La vallée des loups (sur Canal +)

Sortie  le  13/05/2021  

De Jean-Michel Bretrand avec notamment des loups mais pas que (sur Canal + les 13, 15 et 17/05)

Il existe encore aujourd’hui en France des territoires secrets. Ce film est une quête personnelle, l’histoire d’un pari fou tenté par un passionné rêveur, un anti héros capable de briser toutes les barrières pour parvenir à son but : rencontrer des loups sauvages dans leur milieu naturel. Après trois années passées sur le terrain à bivouaquer en pleine nature par n’importe quel temps, le réalisateur parvient à remonter la piste des loups. Petit à petit, il observe, se rapproche et finit par se faire accepter par la meute. Contre toute attente, les prédateurs magnifiques offrent alors un peu de leur intimité à ce drôle de personnage. Mais le film pose aussi la question des limites de cette intimité.

Vous pourriez dire : « encore un énième documentaire sur la Nature style Home, Le sel de la terre, Saisons et Demain sorti dernièrement, ou bien alors animalier genre Océans, Le peuple migrateur et Terre des ours ! ». C’est pas faux car c’est ici un peu de tout cela à la fois, mais présenté différemment que d’habitude, moins tape à l’œil que peuvent l’être ces grosses « productions » ultra-léchées et pleines d’effets « spéciaux », mais plus nature, beaucoup plus proche de ce que l’on peut (espérer) voir par nous-mêmes dans un environnement de proximité, celui que nous offre nos jolies forêts hexagonales et nos belles montagnes alpines. Bref, comme si on partait filmer à « hauteur d’homme » à la recherche de ces rêves, dans l’exploration d’un endroit encore vierge - une vallée secrète et déserte humainement parlant –, à la rencontre de loups bien cachés, situé entre la France et l’Italie.
Non, vous n’en saurez pas plus (et nous non plus d’ailleurs, fragilité d’un tel écosystème oblige !), histoire que cet endroit puisse coûte que coûte rester préservé de toute civilisation, afin que ce type de reportage, assez téméraire tout de même, puisse exister encore et être toujours possible de nos jours ! Cette « drôle » de quête est celle de Jean-Michel Bretran, caméraman obstiné et courageux à l’envie « colossale de vivre des trucs », prêt à tout « braver » (qu’il vente, qu’il pleuve et qu’il neige) pour relever quelques indices qui le mettra sur la piste d’une meute de ces bêtes, de leur tanière et de leur progéniture. En attendant de les « débusquer », c’est plutôt une autre faune qu’il croise (aigle, bouquetin, renard, chamois, chevreuil, sanglier, lapin, biche, blaireau, écureuil, et le petit « peuple magique » de la forêt), sur fond d’un décor grandeur nature, des paysages fabuleux et, comme toujours, à (vous) couper le souffle - au sens propre comme au sens figuré d’ailleurs ! – dont certains depuis un drone.
Nous aussi, on espère les voir à un moment donné (c’est surtout pendant les dernières 20 minutes du film qu’ils daignent enfin apparaître !), admirant plutôt notre aventurier scénariste se mettre bien en avant voire beaucoup en scène mais sans réelle prétention, soit s’extasiant devant des étrons tout frais, soit en train de pisser pour bien marquer son territoire, soit mangeant des morilles tout juste cueillies, soit encore se retrouvant plus avec lui-même, caméra à l’appui bel et bien face à lui, qu’avec des loups qui franchement tardent à pointer le bout de leur museau. On se contentera donc de l’entendre commenter ses découvertes aussi diverses que variées, de façon très humaine, c’est-à-dire décontractée pour ne pas dire totalement improvisée avec parfois ses doutes, ses hauts et ses bas, le tout dans une ambiance musicale des plus salvatrices qui soit. C’est à ce prix que nous serons d’une manière ou d’une autre perméables à toutes ces beautés que nous offre ce monde....

C.LB