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Zarafa (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  01/06/2024  

De Rémi Besançon et Jean-Christophe Lie avec les voix de Simon Abkarian, Françoix-Xavier Demaison, Ronit Elkabetz, Mohamed Fellag, Thierry Frémont, Roger Dumas et Déborah François


Sous un baobab, un vieil homme raconte aux enfants qui l’entourent une histoire : celle de l’amitié indéfectible entre Maki, un enfant de 10 ans et Zarafa, une girafe orpheline, cadeau du Pacha d’Egypte au roi de France Charles X.
Hassan, prince du désert, est chargé par le Pacha de conduire Zarafa jusqu’en France mais Maki, bien décidé à tout faire pour contrarier cette mission et ramener la girafe sur sa terre natale, va les suivre au péril de sa vie.
Au cours de ce long périple qui les mènera du Soudan à Paris, en passant par Alexandrie, Marseille et les Alpes enneigées, ils vont vivre mille péripéties et croiser la route de l’aéronaute Malaterre, des étranges vaches Mounh et Sounh et de la pirate Bouboulina…


A voir la photo ci-dessus, l’esprit de Kirikou n’est pas très loin, d’autant que ce petit garçon noir, d’origine africaine et agrippé au cou d’une girafe, nous y fait irrémédiablement penser : même jeune protagoniste principal, même type de ménagerie animale, même contexte narratif et même genre d’animation visuelle à l’écran (il est notamment paru un livre intitulé Kirikou et la girafe !). Comme lui, Maki va braver bien des dangers, non pas cette fois pour sauver sa tribu d’une méchante sorcière ou d’animaux féroces, mais tout simplement pour protéger un bébé girafe à qui il a fait un serment, cette dernière l’emmenant presque malgré lui dans une aventure des plus incroyables qui soit !
Voilà un beau conte épique comme il se doit (avec des ramifications historiques non-négligeables), et dépaysant à souhait (on voyage entre le Sahara, le temple d’Abou Simbel, les pyramides, les Alpes sans oublier les villes d’Alexandrie, Marseille, Avignon et Paris au milieu du 19ème siècle), qui défend un certain nombre de belles valeurs morales comme le courage, la volonté, la promesse (le fait de n’avoir qu’une parole), de la suite dans les idées, et la ténacité à la limite de la hardiesse, le tout sur fond d’une belle musique enveloppante et arabisante qui n’est sans rappeller la BO de Lawrence d’Arabie (une sacrée référence en la matière !). Côté dessin, c’est un peu plus élaboré que celui de Michel Ocelot et Bénédicte Galup dans Kirikou, avec cette fois une plus grande maîtrise autant des profils et des mouvements que de la perspective et des couleurs.
En ce qui concerne le casting vocal, on s’amuse à reconnaître ici François-Xavier Demaison en Malaterre, un drôle d’olibrius aussi dévoué qu’avant-gardiste ; là Ronit Elkabetz en Bouboulina, une femme pirate au grand coeur qui s’est prise d’affection pour l’intrépide Maki ; et plus loin le célèbre humoriste algérien Fellag en marchand du désert un peu foufou et très caricatural. Même Thierry Frémont, en méchant esclavagiste (doublé d’un trafiquant d’antiquité avec des pilleurs de tombes égyptiennes) à la fois tenace et revanchard, a le droit à un traitement de faveur supplémentaire : les traits de son visage sont reproduits à l’identique sur l’image.
On doit cette petite prouesse autant technique que visuelle à 2 personnes : au réalisateur et scénariste Rémi Bezançon qui se lance pour la première fois dans un film d’animation après les excellents Ma vie en l’air et Le premier jour du reste de ta vie, ainsi qu’au réalisateur et concepteur graphique Jean-Christophe Lie qui a travaillé entre autres pour les studios Walt Disney sur Le bossu de Notre-Dame, Hercule et Tarzan, avant de participer aux Triplettes de Belleville et, bien sûr, à Kirikou et les bêtes sauvages, le 2ème chapitre de cette fameuse saga 100% française où l’on peut voir à nouveau une girafe.
Si quelques légères maladresses voire aberrances scénaristiques viennent parfois pointer le petit bout de leur nez (on danse le sirtaki sur un bateau de pirate ; un papillon qui vole en plein hiver sous la neige), il ne faut pas oublier que nous sommes en présence d’un récit merveilleux pour enfants mais sans aucune mièvrerie narrative, destiné à un large public familial, tour à tour poétique, onirique et historique, émouvant, touchant et palpitant. Bref, de quoi vraiment plaire à un très grand nombre de passionnés de cinéma qui joue avec le réalité et l’imaginaire !

C.LB



 
 
 
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