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Black swan (sur Ciné + Club)

Sortie  le  05/01/2023  

De Darren Aronofsky avec Natalie Portman, Vincent Cassel, Mila Kunis, Barbara Hershey et Winona Ryder (sur Ciné + Clu les 05, 08, 10 et 12/01)


Nina est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Sa vie, comme celle de toutes ses consoeurs, est entièrement vouée à la danse.
Lorsque Thomas Leroy, le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth Mcintyre pour leur nouveau spectacle, Le lac des cygnes, son choix s’oriente vers Nina. Mais une nouvelle arrivante, Lily, l’impressionne également beaucoup. Le lac des cygnes exige une danseuse capable de jouer le Cygne blanc dans toute son innocence et sa grâce, et le Cygne noir qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina est parfaite pour danser le Cygne blanc, Lily pour le Cygne noir.
Alors que la rivalité de Nina et Lily se mue peu à peu en une amitié perverse, Nina découvre, de plus en plus fascinée, son côté sombre. Mais s’y abandonner pourrait bien la détruire…


Ange et/ou démon ? Qui n’a jamais « rêvé » d’être un peu des 2 à la fois, capable de donner l’apparence d’une sage personne, bien docile et très conciliante, mais d’être aussi (ou alors de découvrir) à plus profond de soi quelqu’un d’autre bien différent, aussi terrible qu’effroyable ?
C’est exactement le problème (à moins que ce ne soit le dilemme) que va vivre, ou plutôt que va sciemment « endurer » une jeune fille plutôt sérieuse mais encore craintive, fragile et timide pour ne pas dire excessivement réservée, particulièrement mal dans sa peau (qu’elle gratte à longueur de temps !) et ultra-couvée par une mère pour le moins possessive qui fonde sur sa fille tous ses propres espoirs déchues). Les premières images du film montrent bien l’atmosphère spécialement enfantine, voire même quelque peu bébé, dans laquelle elle baigne, élevée telle une petite fille, entourée de beaucoup (trop) d’affections et de protection maternelle, ainsi que d’une multitude d’objets provenant exclusivement de sa petite enfance (peluches, boîte à musique,…). Comment voulez-vous qu’après cela, cette dernière ne soit pas apeurée par les autres, d’autant qu’elle travaille dans une compagnie de danse, lieu par excellence où l’on ne se fait jamais de cadeaux, et qu’elle puisse s’émanciper afin de devenir forte et équilibrée face au monde qui l’entoure ?
Toute la subtilité réside dans l’interprétation irréprochable de Natalie Portman qui ne fait pas illusion une seconde en danseuse étoile jalouse, ni quand elle répète ou quand elle danse, ni quand elle commence à perdre les pédales, à avoir des visions troublantes, des fêlures mentales et des pulsions destructrices. Même si ce rôle principal du cygne tant convoité l’a démoli petit à petit, son port altier, sa grâce comme ses belles manières, ainsi que son regard, ses expressions de frayeurs comme ses désirs de se dépasser sont joués à la perfection, sans l’ombre d’un excès ou d’une lourdeur quelconque.
On ne peut pas en dire autant de Vincent Cassel qui, sournois et ambigu à souhait, ne peut pas nous empêcher de laisser échapper ici et là un sourire à chacune de ses apparitions, tant il est prévisible en prédateur dans toute sa splendeur. Il est effectivement le rôle, narquois, machiavélique et cynique au possible, mais son image de « bad boy » le suit et le catalogue toujours (et un peu trop facilement d’ailleurs) dans un même registre cinématographique depuis longtemps. Quant à Mila Kunis (Sans Sarah rien ne va ; Crazy night), la nouvelle recrue et néanmoins rivale, limite doublure, elle est évidemment le contraire de l’autre, émancipée, sensuelle, dévergondée, bref, cool, bien que peu vraisemblable en soliste dans cette prestigieuse troupe avec un grand tatouage dans le dos. Quoi qu’il en soit, on se laisse embarquer dans ce thriller angoissant qui nous montre un peu l’envers du décor (celui des auditions, des préparatifs et des répétitions), et cela à travers tout un univers psychologique intense où résident à profusion aussi bien les faux semblants que les non-dits et les sous-entendus pouvant exister dans ce (corps de) métier.
Si le réalisateur Darren Aronofsky (Requiem for a dream, The fountain, The wrestler – Lion d’Or en 2008) réussit à nous montrer avec maestro la métamorphose de Natalie Portman en double sombre et maléfique (à l’aide d’effets spéciaux plutôt légers bien que morbides) et la tension paranoïaque qui s’empare de son héroïne, tout en nous baladant dans une ambiance presque palpable, aussi oppressante qu’obsédante, il a un peu plus de mal à tenir un semblant de suspense, prévu tout au long de l’histoire mais éventé dès le début du film. Pour ce qui est de l’esthétisme, il filme de façon académique en soulignant le côté ultra chic de ce prestigieux corps de ballet, mettant en valeur autant la pureté du corps que la noirceur de l’âme, siège ici de tous les maux et de toutes les convoitises, comme celles de quelques récompenses à venir !

C.LB



 
 
 
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