Barbecue (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  05/04/2021  

De Eric Lavaine avec Lambert Wilson, Franck Dubosc, Florence Foresti, Guillaume De Tonquédec, Lionel Abelanski, Jérôme Commandeur et Sophie Duez

Pour ses 50 ans, Antoine a reçu un cadeau original : un infarctus. A partir de maintenant, il va devoir "faire attention". Or, Antoine a passé sa vie entière à faire attention : attention à sa santé, à ce qu'il mangeait, attention à sa famille, à accepter les travers de ses amis, et à avaler de trop nombreuses couleuvres… Désormais, il va adopter un nouveau régime. Mais en voulant changer sa vie, on change forcément celle des autres…

Le mot barbecue a toujours été synonyme de réunion festive et conviviale, autant en famille qu’entre proches. Mais le terme peut aussi être employé dans un tout autre sens, à travers une image différente, celle de cette expression familière qui signifie que l’on met par exemple quelque chose - ou bien quelqu’un - sur le grill, c’est-à-dire dans une situation soit embarrassante, soit pénible, en l’occurrence ici ses ami(e)s. Et c’est d’ailleurs bien le cas où chacun(e) va en prendre un peu pour son grade, notamment avoir le droit à quelques remontrances, leçons de morale et autres vérités plus ou moins bien senties de la part de l’un d’entre eux qui vient de faire une attaque cardiaque et qui a décidé de dire les « choses » au lieu de (continuer) à se mentir, histoire de remettre un peu d’ordre dans sa propre vie comme dans ses relations avec autrui.
On aurait pu tout aussi bien l’appeler « Petits règlements de compte entre amis » mais le scénario ne veut en aucun cas se contenter de ses quelques reproches ni se limiter à faire gratuitement de la peine aux autres en émettant un avis négatif puisque c’est au départ une assemblée de bons copains – et copines – de très longue date, soudés comme les 5 doigts de la main depuis la fac, et qui partagent tous ou du moins beaucoup de moments ensemble, que ce soit lors de grandes tablées plutôt assez régulières ou alors pendant les vacances (la maison dans les Cévennes vaut à elle seule le déplacement !). Mais, à force de vieillir et de se dire quasiment les mêmes choses à chaque fois, on finit toujours par lâcher certains défauts repérés chez l’autre qui vous agace au plus haut point et souvent, depuis si, voire trop, longtemps. Qui n’a pas vécu ce type de conflit ou ce genre de crise passagère ne peut vraiment pas comprendre ?
Raison de plus pour découvrir cette comédie jubilatoire, ce « jeu de massacre » des plus réalistes et crédibles pour ne pas dire véridiques qui soit mais néanmoins au demeurant bon enfant qui ne se veut pas spécialement méchant à tout prix ! Il en faudrait beaucoup plus pour que ses 5 hommes et leurs femmes se brouillent ou coupent les ponts définitivement, d’autant plus que les têtes sympathiques des protagonistes – dont 3 célèbres comiques (Florence Foresti, Franck Dubosc et Jérôme Commandeur), suivi de Lambert Wilson, très à l’aise dans la pondération et le flegme à travers son rôle à la fois principal et de narrateur que tout gonfle (« tout me fait chier ! ») et qui veut s’éclater, ainsi que de Guillaume De Tonquédec, encore tout auréolé de sa fabuleuse prestation dans Le prénom récompensée par un César bien mérité, sans oublier Lionel Abelanski et Sophie Duez – nous laissent présager une fin positive, du moins joyeuse et surtout heureuse.
On doit cette réalisation tragi-comique, ficelée à merveille et maîtrisée à la perfection, dans une mise en scène classique mais toutefois bien assurée et fixée sur les rails du rire, à Eric Lavaine (Poltergay ; Protéger et servir – déjà avec Lionel Abelanski - ; Bienvenue à bord et Incognito – avec aussi Franck Dubosc ! -) qui connaît parfaitement les rouages des situations comiques qui font souvent mouche. Cette suite de tranches de vie sous forme de sketches entre « potes », un peu à la manière de Mes meilleurs copains en 1988, de 15 août en 2000, de la trilogie du Cœur des hommes ou bien alors façon Les meilleurs amis du monde en 2009, ne déroge pas à la règle et ronronne doucement mais sûrement, comme une voiture qui viendrait tout juste de sortir d’une révision sans problèmes « techniques » ni dérapages « incontrôlés »...

C.LB