en 
 
 
cinema

 
 

Les chansons que mes frères m’ont apprises (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  23/11/2022  

De Chloé Zhao avec John Reddy, Jashaun St John, Taysha Fuller, Eleonore Hendricks, Travis Lone Hill, Cat Clifford et Irène Bedard (sur Ciné + Premier les 23 et 27/11 + 05/12)


Johnny vient de terminer ses études et s’apprête, avec sa petite amie, à quitter la réserve indienne de Pine Ridge pour chercher du travail à Los Angeles. La disparition soudaine de son père vient bousculer ses projets. Il éprouve également des remords à laisser Jashaun, sa petite soeur de 13 ans, dont il est très proche. Johnny partira-t-il ?

Pour une fois qu’on a la chance de pouvoir assister au quotidien, entre rudesse, désillusions, résignations et autres turpitudes de l’existence, de plusieurs indiens d’Amérique installés dans le Dakota du Sud (appelé aussi par certains République Lakota), on ne va pas s’en priver ni bouder son plaisir, d’autant que le constat de ce peuple, pourtant habituellement si fier et si courageux voire si téméraire, est devenu aujourd’hui navrant pour ne pas dire alarmant à la vue de ces quelques protagonistes – des acteurs pour la plupart amateurs et pratiquement tous habitant le même territoire - en manque de repères, déboussolés, paumés, aux gueules tatouées ou plus ou moins défaites par l’excès de deals en tout genre et surtout l’alcool, véritable fléau qui fait un ravage plutôt mortel parmi l’ensemble de cette population.
Cette dure réalité de la vie, qui oscille constamment entre fiction et documentaire, est « racontée » - et cela malgré le peu de dialogues – ou, du moins, montrée par l’intermédiaire d’une adolescente de 11 ans à travers la vision qu’elle peut avoir de son environnement, entrecoupé d’intermèdes furtifs, de moments fugaces et d’impressions passagères, le tout sur fond de plans esthétisants et de cadrages photogéniques. Il est évident que la réalisatrice Chloé Zhao, qui a vécu plusieurs années en immersion totale au cœur de cette communauté, n’a pas manqué, pour son 1er film, de dépeindre au mieux cette culture en grande partie oubliée, avec ses rares traditions et rites préservés encore en vigueur actuellement, et cela malgré la modernité ambiante qui grignote inlassablement ce qu’il reste de leur passé.
On se laisse docilement et nonchalement emmener par les intervenants, des jeunes « cowboys » en herbe issus de familles recomposées (certains hommes ont plusieurs femmes et donc une multitude d’enfants qui ne se connaissent pas toujours) qui semblent plus improviser que réciter leur texte et qui rêvent de devenir soit boxeur soit monteur de taureaux – ou de chevaux -, plus préoccupé à trafiquer ou à fumer qu’à leur avenir pas véritablement tout tracé, loin de là, pour la plupart d’entre eux plutôt « bouché », peu reluisant ou alors peu gratifiant pour les autres. Quoi qu’il en soit, cette production indépendante, présentée au dernier Festival de Cannes dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs, ne manque pas d’intérêt ni de charme et encore moins d’authenticité, à travers un mode narratif particulièrement fluide, assez naturel, plutôt original, pour ne pas dire peu conventionnel....

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique