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La dame de fer (sur Ciné + Emotion)

Sortie  le  15/11/2023  

De Phyllida Lloyd avec Meryl Streep, Jim Broadbent, Olivia Colman, Roger Allam, Susan Brown, Nick Dunning, Nicholas Farrell, Iain Glen et Richard E.Grant (les 15 et 23/11 + 04/12)


Margaret Thatcher, première et unique femme Premier ministre du Royaume-Uni (de 1979 à 1990), autrefois capable de diriger le royaume d’une main de fer, vit désormais paisiblement sa retraite imposée à Londres. Agée de plus de 80 ans, elle est rattrapée par les souvenirs. De l’épicerie familiale à l’arrivée au 10 Downing Street, de succès en échecs politiques, de sacrifices consentis en trahisons subies, elle a exercé le pouvoir avec le soutien constant de son mari Denis aujourd’hui disparu, et a réussi à se faire respecter en abolissant toutes les barrières liées à son sexe et à son rang.
Entre passé et présent, ce parcours intime est un nouveau combat pour cette femme aussi bien adulée que détestée.


Même vieillie pour l’occasion, la ressemblance est tellement frappante qu’on ne peut que louer la formidable prestation de l’américaine Meryl Streep dans la peau de l’emblématique « Maggie », toujours parfaitement impeccable lorsqu’il s’agit d’endosser un personnage particulier, du moins un rôle aussi complexe et difficile à porter que celui-là. Il y a d’ailleurs un certain mimétisme qui ne trompe pas, autant dans l’allure et la gestuelle que dans le visage et la voix, avec l’accent anglais s’il vous plaît !
C’est que l’actrice n’a pas son pareil pour nous faire resentir à l’écran toute la force, la volonté, la détermination, ainsi que tout l’engagement de cette dame particulièrement ambitieuse (dite de fer), à l’allure et au ton d’un dirigeant. En effet, elle a eu à l’époque un parcours politique pour le moins hors du commun, depuis son élection à une simple circonscription de province jusqu’à son ascension en tant que leader du parti conservateur, puis sa nomination comme ministre de l’éducation au Parlement britannique (une foire d’empoignes parodique !), et enfin son élection au poste de 1er ministre. Partie de presque rien (son père, un épicier engagé, était le maire de son village natal) mais ayant suivie de hautes études à Oxford, elle a gravi un à un les échelons grâce à sa ténacité, sa persévérance et son sens de la répartie comme de la formule, face aux députés composés uniquement d’hommes et plutôt machistes envers la gente féminine.
Devenir la première (et pour l’instant l’unique) femme chef du gouvernement anglais, demande des sacrifices mais aussi des compromis qui furent plutôt mal acceptés par l’ensemble de l’opinion public, ce qui ne l’a pas empêcher pendant plus de 10 ans d’imposer ses directives aussi tyranniques qu’impopulaires comme ses réformes nécessaires (récession, privatisations, réductions des dépenses de l’Etat, fermetures de certaines mines), et d’affronter dans la foulée les syndicats, les mineurs, les chômeurs, l’IRA, et même l’Argentine lors de la guerre des Malouines. Quoi qu’il en soit et qu’on puisse dire, avec les moyens « âpres » mis en œuvre pour revitaliser l’économie et restaurer la prospérité de son pays, cette « femme a changé la face de l’Histoire » en restant fidèle à elle-même !
Si le jeu de Meryl Streep est particulièrement intéressant à admirer et sa transformation plutôt impressionnante à regarder, ils ne doivent pas empêcher l’histoire de se raconter simplement, sans fioritures inutiles. On constate rapidement que la mise en scène de ce biopic, réalisé par Phyllida Lloyd (Mamma Mia !), manque d’une réelle fluidité et déborde d’un trop plein de légèreté, autant d’ailleurs du côté de sa vie privée que de celle professionnelle, comme si la vie politique se limitait à des parodies de foires d’empoignes. Ces contrastes, relevés par d’incessants allé/retours entre hier et aujourd’hui très orchestrés, ont malheureusement tendance à plomber l’ambiance, à casser le rythme et à tirer un peu trop sur la corde de l’effet redondant, un moyen (comme un autre) pas franchement nécessaire afin de proposer un montage soi-disant original. The Queen de Stephen Frears était autrement mieux ficellé et plus intriguant !
Néanmoins, ce principe « cheap », parsemé d’extraits d’images d’actualité et de clichés éhontés (en référence notamment au Discours d’un roi), laisse entrevoir certains plans astucieux et quelques situations inspirées qui ne déplairont pas aux fans de destinées aussi incroyables que celle-ci.

C.LB



 
 
 
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