataire, sans enfant ni petite amie, et qu’il vient de tomber amoureux d’une image, celle d’une femme qui doit mourir dans quelques heures s’il n’arrive pas à modifier le cours de la catastrophe annoncée. Alors, pourquoi ne pas se donner entièrement pour éviter la pire échéance qui soit et surtout la mort effrayante de cette belle inconnue qu’il visionne depuis des heures derrière son pupitre ? Quoi qu’il en soit, il représente dans ce thriller moderne le seul et l’unique, le spécialiste de la brigade ATF, chargé des attentats à la bombe et autres moyens employés pour supprimer d’une manière ou d’une autre toute forme de vie (alcool, tabac, etc…). L’œil aux aguets, l’esprit en éveil, le sourire en coin et la phrase qui fait mouche à tous les coups, Denzel Washington est comme d’habitude l’homme de la situation. Ouf, on est sauvé ! D’autre part, il est secondé par un Val Kilmer (présent dans Top gun de…Tony Scott !), légèrement empâté et malheureusement quasi absent de tous les moments forts du film, ce qui laisse à notre héros un champ d’action énorme.
De plus, le réalisateur n’est autre que Tony Scott, le frère cadet de Ridley et le metteur en scène particulièrement énergique de U.S.S. Alalabama et de Man on fire, les précédentes collaborations de Denzel avec Tony qui furent des succès bien mérités. Bref, rien que cela ouvre déjà l’appétit ! Si, en plus, on a des courses poursuites en-veux-tu-en-voilà (merci au concessionnaire de voitures Hummer !), des rebondissements incroyables (même avec une balle dans l’épaule, Denzel assure à 100% !), des ralentis aussi (un peu beaucoup mais c’est un label déposé depuis longtemps chez les Scott !), alors le tour est joué et en avant les entrées ! En résumé, si la surenchère d’univers parallèles, d’effets d’illusion et de situations improbables, ne vous font pas trop peur, et si vous aimez les concepts de surveillance dernière génération et de technologie dites scientifique type brèche dans l’espace-temps, certes très originaux et peu crédibles en vérité, alors courrez voir cette enquête criminelle, doublée d’un voyage dans le temps et d’une histoire d’amour à l’envers pas véritablement « déjà vu » à l’écran mais presque, menée tambour battant et de main de maître, à un rythme effréné et sans temps mort !

C.LB



 
 
 
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