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Au bonheur des ogres (sur Canal + Grand Ecran)

Sortie  le  18/07/2022  

De Nicolas Bary avec Raphaël Personnaz, Bérénice Béjo, Guillaume de Tonquédec, Emir Kusturica, Mélanie Bernier, Thierry Neuvic et Armande Boulanger (sur Canal + Grand Ecran les 18, 22, 24 et 26/07)


Dans la tribu Malaussène, il y a quelque chose de curieux, de louche, d’anormal même diraient certains. Mais à y regarder de près, c’est le bonheur qui règne dans cette famille joyeusement bordélique dont la mère sans cesse en cavale amoureuse a éparpillé les pères de ses enfants. Pour Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel dans un grand magasin et frère ainé responsable de cette marmaille, la vie n’est jamais ennuyeuse. Mais quand les incidents surviennent partout où il passe, attirant les regards soupçonneux de la police et de ses collègues de travail, il devient rapidement vital pour lui de savoir pourquoi et surtout qui pourrait bien lui en vouloir à ce point-là ?
Benjamin Malaussène va devoir mener sa propre enquête aux côtés d’une journaliste intrépide surnommée « Tante Julia » pour trouver des réponses.


En lisant ce titre, comment ne pas penser au drame d’André Cayatte, intitulé Au bonheur des Dames, tiré d’un célèbre roman de Zola, réalisé sous l’Occupation et devenu un chef-d’œuvre du cinéma des années 40, qui se déroulait notamment dans un grand magasin « moderne » à l’époque, vers la fin du 19ème siècle (l’actuel Au Bon Marché) ? Néanmoins, à part le fait que l’histoire se passe en grande partie dans un endroit assez similaire – en réalité, le film a été tourné à La Samaritaine rebaptisé pour l’occasion Au bonheur parisien -, nous sommes plus en présence d’une comédie loufoque et poétique, genre conte moderne un peu décalé, que d’un polar, bien qu’il y ait ici prétexte à une intrigue farfelue, on ne peut plus tirée par les cheveux, doublée d’une enquête policière fort légère.
En effet, ce long-métrage est une adaptation de la saga littéraire écrite par Daniel Pennac où son héros, un simple employé de grande enseigne, se retrouve suspecté d’une série d’explosions dans les rayons du dit magasin. Pour jouer ce personnage aussi touchant que naïf et aussi attachant que tête-en-l’air, le réalisateur Nicolas Bary (Les enfants de Timpelbach) a fait appel à Raphaël Personnaz (La princesse de Montpensier ; 3 mondes ; Anna Karénine ; et dernièrement Marius & Fanny) qui semble s’être beaucoup amuser à jouer exagérément le grand frère, soutien de famille bonne pâte au sourire constant et au bien curieux métier (il est payé pour se faire engueuler), en roulant des grands yeux excessifs et en faisant des mimiques étonnées et soulignées, bref, adéquates. D’ailleurs, les autres ne sont pas en reste non plus - que ce soit dans les regards, les expressions et les dialogues -, ni Bérénice Bejo (OSS 117 : Le Caire nid d’espions ; La traque ; The artist ; Populaire ; Le passé) en reporter teinte en rousse pour l’occasion, ni Guillaume de Tonquédec (Deux jours à tuer ; Parlez-moi de la pluie et, bien sûr, Le prénom) en directeur au lourd secret, et encore moins Emir Kusturica en gardien de nuit nonchalant (on se demande bien ce qu’il est venu faire au juste dans ce film). Seuls les enfants particulièrement délurés (en ordre décroisant d’âge : Armande Boulanger, Adrien Ferran et Mathis Bour) sortent honorablement leur épingle du jeu en volant (presque) la vedette – ils parlent comme un chartier avec un langage bien châtié - aux plus grands qui se comportent eux comme des « adulescents » un tantinet exubérants.
Du cinéma comme çà, on n’en fait quasiment plus depuis longtemps, comme ces films d’antan qui étaient interprétés d’une manière très « théâtrale » et trop appuyée - ou bien alors uniquement destiné à un public jeune, voire même très jeune ! On ne peut pas vraiment dire que nous soyons en présence d’une grande production, malgré les décors installés et les effets spéciaux numériques, mais ce sujet « faussement » déjanté et plus ou moins « humoristique » aurait mérité d’être un peu plus tenu, un peu plus ambitieux, un peu plus intriguant et surtout moins démago que ce laisser-aller visuel et narratif tortueux, tel un mauvais Gondry, tout juste bon à être diffusé à la télévision en première partie de soirée. Et dire que cette collection littéraire comporte encore une série de5 tomes…

C.LB



 
 
 
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