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Chicken run (sur Canal +)

Sortie  le  04/06/2021  

De Nick Park et Peter Lord avec les voix de Julia Sawalha, Miranda Richardson, Tony Haygarth (voix F : Valérie Lemercier, Béatrice Agenin, Henri Guybet....)


Il existe, quelque part dans la campagne anglaise, une ferme gardée par 2 molosses, dont les locataires craignent chaque jour de passer sur le billot pour finir à la casserole. Elles rêvent d’un monde meilleur, loin de leur prison. Leurs tentatives d’évasion échouent l’une après l’autre et la meneuse est jetée à chaque fois sans ménagements au trou, en quarantaine. Il faut dire que ça ne rigole pas à la ferme avicole, où les poules qui ne pondent pas savent qu’elles risquent de se retrouver au menu du dîner. Mais l’intrépide Ginger et ses congénères de la basse-cour sont bien décidées à saisir la première occasion de prendre leurs pattes à leur cou, pour échapper à ce sinistre destin. Or, le temps leur est compté depuis que la cupide propriétaire de la ferme a décidé que les résidentes de la basse-cour finiraient bientôt en matière première dans la fabrication de tourtes à la volaille. L’arrivée inopinée du cop Rocky est peut-être l’occasion de mettre au point le plus spectaculaire plan d’évasion jamais conçu, de mémoire de poulet.

Souvenez-vous du film « La grande évasion » avec Steve McQueen ! Des soldats alliés échafaudaient un plan pour s’évader d’un camp allemand de prisonniers militaires très bien gardé pendant la Seconde Guerre Mondiale. Nous retrouvons ici tous les mêmes éléments qui ont composé ce grand film. Les préparatifs, les stratagèmes et les complications ne sont plus interprétés par des acteurs en chair et en os mais par des…poules en pâte à modeler. Ce fantastique film d’animation, image par image, donne vie à des animaux comme des vrais comédiens, avec leurs émotions, leurs interrogations, leurs problèmes, leurs soucis et leurs états d’âme de tous les jours. Ils semblent tellement vrais qu’on oublie très vite la matière dans laquelle ils sont fabriqués, l’argile.
Les créateurs de « Wallace & Gromit » récidivent dans une parodie jubilatoire de « La grande évasion », dans la plus pure tradition qui soit. Rien n’a été oublié, ni la basse-cour qui ressemble à un vrai camp de concentration, ni les propriétaires et leurs chiens caricaturés comme des soldats allemands. Chaque poule, placée au milieu d’un décors dramatique, dans une situation épouvantable et sous la coupe des humains, correspond à un petit acteur avec le trait de caractère d’un personnage de film d’action, avec ses angoisses, ses faiblesses et ses morceaux de bravoure. Dans le même esprit qu’un véritable long métrage, les mille astuces de découpage, d’angles, de lumière et de sons respectent scrupuleusement les mêmes contraintes cinématographiques que l’on a l’habitude de voir. Ces techniques sont à elles seules un vrai régal des yeux et un fabuleux prodige de créativité.
On ne peut que rester stupéfait pas tant d’ingéniosité et de maîtrise. « Chicken run » arrive à repousser les limites d’un simple film d’animation, tant dans son envergure que ses dimensions physiques, tout en s’attachant aux détails et à l’intimité des personnages. Les possibilités comiques du sujet, avec ces poulets qui échafaudent toutes sortes de ruses pour s’échapper d’une prison, en creusant un tunnel par exemple, sont des genres de situations auxquels le public peut facilement adhérer. Le personnage central de l’histoire, le coq américain arrogant et sûr de lui, Rocky, est doublé en version anglaise par Mel Gibson, et celui de la poule (pas mouillée !) qui organise l'évasion, Ginger, a la voix de l’anglaise Julia Sawalha, respectivement doublé en français par Gérard Depardieu et Valérie Lemercier. Voir comment les autres poules tombent sous le charme de Rocky, le seul coq de la basse-cour, comment elles dansent un rock endiablé et comment elles essayent de voler, sont des purs moments d’anthologie ! Les autres voix sont celles de Miranda Richardson-Béatrice Agenin (la propriétaire de la ferme), de Tony Haygarth-Henri Guybet (son mari), et de Imelda Staunton-Josiane Balasko (l’une des poules).
Ce film d’animation pour tout public est un régal aussi bien pour les admirateurs de la première heure de la série des « Wallace & Gromit » que pour ceux qui découvriront toutes les possibilités qu’apportent un concept drôle et un peu de glaise. Un grand moment de cinéma en modèle réduit qui, nous l’espérons, ne sera pas broyé par Dinosaures, le mastodonte américain de Walt Disney qui est en train de tout écraser en ce moment sur son passage.

C.LB



 
 
 
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