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Ex-Machina (sur Ciné + Frisson)
Sortie
le 21/07/2024
De Alex Garland avec Domhnall Gleeson, Alicia Vikander, Oscar Isaac, Sonoya Mizuno, Claire Selby, Symara Templeman et Corey Johnson
A 24 ans, Caleb est un des plus brillants codeurs que compte Bluebook, plus important moteur de recherche Internet au monde. A ce titre, il remporte un séjour d’une semaine dans la résidence du grand patron à la montagne. Mais quand Caleb arrive dans la demeure isolée, il découvre qu’il va devoir participer à une expérience troublante : interagir avec le représentant d’une nouvelle intelligence artificielle apparaissant sous les traits d’une très jolie femme robot prénommée Ava.
Que ce soit Ava ou Eva, 2 prénoms féminins d’origine biblique - en référence à Eve - approchants voire similaires pour ne pas dire identiques, ils ont tous les 2 la même prononciation d’un pays à un autre, que ce soit du côté américain pour le premier ou de celui espagnol pour le second. Mais ce qui est le plus surprenant, c’est que l’un comme l’autre a été donné à un humanoïde fait d’acier et de microprocesseurs extrêmement perfectionnés dans des films de science-fiction : d’une part, Eva, production franco-espagnol de Kike Maillo sortie en 2011, et d’autre part, celui-ci même, pour l’un de ses personnages principaux. Et concernant ce long-métrage-là, c’est sans aucun doute l’un des films les plus marquants du moment, un thriller psychologique genre huis clos un peu dans le style du jeu du chat et de la souris, autour de questions humaines sur la fascination, l’attirance, la manipulation et l’affrontement intellectuels entre principalement 3 personnes, mis en scène avec beaucoup plus d’« intelligence » - mais sans être pour autant dénuée ou dépourvue d’« artificielle » bien sûr ! – que par exemple I, Robot d’Alex Proyas sorti en 2004, Her de Spike Jonze sorti en 2013, Les Nouveaux Héros de Don Hall et Chris Williams (film d’animation) sorti en février, sans oublier évidemment I.A. de Steven Spielberg sorti lui en 2001, tous abordant déjà le même thème que développé ici, celui de l’intelligence artificielle. En parlant de cette fameuse "I.A." pour le moins fascinante et dénommée Ava, elle est la toute première intelligence artificielle au monde sous la forme d’une superbe « machine » pensante corps et âme réunis, avec des petits airs de Scarlett Johansson dans Under the skin de Jonathan Glazer (où elle jouait d’ailleurs un robot extraterrestre débarquant sur terre sous les traits d'une femme), qui maitrise à merveille le langage et qui est la propriété exclusive d’un solitaire, génial pdg de l’une des plus grosses boîtes d’informatique. Ils vivent ensemble reclus ou plutôt enfermés dans cette grande maison moderne retirée entre forêts verdoyantes et montagnes sauvages dans un décor d’une grande beauté, paysages colorés en totale contraste avec ce lieu froid, austère et aseptisé, aussi « claustro » qu’étouffant, ressemblant à une sorte de bunker où tout est informatisé électroniquement, mesures et protocoles de sécurité compris. Si cet endroit – un centre de recherche ultra-sécurisé - peut être considéré à juste titre comme un personnage à part entière de l’histoire, on peut en dire autant de cette grande « découverte scientifique » aux effets spéciaux saisissants qui déambule dans son espace confiné on ne peut plus (dé)limité. A la recherche d’un peu d’air frais, de nouvelles étendues, et surtout de réelle liberté, cette « invention » hors normes mais captive, plus proche d’une enfant ado que d’une adulte (interprétée par l’impressionnante Alicia Vikander, vue notamment dans Le 5ème pouvoir, Le 7ème fils et Royal affair), bourrée de micro-expressions, à la conscience parfaitement développée, certes pure mais pas si innocente que cela, bref, en pleine évolution « morale », va tout entreprendre – même jusqu’à draguer - pour prendre le large en se débarrassant - dans tous les sens du terme d’ailleurs - de son maître, créateur et façonneur (joué par Oscar Isaac, présent entre autres dans Jason Bourne : l’héritage, W.E., Drive, Two faces of January et Inside Llewyn Davis), grâce à l’aide d’un jeune programmeur « sélectionné » (sous les traits de Domhnall Gleeson, aperçu dans Calvary, Il était temps, Anna Karénine, True grit et Invincible), choisi pour ses capacités à procéder à un certain nombre de tests oraux plutôt étranges sur elle, afin d’évaluer ses facultés de pensées ainsi que son « bon » esprit autour de quelques bonnes questions dites pertinentes, histoire de déterminer s’il a affaire à une entité pensante ou qui donne seulement l’impression de penser. Sans aller plus loin dans la description de ce remarquable scénario à la fois hallucinant, bien ficelé et extrêmement malin, sur fond d’une BO certes angoissante mais totalement dans l’ambiance futuriste du sujet, sachez seulement qu’il est l’œuvre du réalisateur Alex Garland (scénariste de La plage, 28 jours plus tard, Sunshine, Never let me go et Dredd) qui, pour ses tous 1er pas derrière une caméra, vise haut et tape fort. Même si cette production peut paraître à premières vues plutôt énigmatique et légèrement alambiquée comme l’avait été en son temps 2001 l’odyssée de l’espace flanqué de sa fameuse tête pensante, l'ordinateur dénommé Hal, le réalisateur a su rendre son film de genre aussi attractif que « tripant », aussi accessible que flippant et aussi réaliste que terrifiant, capable de nous scotcher pendant 1h50 devant ce « Dieu », pardon, ici une déesse « issu de la machine » (tirée de l’expression latine Deus ex machina)....
C.LB
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