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Young adult (sur Ciné + Emotion)

Sortie  le  13/09/2021  

De Jason Reitman avec Charlize Theron, Patton Oswalt, Patrick Wilson, Elizabeth Reaser, Jill Eikenberry et Richard Bekins (sur Ciné + Emotion les 13, 14, 16, 18 et 22/09)


Originaire d’une petite ville de province où elle s’ennuyait à mourir, Mavis Gary s’est installée à Minneapolis où elle est devenue auteur de romans pour ados. Mais lorsqu’elle apprend que son ex-petit copain de lycée est devenu papa, elle décide de revenir sur les lieux de son enfance pour le reconquérir.
Tandis que Mavis semble sûre d’elle et de son pouvoir de séduction, la situation ne tourne pas à son avantage. Elle noue alors une relation peu banale avec un ancien camarade de lycée, mal dans sa peau qui, malgré les apparences, lui ressemble plus qu’il n’y paraît….


Il est tellement rare de voir certains acteurs et actrices glamour casser leur image, se mettre « en péril » ou bien se moquer d’eux-mêmes, apparaissant dans un registre qui n’est pas habituellement le leur, enlaidi ou alors à contre-emploi (sans forcément s’auto-parodier à outrance), qu’il faut le préciser et, de temps à autre, le faire remarquer haut et fort. Charlize Theron fait partie de cette catégorie qui prend des risques, pardon, qui joue leur va-tout et depuis Monster, où elle avait pris quelques kilos superflus et se montrait sans maquillage ni fard (rôle pour lequel elle avait remporté un Oscar), sa quotte de comédienne capable de s’engager dans d’autres projets dits plus difficiles, voire plus délicats, que ceux proposés généralement, a grimpé en flèche.
La voilà qui remet ça mais cette fois dans un répertoire plutôt comique, aigre-doux pour être plus précis. Elle campe pour l’occasion une femme qui n’arrive pas à être heureuse, seule, paumée, aigrie, larguée, dépressive, perturbée, limite dingue, de surcroît alcoolique à la descente facile et adepte de la cuite, bref, un « sacré cas » sans véritable existence (ou plutôt une « vie de merde ») ni but très précis, sauf d’essayer de récupérer coûte que coûte, quitte à être ridicule, un amour de jeunesse (interprété par l’excellent Patrick Wilson, vu dans Hard Candy, Le fantôme de l’Opéra, Alamo et Insidious), soi-disant « piégé » par son nouveau statut de mari et père de famille mais qui représente le bonheur incarné, celui qu’elle n’a malheureusement toujours pas.
Sa prestation ici n’a rien de franchement particulier ou de véritablement décalé, se montrant tel qu’elle est au naturel, sans chichi ni complexe, parfois fagotée comme un sac de pommes de terre et parfois apprêtée pour sa « bonne cause », accompagnée d’un chien ridicule et portant des faux seins. Seulement, elle le fait avec une telle volupté, un tel aplomb et une telle décontraction, grâce notamment à des dialogues singuliers et peu banaux dans sa bouche, tour à tour cinglants, cassants et finalement drôles, qu’on ne peut qu’adhérer à ce choix artistique certes curieux mais réussi. Et d’ailleurs, quelque soit l’état dans lequel elle se trouve (ou se met !), actions et réactions fort expressives à l’appui, elle reste resplendissante quoi qu’il en soit et plus belle que jamais.
Mais néanmoins, quel engagement ! Un pari certes osé mais gagnant qui pourrait lui valoir le titre de nouvelle comédienne humoristique un peu plus subtile que Cameron Diaz dans certaines comédies, et un peu plus nuancée que quelques-unes de ces consoeurs qui jouent dans les productions du type de celles proposées par les frères Farrelly ou signées Judd Apatow (un peu en référence à l’autre protagoniste, Patton Oswalt, comique notoire aux USA et aperçu entre autres dans Magnolia, Starsky & Hutch, et The informant). Remercions aussi et comme il se doit le réalisateur Jason Reitman (Thank you for smoking ; Juno ; In the air) qui a gagné ses galons de metteur en scène atypique, l’un des seuls à être capable d’employer à contre-emploi ou à contre-courant un acteur en détournant astucieusement son aura afin de lui faire jouer quelque chose de nouveau, sans que cela semble absolument voulu ou anormalement souligné (souvenez-vous de George Clooney en misanthrope remercié ou Aaron Eckhart en lobbyiste indéfendable !). Une jolie prouesse pour le digne fils de son père, Ivan Reitman (Jumeaux ; SOS fantômes 2 ; Un flic à la maternelle)…

C.LB



 
 
 
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