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Le territoire des loups (sur Canal + Décalé)

Sortie  le  12/02/2022  

De Joe Carnahan avec Liam Neeson, Frank Grillo, Dermot Mulroney, Dallas Roberts, Joe Anderson, Nonso Anozie et James Badge Dale (sur Canal + Décalé les 12 et 18/02 + 01/03)


Comme beaucoup de ceux qui choisissent de vivre au fin fond de l’Alaska, John Ottway a quelque chose à fuir. De sa vie d’avant, il garde le souvenir d’une femme, une photo qu’il tient toujours contre lui, et beaucoup de regrets.
Désormais, il travaille pour une compagnie pétrolière et protège les employés des forages contre les attaques des animaux sauvages.
Lorsque le vol vers Anchorage qu’il prend avec ses collègues s’écrase dans l’immensité du Grand Nord, les rares survivants savent qu’ils n’ont que peu de chances de s’en sortir. Personne ne les trouvera et les loups les ont déjà repérés. Ottway est convaincu que le salut est dans le mouvement et que la forêt offrira un meilleur abri. Mais tous ses compagnons d’infortune ne sont pas de son avis et aux dangers que la nature impose, s’ajoutent les tensions et les erreurs des hommes. Eliminés par leurs blessures, le froid, les prédateurs ou leurs propres limites, les survivants vont mourir un à un. Ottway va tout faire pour survivre avec les derniers, mais quelle raison aurait-il de s’en sortir ?
Le territoire des loups nous entraîne aux confins du monde et d’un homme, à la découverte de ce qu’il y a en chacun de nous….


Comment ne pas penser à Jérémiah Johnson, un western de Sydney Pollack tourné en 1972 avec Robert Redford, en voyant toutes ces belles et grandes immensités enneigées que nous offre la nature sauvage, notamment du côté des montagnes Rocheuses et du Grand Nord U.S. ? Sauf qu’ici, il s’agit tout d’abord des plaines immaculées d’Alaska à perte de vue, balayées par un blizzard quasi constant, puis des forêts plutôt inhospitalières un peu plus au sud, peuplées de loups tenaces, sournois et surtout très affamés, prêts à vous déchiqueter pour leur petit-déjeuner.
Si Liam Neeson n’est certes pas vraiment Robert Redford physiquement, il interprète un tueur de loups aux tendances « suicidaires » (un état d’esprit assez proche de celui qu’il a du resentir lors de la mort de sa femme, Natasha Richarson, survenue il y a de cela 2 ans ?) qui a quand même une sacrée endurance et surtout une excellente connaissance de cette race de prédateurs, hantant certaines régions glacées d’Amérique, à force de les décimer lorsqu’ils s’approchent un peu trop près des salariés de la boite qui l’emploie. Seul rescapé avec 5 autres individus après un scratch d’avion particulièrement spectaculaire (comme si nous étions nous même ballottés à l’intérieur de la carlingue !), il va, comme on s’en doute forcément de sa part, leur distribuer bons conseils et sages résolutions (à la MacGyver !) afin de tenter de survivre le plus longtemps possible dans cet enfer blanc où une meute de carnivores à 4 pattes les suit à la trace sans les perdre de vue.
Après Taken et Sans identité, Liam Neeson continue sur sa lancée en jouant des rôles très physiques dans des films d’action mouvementés, comme s’il voulait nous prouver qu’à son âge, on a encore de « beaux restes », quitte pour cela à « perdre haleine » sous n’importe quelle lattitude où il se trouve. Quant aux autres protagonistes (des ex-taulards, des fugitifs et des associables, avec un quota d’intervenants « colorés » respecté !), ils n’ont pas très souvent le temps d’ouvrir la bouche, rapidement appés par ces féroces carnassiers qui sont à leurs trousses, leurs yeux scintillants dans la nuit telles des petites lampes bien alignées. D’ailleurs, comme le célèbre roman policier d’Agatha Christie intitulé Les 10 p’tits nègres, ils vont l’un après l’autres tomber comme des mouches au fur et à mesure de leur progression pour ne pas dire leur marche forcée vers la civilisation.
Le froid persistant, le vent qui souffle à en décrocher les arbres, la neige qui n’arrête pas de tournoyer et la BO adéquate sont les éléments aussi nécessaires qu’incontournables pour installer une ambiance sombre et lourde dans n’importe quel film de genre (souvenez-vous par exemple de Whiteout !). Quoi qu’il en soit, la « voix de la raison » continuelle du personnage principal, les pensées dites profondes autour de la foi, des souvenirs nostalgiques et de la volonté de se dépasser, ainsi que les nombreuses références à la mort encombrent plus qu’ils ne servent l’intrigue. Quelques (dizaines de) minutes en moins auraient sans aucun doute et largement permis de rendre ce drame déjà plus captivant, peut-être plus intense et aussi plus enlevé. Comme quoi, la nature et l’homme ne font pas toujours bon ménage, même au cinéma !

C.LB



 
 
 
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