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Green zone (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  04/02/2024  

De Paul Greengrass avec Matt Damon, Amy Ryan, Greg Kinnear, Brendan Gleeson, Khalid Abdalla et Jason Isaacs


En 2003, Roy Miller, un jeune sous-officier, et son unité sont envoyés dans le désert irakien pour trouver les armes de destruction massive qui y seraient stockées. Au péril de leur vie, ils visitent des sites tous plus dangereux les uns que les autres mais ne découvrent rien d’autre qu’une incroyable machination.
Se basant sur des informations aussi secrètes qu’erronées par des contacts ayant chacun des motivations différentes, Miller tente de se frayer un chemin en terre étrangère, à la recherche de réponses qui aboutiront soit à l’effondrement d’une administration pervertie, soit au déclenchement d’une guerre dans une région politiquement instable.
Alors que la situation devient de plus en plus explosive, Miller va découvrir que l’arme la plus secrète et la plus difficile à découvrir entre toutes est la vérité….


Avec un réalisateur et producteur aussi talentueux que Paul Greengrass (Bloody Sunday ; Vol 93) et un acteur aussi doué que Matt Damon (Will hunting ; Le talentueux Mr.Ripley ; Ocean’s eleven, Infiltrés, Raisons d’état), il était évident qu’on allait assez rapidement les retrouver ensemble à l’affiche d’une nouvelle production. Après Il faut sauver le soldat Ryan et A l’épreuve du feu, Matt Damon reprend donc du service (et du galon par-dessus le marché !) en agissant de façon plutôt musclée et mouillant sa chemise comme il se doit, avec toujours en prime de folles courses/poursuites et des embuscades particulièrement explosives, cette fois non plus dans un thriller mouvementé (comme la célèbre série des Jason Bourne : La mémoire dans la peau, La mort dans la peau et La vengeance dans la peau – ses 2 derniers que Paul a justement mis en scène !), mais dans un film de guerre déguisé en polar tendu (tout aussi énergique d’ailleurs que les 2 cités précédemment !) : souvenez-vous, cette fameuse campagne militaire que les américains ont déclaré aux irakiens et plus directement à leur dictateur Saddam Hussein en 2003 !
Bref, cette fiction, autour d’un authentique déclenchement des hostilités de grande envergure, est l’occasion pour eux deux de montrer qu’ils n’ont pas perdu la main, ni dans une réalisation bien rentre-dedans (on attend que ça nous saute à la figure à n’importe quel moment !) qui bouge constamment (caméra à l’épaule comme un reportage télé pris sur le vif – le réalisateur a couvert certains conflits internationaux pour la chaîne britannique ITV !) dans un environnement très réaliste (les reconstitutions de l’Irak en Espagne et au Maroc, ainsi que les combats, sont incroyables et saisissantes de vérité !), ni dans des scènes d’action sans aucun temps mort ni le moindre répit, plus hallucinantes et haletantes les unes que les autres. C’est bien simple, l’ensemble des autres films qui ont déjà traités du même type de sujet au même endroit, que ce soit Redacted de Brian de Palma, Dans la vallée d’Elah de Paul Haggis ou encore dernièrement Démineurs de Kathryn Bigelow, passeraient presque pour du cinéma lent et mou, voire soporifique. C’est vous dire le degré de rythme soutenu comme de tension palpable qui peut exister ici !
Et nous voilà plongé au cœur de ce conflit plutôt délicat et aux raisons pour le moins douteuses, d’autant que les documents concernant l’emplacement des sites d’armes de destruction massive sont tous faux, les lieux indiqués étant complètement vides, tout comme les sources venant des renseignements hiérarchiques américains, toutes falsifiées (vous savez, la fameuse théorie des fausses preuves !) et donc ne correspondant pas à la réalité des faits ni à la situation sur place. Tout jeune et naïf qu’il est, le gradé Matt Damon va néanmoins mener sa petite enquête sur un terrain…miné (un peu comme dans le thriller géopolitique Syriana !), à la recherche d’informations fiables, d’indices probants et de preuves irréfutables, histoire de remettre de l’ordre dans sa conscience (« il y a un truc qui cloche ! »), le tout avec le soutien sporadique d’un agent de la CIA plutôt direct (Brendan Gleeson, vu dans la série des Harry Potter et dernièrement dans Bons baisers de Bruges) et d’un traducteur irakien énervé et perpétuellement sur la défensive (Khalid Abdalla, aperçu dans Les cerfs-volants de Kaboul et…Vol 93 !).
On a beau entendre des discours du style « pas de démocratie sans casse ! », « c’est la libération de la tyrannie ! » ou « on va reconstruire ce pays, le monde nous regarde ! », on sait depuis longtemps que cette guerre n’a été qu’un énorme mensonge, unique prétexte pour envahir l’Irak, la 3ème plus grosse réserve de pétrole au monde, et pour « piller » impunément ses nombreuses ressources souterraines. S’il est beaucoup question des dessous d’une guerre, notamment les arguments et les décisions pris par des subalternes et autres cols blancs ayant conduis inexorablement à ce conflit, pardon, à ce bourbier, Green zone n’en est pas moins un formidable divertissement, aussi passionnant, intense et palpitant que peuvent l’être n’importe quelle investigation de ce type rondement menée.
Ce sujet, pourtant sensible, est encore d’actualité (voir ce qui se passe actuellement en Afghanistan !) et un véritable camouflé pour les hautes instances politiques U.S. de l’époque qui ont délibérément monté de toute pièce une énorme conspiration, cherchant un « bon » mobile pour s’approprier les richesses d’un pays au nom de la démocratie version américaine. Ne dit-on pas que les causes d’une guerre sont les plus importantes qui soient, bien plus que le conflit lui-même ! Voilà une phrase à méditer….

C.LB



 
 
 
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