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Burn after reading (sur Ciné + Club)

Sortie  le  05/09/2021  

De Joel et Ethan Coen avec George Clooney, Frances McDormand, John Malkovich, Tilda Swinton et Brad Piit (sur Ciné + Club les 05, 06, 08, 11, 18 et 24/09)


Osborne Cox, analyste à la CIA, est convoqué à une réunion ultrasecrète au quartier général de l’Agence à Arlington, en Virginie. Malheureusement pour lui, il découvre rapidement l’objectif de cette réunion : il est renvoyé. Cox ne prend pas très bien la nouvelle. Il rentre chez lui à Georgetown pour écrire ses mémoires et noyer ses ennuis dans l’alcool, pas nécessairement dans cet ordre. Sa femme, Katie, est consternée, mais pas vraiment surprise. Elle a une liaison avec Harry Pfarrer, un marshal fédéral marié pour qui elle décide alors de quitter Cox.
Quelque part dans une banlieue de Washington, à des années-lumière de là, Linda Litzke, employée au Club de remise en forme Hardbodies Fitness, a du mal à se concentrer sur son travail. La seule chose qui l’intéresse, c’est l’opération de chirurgie esthétique d’ampleur qu’elle désire subir. Elle compte sur son collègue, Chad Feldheimer, pour faire son boulot à sa place. Linda est à peine consciente que le directeur de la salle de sport, Ted Treffon, est fou d’elle, même si elle rencontre d’autres hommes via internet.
Lorsqu’un CD contenant des informations destinées au livre de Cox tombe accidentellement entre les mains de Linda et Chad, tous 2 décident de tirer parti de cette aubaine. Alors que Ted se fait du souci, persuadé que « rien de bon ne sortira de tout ça », les événements se précipitent et échappent bientôt à tout contrôle, occasionnant une série de rencontres aussi dangereuses qu’hilarantes….


Les frères Coen, Joel et Ethan, n’ont pas leur pareil pour mettre en scène aussi bien un thriller palpitant, un polar tragique ou une comédie ironique. Celle-ci est vraiment et en tout point réjouissante, aussi saugrenue que comique, mettant en situation pour le moins mouvementée plusieurs individus sans rapport particulier les uns vis-à-vis des autres mais qui vont entrer en collision et se laisser embarqués plus ou moins malgré eux dans une histoire d’espionnage qui va tous les dépasser, même la plus haute instance américaine au point de vue de la sécurité nationale, la CIA. Qui disait que cet organisme conséquent était irréprochable et sérieux, incapable de commettre la moindre tâche ou la plus petite bavure ?
Le film commence au siège de cette « noble » institution et se finit au même endroit après bien des rencontres, quiproquos, malversations, tromperies, embrouilles et autres rebondissements en tout genre. Difficile de vous raconter plus en détail la suite mais sachez que chacun des protagonistes va en prendre sacrément pour son grade et aussi pour son intelligence, d’ailleurs plus chez les hommes que chez les femmes, tous plus stupides et idiots les uns que les autres. Et pour donner un petit relief supplémentaire à cette aventure pittoresque pour ne pas dire rocambolesque, rien de mieux que de faire appel à un casting de choix, à la fois imposant, judicieux et finalement convaincant, qui accepte de casser son image pour jouer l’autodérision à fond. Quelle joie et quelle délectation de voir Brad Pitt, presque méconnaissable et rajeuni avec sa nouvelle coupe de cheveux toute raide, en employé d’une salle de musculation aux mèches blondies, tout excité à l’idée de jouer au « bon samaritain » avec un fichier classé « top secret » renfermant plein d’informations « compromettantes » trouvé par terre, ainsi que John Malkovich en agent secret remercié de son poste et rabaissé par sa femme autoritaire, cette dernière jouée par Tilda Swinton franchement odieuse, genre « garce qui se la pète », qui s’envoie en l’air avec George Clooney, l’amant marié hypocondriaque de cette dernière et néanmoins infidèle notoire qui drague sur Internet, tout autant que Frances McDormand en patronne de fitness qui décide de se faire un « lifting » complet moyennant une compensation non négligeable de la part de n’importe quel service secret, susceptible d’être intéressé par ce document « secret défense de la plus haute importance », ramassé par erreur !
Bref, cette bande d’antihéros, véritable bras cassés tous complètement à côté de la plaque, est déjà ou va devenir un « orfèvre » en tromperies si ce n’est en conneries, au sens propre comme au sens figuré, chacun espionnant ou trompant allégrement l’autre ! On navigue pendant 1h30 entre scènes grotesques (chantage au téléphone), délicates (divorce en filigrane) et sérieuses (rendez-vous à l’ambassade russe) sans aucun temps mort ni baisse de régime. Toujours en grande forme, les frères Coen, qui semblent être devenus à eux 2 l’emblème du cinéma américain indépendant, fort et original, destiné au grand public sans être jamais formaté ni pompeux, ont réussi encore une fois un formidable tour de passe-passe de façon très stylisé, un condensé narratif et drolatique spécialement loufoque mais dont ils ont le secret, avec maestro et surtout un sens de la dérision comme du décalage hors pair. En résumé, du grand art, encore meilleur que Intolérable cruauté et O’brother !

C.LB



 
 
 
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