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C'est dur d’être aimé par des cons (sur Ciné + Club)

Sortie  le  27/04/2021  

De Daniel Leconte avec Philippe Val, Cabu, Riss, Maître Richard Malka, Maître Szpiner, Denis Jeambar, Elisabeth Badinter, Maître Georges Kiejman, Claude Lanzmann, François Hollande, François Bayrou,… (sur Ciné + Club les 27 et 29/04)


Pour avoir reproduit les 12 caricatures danoises ayant déclenché la colère des musulmans aux 4 coins du monde, Philippe Val, le patron de Charlie Hebdo, journal satirique français, est assigné en justice par la Mosquée de Paris, la Ligue Islamique Mondiale et l’Union des Organisations Islamiques de France. Un procès exceptionnel que Daniel Leconte suit en temps réel afin de décrypter avec les acteurs clés, les enjeux politiques internationaux, médiatiques et idéologiques. Avec en images : avocats, témoins, médias, conférences de rédaction, manifestations de soutien….Avec aussi les prises de positions des intellectuels et des hommes politiques, les réactions de l’accusation et des pays musulmans….Une réflexion sur l’Islam, sur la presse, sur l’état de l’opinion dans la société française mais aussi une tentative de réponse aux défis lancés par l’intégrisme à toutes les démocraties.

Ce n’est certainement pas une religion qui va nous dicter ses lois, ce qu’on doit faire ou ne pas faire, dire ou ne pas dire, penser ou ne pas penser, « croquer » ou ne pas « croquer » ! Si certains musulmans intégristes ont été choqués et blessés par la représentation dessinée du Prophète dans certains journaux, pour ne pas dire profondément bafoués par le côté satirique de ces dessins, cela peut se concevoir chez des ultra croyants, mais de là à interdire toute forme de caricature propre à une religion bien précise et qu’on fasse un énorme procès pour cela, c’est aller un peu trop loin dans la liberté d’expression et l’intolérance.
Ne sommes-nous pas dans le pays des droits de l’homme ? Et que fait-on de la possibilité de s’exprimer librement, chère au droit français, à la République comme à la démocratie en général ? Il ne manquerait plus qu’on nous censure à chaque intervention, dessinée ou écrite, mal interprétée, même un peu osée, voire peut-être excessive, qui ne plairait pas à une certaine opinion religieuse, minoritaire ou non, d’autant plus si celle-ci est plutôt considérée comme particulièrement extrémiste et radicale. Et pourtant, ce fut bel et bien le cas en février 2007 avec le procès retentissant intenté au magazine Charlie Hebdo par différents organismes islamiques français pour délit de blasphème après avoir publié des dessins caricaturaux, traînant soi-disant le Prophète « dans la boue » et prenant apparemment tous les musulmans pour « des cons ». On peut rire de tout mais vraiment pas avec n’importe qui !
Ce film documentaire pour le moins passionnant dans un contexte houleux, réalisé magistralement de main de maître par Daniel Leconte à la manière d’un reportage qui restitue que les faits, nous montre l’évolution du problème comme les réactions (coups de théâtre, effets de manche) devant cette affaire auprès des personnes concernées, ce qui a d’abord mis le feu aux poudres, puis les semaines qui ont précédés le procès, et enfin les différentes phases du procès restituées en studio sous la forme d’interviews des principaux protagonistes (voire la liste plus haut) entrecoupés d’images d’archives (échanges verbales musclés de la Vox populi dans la salle des pas perdus du tribunal), jusqu’à la décision finale du jugement, fort heureusement la relaxe de Charlie Hebdo et l’acquittement de ceux qui ont été directement incriminés.
Si cela avait été le contraire, c’est-à-dire une victoire pour les plaignants, on aurait eu du mouron à se faire quand à l’avenir d’une profession touchée directement dans son statut d’indépendance, réduite petit à petit au silence après un tel verdict et provoquant ainsi la chute et pourquoi pas l’agonie d’une certaine forme de démocratie en vigueur. Saluons au passage le courage de certains journalistes qui ne cèdent pas et qui se battent pour que la liberté d’expression de la presse soit respectée et défendue ! C’est le cas entre autre de Philippe Val (voire photo ci-dessus), directeur de la publication et de la rédaction de Charlie Hebdo, directement visé et jugé par des défenseurs de l’Islam sous influence, atteints de déviance comme de mauvaise foi, qui prennent tout au premier degré et qui n’aiment pas qu’on touche, pardon, qu’on injurie ainsi leur Prophète. Ne voulant rien leurs céder et surtout pas se laisser enfermer dans cette folie montante, la caricature irrévérencieuse étant une vieille tradition française dixit Nicolas Sarkozy dans une lettre/témoignage adressée pendant le procès, et malgré les pressions rencontrées pour que certains témoins ne viennent pas plaider à la barre venant autant de la part d’islamistes français qu’algériens, Philippe Val s’est défendu jusqu’au bout avec l’humour comme arme de destruction massive contre la bêtise, se moquant à sa façon de ces intégristes qui tentent de nous faire peur, en luttant contre ceux qui prônent la haine, considérant ce procès comme « une insulte raciste » à notre pays, un prétexte à une régression des libertés comme des lois de la part de religieux extrémistes qui utilisent la violence comme moyen de persuasion, tout en sachant que ce procès était considéré comme une « connerie » par les musulmans laïques et donc démocrates qui en ont assez d’être constamment « emmerdés » par des intégristes fondamentalistes. Dur, dur de (bien) faire ce métier !
Bref, vous l’aurez vite compris, ce procès de « bonne tenue » aussi pertinent qu’intelligent, dernière rempart à la liberté de la presse et véritable débat public d’intérêt général comme de société, a été primordial, voire fondamental pour la liberté d’expression et les fondements même de la démocratie, et contre les dérives de l’Islam, avec une portée universelle sans précédent et un enjeu historique à l’échelle planétaire sur par exemple le fait de revendiquer le droit de critiquer toutes les religions sans exception, de combattre toute forme de régression, et aussi de juger enfin autant l’intégrisme, le fondamentalisme que le terrorisme ambiants qui tentent de scléroser les valeurs de la république et de la laïcité. En résumé, il y a des libertés nécessaires qui ne se discutent pas, et c’est tant mieux !

C.LB



 
 
 
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