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La dorMeuse Duval

Sortie  le  22/02/2017  

De Manuel Sanchez avec Dominique Pinon, Marina Tomé, Delphine Depardieu, Pascal Turmo, Marie-Pascale Grenier, Charles Schneider et Grégoire Duez


Dans un village sur les bords de la Meuse, Basile Matrin, magasinier d’usine, mène une vie monotone aux côtés de son épouse Rose. La jeune Maryse Duval, revenue de Paris, laissant son rêve de comédienne derrière elle, va involontairement faire basculer leur destin. Leur voisin, correspondant au Quotidien de la Meuse, est témoin du drame comique qui se joue en face de chez lui. Il va entrer à son corps défendant dans cette « dramédie »...

Abandonnez toute idée de voir un film français à gros budget, du moins, assez conséquent visuellement et narrativement parlant, bref, avec des moyens imposants, un scénario époustouflant, un grand réalisateur, plus un casting plein de têtes d’affiche à la clé ! Et mettez-vous plutôt dans la peau du spectateur lambda qui irait s’assoir dans une salle obscure pour assister aux pérégrinations, mésaventures et autres tribulations d’un ouvrier modeste marié à une femme irascible qui lui pourrie la vie, et vivant dans un petit village perdu au fin fond du nord de l’Hexagone, quasiment à la frontière belge !
Nous voilà donc plongé dans une région particulièrement dépaysante, typiquement rurale, sur fond d’une histoire « naturelle », voire écolo, en un mot, 100% bio (dixit le réalisateur), bercée par les affres, turpitudes et péripéties de tout un petit monde très éloigné de notre existence disons « urbaine », et décortiquée sous la forme de petites chroniques tragi-comiques fortement bucoliques autour de leurs dé« boires » (au sens propre comme au sens figuré) vécus au quotidien ! On est baigné ici par « de l’humour, de la poésie et de la fesse », oscillant entre le comique de quelques situations croquignolettes (le fonctionnement d’une ceinture de chasteté ; les discussions d’ivrognes des 2 protagonistes principaux qui passent beaucoup de leur temps à boire) et la tragédie de certaines séquences plus ou moins morbides (l'accident d’une fille du pays – jouée par Delphine Depardieu, plus ici stagiaire qu’endossant véritablement un rôle dit dominant - ; le suicide final), le tout dans une ambiance calme, posée, sans précipitation d’ailleurs, assez bonne enfant dans l’ensemble, quelque peu décalée sur les bords et parfois légèrement trivial.
Même si ce film plutôt collégial n’est pas loin d’un téléfilm mais de bonne manufacture, il est porté par l’omniprésence pour le moins attachante de Dominique Pinon qui tient son personnage à bout de bras avec toute l’envergure, l’espièglerie, la drôlerie mais aussi la fougue et la démesure de son « état » qui fait une fixette sur le viol présumé de sa femme, suivi justement de très près par celle-ci et interprétée par la fol(le)ie de Marina Tomé (Tatie Danielle ; Le péril jeune ; La vie ne me fait pas peur ; Les rois mages ; Albert est méchant), magistralement grandiose, plus démentielle et excessive que jamais (« je ne vous demande pas de m’adopter, juste de m’essayer ! »), ainsi que la nonchalance de Pascal Turmo (Omar m’a tuer ; Le job ; Le vent des regrets), décontracté à souhait sous les traits d’un journaliste-écrivain (d)écrivant sur la vie de ses plus proches voisins, en l’occurrence ceux présentés ci-dessus. En résumé, une balade assez originale, réalisée par un Manuel Sanchez (Grain de ciel ; Les arcandiers – avec déjà Dominique Pinon -) inspiré, comme on en voit (trop) rarement au cinéma (et à la télévision)...

C.LB



 
 
 
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