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Loving

Sortie  le  15/02/2017  

De Jeff Nichols avec Joel Edgerton, Ruth Negga, Marlon Csokas, Nick Kroll, Terri Abney, Alano Miller et Jon Bass


Mildred et Richard Loving s'aiment et décident de se marier. Rien de plus naturel – sauf qu'il est blanc et qu'elle est noire dans l'Amérique ségrégationniste de 1958. L'État de Virginie où les Loving ont décidé de s'installer les poursuit en justice : le couple est condamné à une peine de prison, avec suspension de la sentence à condition qu'il quitte l'État. Considérant qu'il s'agit d'une violation de leurs droits civiques, Richard et Mildred portent leur affaire devant les tribunaux. Ils iront jusqu'à la Cour Suprême qui, en 1967, casse la décision de la Virginie. Désormais, l'arrêt "Loving v. Virginia" symbolise le droit de s'aimer pour tous, sans aucune distinction d'origine.

Des scénarios dramatiques autour des multiples problèmes raciaux rencontrés aux U.S.A., surtout dans les années 50 et 60, ont depuis longtemps fait les « choux gras » de films sur ce sujet (souvenez-vous entre autres de Devine qui vient dîner ?, Mississippi burning, Les chemins de la dignité, Dans la brume électrique, La couleur des sentiments, Le majordome et, plus récemment, Selma qui retraçait la lutte historique du Docteur Martin Luther King pour garantir le droit de vote à tous les citoyens américains quel qu’il soit !).
Si ce dernier apparaît très subrepticement à la fin à travers 5 secondes d’un document télévisé tiré d’images d’archives (la fameuse marche sur Washington pour l’emploi et la liberté en 1963 regroupant plus de 100.000 personnes), c’est au profit d’une famille métissée qui, harcelée par les autorités d’un Etat conservateur du Sud qui leur interdit de vivre ensemble même mariés sur leurs terres, va être obligé de s’exiler avant de porter plainte 9 ans plus tard, afin de faire valoir leurs droits, d’obtenir réparation grâce à l’aide de 2 jeunes avocats tout sourire - mais sûrement pas grâce au stoïcisme « flegmatique » et au manque de pugnacité exemplaire attendus de ce couple interracial ! -, arrivant à abolir les lois anti-mariage mixte aux Etats-Unis, donnant ainsi lieu à une décision historique qui « changea la Constitution américaine », considérée comme immuable depuis son acceptation en 1787.
Mais avant cela, que de lenteurs et de longueurs narratives à supporter, que d’expressions trop soulignées ou plutôt résignées à voir, que de regards de dominants sur dominés (et inversement) qui en disent long sur les intentions, et que de rictus mauvais de la part de certaines têtes bien racistes à se coltiner ! Même si ce script est tiré d’une histoire vraie, on ne peut vraiment pas dire mais plutôt écrire que le réalisateur Jeff Nichols (Take Shelter – grand prix de la Semaine de la Critique à Cannes en 2011 - ; Mud : sur les rives du Mississippi ; Midnight special) s’est laissé aller à filmer essentiellement la tristesse à fleur de peau de son émouvante héroïne (interprétée par Ruth Negga, vue dans Twelve years a slave – tiens, déjà persécutée ! -, World war Z, et Warcraft : le commencement), et la nonchalance taiseuse de son « bouseux » de mari (joué par Joel Edgerton, aperçu dans Le roi Arthur, Mise à prix, Animal kingdom, Warrior, Gatsby le magnifique, Exodus, Midnight special, et Jane got a gun). Pas un – ni une – pour vraiment relever le front et faire face aux nombreuses brimades et autres injustices qu’ils subissent sans broncher : à croire qu’ils acceptent cet état de fait !
On aurait pu attendre de ce pitch « anticonstitutionnel » tout en retenue, un peu plus d’originalité, d’intensité, de surprise et de charme qui, malheureusement, font sacrément défaut ici pendant plus de 2 heures. On suit alors les rares pérégrinations, arrestations, détentions, condamnations, transactions et assignations (« c’est la loi de Dieu ») de ce mariage hors la loi, nul et non avenu, en connaissant déjà à l’avance les tenants et aboutissants (soi-disant vite réglées) d’un tel acharnement à rendre justice et à faire éclater la vérité, du moins, à promettre, lors d’un procès retentissant même pas montrer à l’écran (ou si peu !), paix et dignité à une union qui ne demandait qu’à cohabiter sans tension, d’une manière décontractée, simplement mélangé et sans aucune publicité à la clé.
Vous en serez quitte pour une histoire d’amour classique, à la fois pudique, délicate, sobre et touchante, sans rebondissements sur le sujet comme tant d’autres auparavant, avec quelques clichés discriminatoires de circonstance, des craintes persistantes et des peurs à revendre mais des doutes assez inexistants, sans oublier des préjugés et autres aprioris souvent absents, le tout sur fond d’une belle reconstitution d’époque avec l’esprit sixties en guise d’ambiance : une belle occasion de voir plusieurs spécimens de voitures U.S., un peu comme celles que l’on peut croiser aujourd’hui à Cuba....

C.LB



 
 
 
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