en 
 
 
cinema

 
 

Captain fantastic (sur Ciné + Premier)

Sortie  le  04/12/2022  

De Matt Ross avec Viggo Mortensen, Frank Langella, George Mackay, Samantha Isler, Annalise Basso, Nicholas Hamilton et Shree Crooks (sur Ciné + Premier les 04 et 12/12)


Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.


Comment ne pas voir à travers ce film « hippie » 100% baba-cool, aussi bio qu’« écolo », un autre long-métrage de 1986 un peu dans le même esprit et la même veine scénaristique, intitulé Mosquito Coast, réalisé par Peter Weir et interprété par Harrison Ford qui y incarnait un père de famille inventeur et maniaque se laissant absorber par ses idéaux, bien décidé à quitter les États-Unis dont il ne supporte plus le mode de vie consumériste, et embarquant pour le Honduras, accompagné de sa famille, afin de construire en pleine jungle une société nouvelle dont il a toujours rêvé ? Sauf que cette fois, c’est plutôt l’inverse qui se produit, le père et sa nombreuse progéniture, déjà installés en pleine nature, sont obligés de sortir de leur réserve pour se confronter au monde extérieur ou, si vous préférez, à leurs semblables, affrontant souvent des notions que beaucoup d’entre eux ne comprennent pas.
Quoi qu’il en soit, on retrouve ici ce rejet de la société de consommation, cette vie en marge de la civilisation, ce retour à la nature et aux vraies valeurs souvent oubliées, bref, cette parfaite existence en totale osmose et spiritualité avec un environnement isolé, sain, loin des villes, de sa population et de sa pollution. Sauf que vivre de la sorte peut parfois cacher des envies différentes, développer de drôles d’idées, provoquer des désirs inavoués, déclencher des besoins viscéraux qui vont germer petit à petit dans la tête de ces enfants pourtant géniaux, parfaitement élevés et cultivés (ils sont capable de parler plusieurs langues, de débattre et d’argumenter sur n’importe quel sujet aussi délicat et épineux soit-il, se forgeant un esprit d’analyse, de déduction et de sens critique surprenants pour des jeunes de cet âge), totalement soudés les uns les autres mais qui, malgré tout, apprennent à tirer à l’arc et à se battre à main nue ou façon arts martiaux, entreprennent de l’escalade et des techniques de survie dans n’importe quel(le) lieu ou situation, et reçoivent chacun comme cadeau un gros couteau de chasse, tout âge confondu. L’éducation oui, le briquet pour allumer un feu, non !
Alors, faut-il les « (re)cadrer », les sortir de leur milieu naturel et sauvage afin qu’ils vivent comme tout le monde dans celui urbain, quitte à être considérés comme des « bêtes de foire » par les autres, ou bien les laisser apprendre à (sur)vivre en forêt, là où ils ont toujours baigné puisqu’ils sont plus ou moins inadaptés au monde réel ? C’est le début des ennuis mais c’est surtout la grande question que se pose leur père, joué par Viggo Mortensen (la trilogie du Seigneur des anneaux ; A history of violence ; Les promesses de l’ombre ; A dangerous method ; Sur la route ; Loin des hommes), plus mystérieux et énigmatique que jamais, qui s’est fait pour la circonstance une gueule de barbue hirsute. Il confirme son orientation prise notamment depuis La route, film dramatique d’anticipation e post apocalyptique américain réalisé par John Hillcoat et sorti en 2009 – celle de choisir des rôles aux caractères singuliers à travers des productions fortes (la filmographie succincte citée ci-dessus le prouve !).
Voilà donc un road-movie à la fois humain, social, esthétique, énergique et organique, bien éloigné du côté utopique qu’il aurait pu aborder, qui explore les différents choix qu’imposent les parents à leurs enfants et qui sort des sentiers battus – c’est le cas de le dire ! –, ayant d’ailleurs obtenu le Prix de la Mise en Scène à Un Certain Regard en 2016 : en résumé, c’est « une très belle erreur » de parcours pour chacun des acteurs tous crédibles à l’écran, autant petits que grands et sans aucune distinction générationnelle...

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique