en 
 
 
cinema

 
 

Shutter island (sur Ciné + Frisson)

Sortie  le  15/05/2024  

De Martin Scorsese avec Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Michelle Williams, Patricia Clarkson, Emily Mortimer et Max Von Sydow (les 15, 20, 21 et 22/05)


En 1954, le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule sont envoyés enquêter sur l’île de Shutter Island, un hôpital psychiatrique où sont internés de dangereux criminels. L’une des patientes, Rachel Solando, a inexplicablement disparu. Comment la meurtrière a-t-elle pu sortir d’une cellule fermée à clé de l’extérieur ? Le seul indice retrouvé dans la pièce est une feuille de papier sur laquelle on peut lire une suite de chiffres et de lettres sans signification apparente. Œuvre incohérente d’une malade, ou cryptogramme ?
Alors qu’une forte tempête s’abat sur l’île isolée, les 2 policiers, cernés par des psychiatres inquisiteurs et de redoutables psychopathes, s’enfoncent dans un monde aussi mystérieux qu’angoissant où se mêlent conspirations, manipulation mentale et, peut-être même, une part de surnaturel. A la recherche d’indices au cœur de ces lieux hantés par ce que l’âme humaine peut engendrer de pire, Teddy commence à comprendre que pour avoir une chance d’approcher la vérité, il devra affronter ses propres terreurs, les plus profondes et les plus dévastatrices. Au risque de ne jamais quitter l’île vivant…..


Impossible de ne pas ressentir la tension qui s’installe, tout comme l’angoisse qui vous gagne inexorablement dès les premières minutes ! Le lieu sordide, défraîchi et obscur, ainsi que la musique sombre et envahissante, suivi d’une tempête à tout casser, sont là pour vous mettre tout de suite dans une ambiance particulièrement inquiétante, et vous foutre un peu les choquottes, c’est évident, d’autant que cette île inhospitalière (qui est en fait une prison « hospital » !) et ces nappes musicales tendues (écrites par Robbie Robertson, compositeur notamment des BO de Raging Bull, La valse des pantins, La couleur de l’argent et Gang of New York) ne sont vraiment pas très engageantes. Rien de mieux donc pour avoir les nerfs à fleur de peau, histoire d’entrer de plein fouet dans le vif du sujet, une enquête dans un asile de fous !
Ces derniers sont des patients ou plutôt des criminels patentés, surveillés par des gardes et soignés tant bien que mal par des médecins à l’air plutôt glauque, un moyen comme un autre de rajouter de la crainte à ce climat déjà bien lourd. Mais quand on doit y séjourner un certain temps, lesquels sont les plus dérangés, à votre avis ? Loin de dévoiler le moindre indice qui pourrait vous donner une quelconque piste dans ce thriller rondement mené autour de la nature humaine, sachez seulement que les mécanismes sont bien huilés et qu’ils fonctionnent à merveille. D’ailleurs, on se laisse petit à petit prendre par les rouages machiavéliques de ce scénario haletant et pour le moins poignant, tiré du roman éponyme de Dennis Lehane, auteur à succès à qui l’on doit notamment les best-sellers Mystic river et Gone baby gone adaptés au cinéma.
Martin Scorsese ne s’est pas trompé en filmant cette histoire hallucinante, et en enrôlant à nouveau Leonardo DiCaprio dans le rôle cette fois d’un marshal au look à la Bogart. Des retrouvailles au top après Gang of New York, Aviator et Les infiltrés, une façon de consolider encore plus leur entente cordiale et surtout leur immense talent ! Comme les autres (entre autre Max Von Sydow et Ben Kingsley en tête, suivi de Mark Ruffalo), Leonardo est en tout point remarquable, impressionnant de véracité et de crédibilité devant la caméra de Martin qui ne loupe aucune occasion de faire monter la pression d’un cran à chaque nouvelle scène. Les flash-back en forme de cauchemars récurrents, les réminiscences de situations morbides et les souvenirs de « camps de la mort » sont là pour rajouter dans la noirceur, le traumatisme, le flou, le nébuleux et même l’épouvante, ne sachant pas finalement si nous sommes dans un rêve ou bien dans la réalité.
Toute l’astuce réside dans cet état de fait aussi bien ficelé que monté, doublé d’un jeu de rôle kafkaïen dans lequel n’importe quel spectateur se laisserait avoir comme un débutant. Tout est entrepris ici pour qu’on soit piégé et qu’on devienne nous aussi un peu zinzin ! Tels des cobayes, nous sommes comme des rats de laboratoire sur lesquels on aurait expérimenter une nouvelle thérapie ou pratiquer une opération chirurgicale. Bref, nous voilà sans défense, limite claustrophobe, à la merci autant d’un script très convaincant, certes un peu lancinant et même prévisible parfois mais d’une écriture habile et d’un dénouement pour le moins original, que du bon vouloir de son metteur en scène qui, lui, semble être toujours en pleine possession de tous ses moyens, à en croire l'excellent résultat de ce film !

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique