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MR 73 (sur Ciné + Frisson)

Sortie  le  30/09/2023  

De Olivier Marchal avec Daniel Auteuil, Olivia Bonamy, Catherine Marchal, Philippe Nahon et Francis Renaud


Un tueur en série ensanglante Marseille. Louis Schneider, flic au SRPJ, mène l’enquête malgré l’alcool et les fantômes de son passé. Le passé resurgit aussi pour Justine. 25 ans plus tôt, ses parents ont été sauvagement assassinés par Charles Subra. Schneider l’avait alors arrêté. Mais aujourd’hui, par le jeu des remises de peine et pour bonne conduite, Subra sort de prison. Cette libération anticipée va alors réunir Schneider et Justine, 2 êtres qui tentent de survivre au drame de leur vie.

Si le titre du film est le nom donné à un célèbre revolver, le Manurhin MR 73, arme au poing à barillet fabriquée en France pour équiper les unités spéciales de la police et de la gendarmerie, n’est pas Police Python ni Magnum force qui veut ! En effet, il est bien loin le temps où Yves Montand nous faisait miroiter son beau flingue à la recherche d’une vengeance à assouvir, et où Clint Eastwood nous sortait son gros calibre pour canarder à tout va les nombreux détraqués qui sévissaient sur son passage.
Le réalisateur Olivier Marchal a beau venir de la police, d’avoir fait « ses armes » dans ce milieu en tant que flic chevronné, et de savoir parfaitement retranscrire l’ambiance qui peut régner dans un commissariat ainsi que dans les bureaux de la police judiciaire (voir le sympathique Gangsters et surtout le maîtrisé 36, quai des Orfèvres), il n’en est pas moins essoufflé à force de traiter d’un sujet maintes fois rabâché à nos yeux. Il finit son triptyque sur un grand nombre de clichés éhontés (l’un donne la mort pendant que l’autre donne la vie, une petite histoire d’amour entre les 2 protagonistes perdus) et sur un « joli » constat pour le moins sombre, désastreux, voire sinistre, qui nous montre le mal de vivre dans un service de police border line avec quelques policiers aussi torturés et névrosés (même plus !) que ceux qu’ils arrêtent et aussi crados et crasseux (au moins autant !) que ceux qu’ils ramassent dans la rue. Ils sont pas beau à voir et encore moins à fréquenter, ces cas sociaux proche de la dégénérescence et aux gueules patibulaires qui sont sensés nous protéger !
A travers des images ténébreuses, noires et saturées, un peu sépia sur les bords, avec comme toile de fond une ville plutôt assez moche d’aspect (pauvre Marseille !), des nuages gris à tout bout de champ et des pluies diluviennes qui ne cessent de dégringoler, il nous dépeint le quotidien d’un alcoolo au bout du rouleau, en fait d’un flic vétéran et brillant, aux bons états de service à la PJ, mais tombé en désuétude et dans la bibine depuis le grave accident de sa famille, entraînant un lourd handicap chez sa femme et surtout la mort de sa fille. Incapable de s’en remettre, il traîne sa carcasse pleine de vinasse pendant 2h d’un récit lancinant, plus porté sur les divagations comme les dérapages d’un fonctionnaire affecté au service de la sécurité d’autrui (il détourne un bus sous l’emprise de 3, 4 grammes dans le sang !) que sur une véritable enquête policière. Entre les péripéties larmoyantes de ces êtres qui souffrent constamment, il est vaguement question d’arrêter un quelconque sadique, violeur et meurtrier de son état, qui trucide des femmes seules aimants les animaux (une déduction qui tombe sous le sens chez notre fameux « héros » entre 2 états d’ébriété avancé, joué par un Daniel Auteuil hirsute, désabusé et justicier à ses heures, à la descente facile, vodka, rhum et Grand Marnier, et lorgnant sur un éventuel César pour son rôle de « composition » en en faisant des tonnes), comme de la sortie prochaine en libération conditionnelle d’un récidiviste hautement dangereux (il a tué entre autre les parents de Justine, interprétée par Olivia Bonamy (avec une perruque blonde façon Anne Parillaud dans Nikita !) qui s’est « tourné » habillement vers la belle parole de Dieu et de son fils pour tromper son monde (Philippe Nahon grandiose avec sa coupe de cheveux à la Philippe Lucas, ex-entraîneur de Laure Manaudou, ses tatouages digne d’un adepte des Hell Angels ou d’un fan de groupe hard rock).
La justice est ici à peine remise en cause, histoire de coller un peu à l’actualité du moment, tout comme la police, un ramassis de raclures qui devrait plus souvent faire le ménage dans ses rangs pour éviter les bavures. On n’y croit pas trop mais on suit tout de même docilement cette histoire de solitude, de désespoir, d’errance, de vengeance (et aussi de rédemption !), qui est inspirée de faits réels, vécus par le réalisateur. La faute sans aucun doute au pathos exacerbé qui règne du début à la fin ; au simple fait de s’apitoyer toute la durée du film sur le sort de ce flic rongé par l’alcool, complètement fini (« un homme brisé qu’on enterre vivant »), et sur ses démons qui reviennent régulièrement en flash-back incessants ; à cette relation amoureuse soulignée entre Auteuil et Bonamy pas crédible et encore moins nécessaire ; à une musique envahissante où le compositeur Bruno Coulais semble s’être un peu trop lâché ; au peu de dialogues inspirés (à part une ou 2 tirades) ; à une action rare et prévisible si ce n’est évidente (la flicaille joue aux cow-boys, se bagarrant entre eux puis endossant leur long manteau comme dans un western de Sergio Leone) ; et au peu de suspense comme à l’intrigue assez mince.
Il faut espérer que maintenant le réalisateur passera rapidement à autre chose que le drame réaliste, noir et glauque (le grand banditisme à Paris pendant l’Occupation ?), à d’autres thèmes plus poignants et moins crapuleux que ceux de la police, cet univers sordide et (im)pitoyable où les dommages collatéraux sont monnaie courante, où le préjudice morale est une habitude acceptée et même tolérée, et où « c’est chacun pour soi et tous pour ma pomme », une réelle certitude !

C.LB



 
 
 
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