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The ghost-writer (sur Ciné + Frisson)

Sortie  le  01/08/2023  

De Roman Polanski avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Catrall, Olivia Williams, Timothy Hutton, Tom Wilkinson, Eli Wallach et James Belushi


Lorsqu’un célèbre « nègre » littéraire anglais accepte d’achever les mémoires de l’ancien premier ministre Adam Lang, son agent lui assure que c’est la chance de sa vie. Mais le projet semble d’emblée marqué par la fatalité : le « nègre » apprend ainsi que son prédécesseur, fidèle bras droit d’Adam Long, est mort dans un mystérieux accident….

Malgré ses récents démêlés et autres déboires avec la justice américaine, Roman Polanski n’a pas perdu la main, loin de là, en adaptant le roman de Robert Harris, L’homme de l’ombre ! Le voilà de retour derrière la caméra avec un thriller comme on aimerait en voir plus souvent, un peu dans la lignée de Chinatown d’ailleurs, à la fois pesant, tendu, intriguant, âpre, percutant même et un peu glauque par moment. Il est vrai que d’avoir d’entrée de jeu un macabé dans les 30 premières secondes du film, ça vous installe toute de suite une ambiance dramatique, voire légèrement lugubre pour ne pas dire un tant soit peu morbide !
N’empêche que raconter les péripéties et investigations pour le moins mouvementées d’un nègre littéraire, jeune écrivain quelque peu naïf et inexpérimenté, plus ou moins à la solde d’un ex-premier ministre au passé plutôt trouble, a de quoi mettre en appétit les passionnés et curieux que nous sommes ! Si en plus, c’est Ewan McGregor qui s’y colle, alors là, on ne peut qu’acquiescer, d’autant qu’il est remarquable en tout point, menant sa petite enquête sur une mort suspecte comme tout bon écrivain qui se respecte, du moins comme tout reporter/investigateur qu’il n’est apparemment pas mais qu’il décide d’être par la force des choses. Quoi qu’il en soit, dans quel guêpier est-il allé se fourrer ?
Face à lui, Pierce Brosnan n’est pas en reste non plus, parfait et bien à sa place dans la peau d’un politicien britannique influent (on pense bien sûr à Tony Blair !), accusé par la cour pénale internationale de crimes de guerre mais qui semble vouloir occulter quelques souvenirs de ses mémoires biographiques sur le point d’être publiées. Quand à Kim Catrall (Le bûcher des vanités, Sex and the city) en secrétaire certes efficace mais stricte et pincée, et à Olivia Williams (6ème sens, Rushmore) en épouse nerveuse qui a toujours le dernier mot, elles sont toutes les 2 excellentes, apportant un supplément d’angoisse dans cette atmosphère déjà bien chargée. En effet, le décor principal de ce polar particulièrement sombre, une maison ultramoderne éloignée de tout, genre Fort Knox déguisé en blockhaus austère, construit sur une île quasi déserte et balayé par un mauvais temps persistant, n’aide en rien à calmer le côté oppressant, pas loin d’ailleurs du huis clos étouffant. Bref, il y a de l’orage dans l’air, au sens propre comme au sens figuré !
Sans vous dévoiler le fin mot de l’histoire, ni une once de suspense bien tenu et encore moins une parcelle de l’intrigue qui est ici rondement menée, sachez seulement que plus on avance et plus les secrets comme les mystères s’épaississent, au point de se dire qu’il n’est vraiment pas bon, voire même plutôt inquiétant, de vouloir graviter ou alors naviguer dans le monde politique et les arcanes du pouvoir ! Entrecoupé d’un peu d’humour pince-sans-rire typiquement anglais, ce polar délirant montre la bonne santé évidente du réalisateur qui réussit à captiver notre attention plus de 2 heures sans aucune baisse de régime ni la moindre faiblesse narrative. Comme quoi, être « poursuivi » comme un criminel a peut-être du bon, finalement !

C.LB



 
 
 
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