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Les Kaïra (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  16/05/2022  

De Franck Gastambide avec Medi Sadoun, Franck Gastambide, Jib Pocthier, Ramzy Bedia, Alice Belaidi, Pom Klementieff et Demon One (sur Ciné + Premier les 16, 19 et 22/05)


Mousten, Abdelkrim et Momo sont 3 potes d’enfance qui ont toujours vécu dans leur cité de Melun. Casquettes enfoncées sur la tête et baskets aux pieds, tous les 3 ont le même problème : désespérément célibataires, ils passent leurs journées à laisser s’écouler leurs vies, sans motivation ni ambition.
Jusqu’au jour où ils découvrent une annonce dans un magazine porno qui propose un casting pour devenir une « Star du X ». En galère de filles et d’argent, la quête de ce qui leur semble être alors le meilleur métier du monde va se transformer en un parcours initiatique et devenir la plus importante aventure de leurs vies.


« Encore un film déguisé en faux documentaire qui stigmatise la banlieue et leurs drôles d’habitants, plein de dealers, zonards et autres cas pathologiques qui tuent le temps comme ils le peuvent, surtout à ne rien foutre », penseront certains à juste raison ! C’est évident qu’avec un titre pareil (qui veut dire racaille en verlan), on ne peut s’attendre qu’à ce type de sujet ou du moins à une énorme caricature bien appuyée et fort lourdingue sur ces « gens-là » qui vivent dans les citées, comme on en voit malheureusement un peu trop souvent ces temps-ci sur grand écran (on pense au plus célèbre, La haine, Ma 6-T va craquer, mais aussi dernièrement à Beur sur la ville de Djamel Bensalah, sorti en 2011) !
Mais si la vision parodique est bel et bien présente (que ce soit la culture urbaine à Melun dans le 77 ou à Villeneuve-sous-bois dans le 99, c’est le même combat pour survivre et soi-disant « s’en sortir » !), elle s’arrête au moment où nos 3 héros, pardon, zéros se décident à bouger leur gros « cul » de faignants et à prendre leur destin en main. Car sous cette réalisation comique, aux allures d’une suite de sketches bien gras et bien salaces (il faut les entendre parler et tenter de déchiffrer sans les sous-titres de quoi il en retourne !) à travers différentes situations bien distinctes et néanmoins stéréotypées, se cache un message sociale légèrement plus profond que distille ici et là nos 3 lascars en goguette. Ses rois de la tchatche comme de la combine savent qu’ils n’auront rien sans rien, et que le meilleur remède pour exister et être sous le feu des projecteurs, c’est encore de cogiter et d’agir.
Fort de ses préceptes hautement réfléchis, les voilà qui suivent la première voie qui se présente à eux, la plus cool, la plus rapide et également la plus « bandante » (c’est le cas de le préciser !), acteurs de hard (sans expérience, ça va de soit !). « En vérité », ce sont des mythos qui se la jouent ou plutôt des paumés qui se prennent pour ce qu’ils ne sont pas, histoire de nous faire rigoler un peu et de toucher chez nous une petite corde sensible et attachante, qui est d’ailleurs enfoui au plus profond de cette bande de « bâtards ». Ca pourrait fonctionner longtemps si les gags ne commençaient pas à tourner un peu en rond au bout d’un ¼ d’heure, à force de se répéter et de tirer constamment, à « donf », sur un vocabulaire outrancier, grossier, voire vulgaire, et parfois raciste. Il est bien évidemment, question de ses 3 « tarés » mais aussi de « meufs », de « rebeus » (notamment Alice Belaïdi, vue au théâtre dans Confidences à Allah), de « kiffer » pour elles et d’essayer de les « niquer » (petite précision, d’envisager peut-être un jour de les « baiser » mais ce n’est pas sûr ni évident, vu leur tronche à faire peur et surtout à faire rire !). « Ca m’vénère », c’est trop « relou » et « chelou » comme plan !
Aussi grotesques que pathétiques et aussi ridicules que navrants, ils finissent par devenir presque touchants, tellement ils se donnent du mal pour s’investir dans leur quête de « zob », pardon, de job, et de tenter d’emballer une fille au moins une fois dans leur vie. Heureusement qu’il y a la présence de quelques vrais « gueules » de cinéma, une pléiade d’invités qui font de brèves apparitions, des acteurs et comiques reconnus (Eric Cantona, Ramzy Bédia, Elie Semoun, Armelle, François Damiens – en producteur de films X dans une mémorable séquence d’anthologie ! -), qui participent « amicalement » à cette bouffonnerie grandiloquente et déjantée. Ils apportent une certaine caution à cette bande de « ouf » (le trio Medi Sadoun, Franck Gastambide et Jib Pocthier) qui se sont fait connaître grâce à leur web série Kaïra shopping, diffusée avec succès sur Canal +. Va savoir maintenant si les fans ciblés, des connaisseurs comme des amateurs sans aucun doute, arriveront à motiver un plus large public pour se coltiner presque 1h30 de gros mots et d’expressions, c’est une autre paire de « manches »…..

C.LB



 
 
 
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