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Crazy night (sur Ciné + Emotion)
Sortie
le 30/05/2021
De Shawn Levy avec Tina Fey, Steve Carell, Mark Wahlberg, Taraji P.Henson et Common (sur Ciné + Emotion les 30/05 et 08/06)
Pour tenter de rompre la routine qui s’installe dans leur couple, Phil et Claire Foster décident de passer une soirée extraordinaire dans le restaurant le plus en vue de Manhattan. Sans réservation, ils n’ont d’autre choix que de se faire passer pour un autre couple, les Triplehorn, afin d’obtenir une table. Mais à peine leurs entrées terminées, leur imposture est dévoilée par des gangsters impitoyables à la recherche des Triplehorn. Les Fosters sont obligés de fuir pour sauver leur peau, et se retrouvent alors plongés dans une série improbable d’embrouilles à travers la ville. C’est le début d’une nuit démente qui va leur permettre de faire exploser, entre autres, la monotonie de leur couple… Une chose est sûre : ils ne sont pas prêts d’oublier cette soirée.
Nous, par contre, on risque de ne pas garder très longtemps en mémoire ce vaudeville gentiment ridicule et assez mal fichu ! Et pour cause : un casting principal inconnu (ou presque) surtout à l’étranger, des situations plus ou moins rocambolesques mais pas vraisemblables pour 2 sous, des effets de surprise complètement ratés, des gags éculés, voire pour certains bien lourds, sans oublier une qualité d’images décevantes pour ne pas dire floues avec des raccords approximatifs. Bref, le film au budget limité (pour ne pas dire cheap !) dans toute sa splendeur et surtout fait dans la précipitation (dans tous les sens du terme !), qui n’était sans doute pas du tout destiné à sortir de son public habituel, celui typiquement américain, et donc à s’exporter hors de ses frontières ! Et pourtant, on annonçait cette sortie un peu comme La « grande » comédie printanière à ne louper sous aucun prétexte, d’autant qu’elle est mise en scène par le producteur et réalisateur à succès Shawn Levy, responsable entre autres de 13 à la douzaine, La panthère rose, et Une nuit au musée 1 & 2. Encore fallait-il cette fois trouver les bons ingrédients pour que cette « folle nuit » quelque peu bousculée, ou plutôt cette soirée d’abord banale qui ne se passe pas comme prévue et qui finit en course-poursuite poiur le moins besogneuse, ne fasse pas à l’arrivée l’effet d’un pétard mouillé dans une production plutôt fauchée ? En effet, si la caricature de la famille stéréotypée U.S., aimante et affectueuse, est assez représentative de ce que l’on connaît déjà, à travers notamment un duo d’acteurs passe-partout qui sont très souvent enfermés dans des rôles bien formatés, jouant habituellement à l’écran des ringards (souvenez-vous de Steve Carell 40 ans toujours puceau et de Tina Fey dans Lolita malgré moi ?), le reste n’est qu’à l’avenant, aussi peu crédible que naturel. On a beau cherché l’astuce qui détonne, la répartie qui fait mouche, le gag irrésistible et la scène qui sorte de l’ordinaire, point de cela à l’horizon. Tout juste des saynètes assez grotesques (la rencontre avec Mark Wahlberg constamment torse nu, histoire de montrer ses tablettes de chocolat !), bien compilées les unes après les autres, qui font la part belle aux éternelles remises en cause du couple américain (ici des banlieusards, pauvres « locataires » de leur existence qui aimeraient que les choses bougent !) mais qui finissent « à plat », à quelques surenchères de poursuites et carambolages dans Manhattan qui sont aussi mal copiés (sur ceux spectaculaires - et encore jamais égalés - de Blues Brothers) que complètement aberrantes (jusqu’à prendre des proportions dingues tel que les 2 voitures imbriquées et l’intervention de l’hélico de la police), et à des rebondissements téléphonés ou plutôt facilités par des réactions préméditées (pour échapper aux méchants flics à la solde de la mafia) ou alors par des interventions complètement farfelues (les soi-disant déguisements de nos 2 « héros » qui accordent leurs violons toujours au même diapason !). On a la nette impression qu’il y a un manque de surprise flagrant à chaque déplacement intempestif, que ce soit dans les actes rapides sans concertation ou dans les dialogues récités sans réflexion, comme si la découverte avait été délibérément occultée dans le feu de l’action tout au long du film. C’est à croire que nos protagonistes ont oublié d’être convaincants, se contentant juste de jouer des gens normaux, voire ordinaires, dans des situations soi-disantes extraordinaires, sans donner aucune intensité, ni profondeur et encore moins de nuance à leurs nombreux faits et gestes. Tout semble télécommandé (et non improvisé) d’avance, trop facile et trop évident, sans aucun suspense poignant à la clé, au point qu’on se désolidarise totalement de leurs pérégrinations pour le moins mouvementées. En résumé, il n’y a rien de franchement drôle ni de véritablement inquiétant dans cette grosse comédie, pardon, combine bien appuyée qui lorgne du côté de la fable aventureuse, seulement un peu de dérapage et de chantage somme toute assez classiques, voire très conventionnels au final !
C.LB
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