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Born to be blue

Sortie  le  11/01/2017  

De Robert Budreau avec Ethan Hawke, Carmen Ejogo, Callum Keith Rennie, Kedar Brown, Janet-Laine Green, Kevin Hanchard et Stephen McHattie


Afin de lui rendre hommage, un producteur de Hollywood propose à Chet Baker, le légendaire trompettiste de jazz des années 1960, de tenir le premier rôle dans un long métrage consacré à sa vie. Pendant le tournage, Chet tombe éperdument amoureux de Jane, sa partenaire afro-américaine. Malheureusement, la production est arrêtée le jour où, sur un parking, Chet est passé à tabac.
Anéanti, les mâchoires fracassées, l'artiste se replie sur lui-même, et son passé ravive ses démons. Jane réussit néanmoins à le convaincre d'aller de l'avant, de rester sobre et, grâce à la musique, de regagner la reconnaissance de ses pairs.


On a déjà eu le droit à un grand nombre de longs métrages sur la musique jazz - plus ou moins des biopics pour certains sur des artistes de jazz et non des moindres pour quelques-uns d’entre eux à travers des films qui ont marqué le 7ème art (sans énumérer les plus vieux datant des années 20, 30, 40 et 50, souvenez-vous entre autres de New York New York de Martin Scorsese en 1977 avec Robert de Niro jouant du saxophone, Cotton Club de Francis Ford Coppola, Accords et désaccords de Woody Allen lui-même musicien et grand amateur de ce style musical depuis très longtemps, Autour de minuit de Bertrand Tavernier, Bird de Clint Eastwood avec le formidable voire l’impeccable Forest Whitaker en Charlie Parker, Valse pour Monika sorti en 2013, Whiplash en 2014, ainsi que Low down en 2015 mais seulement en vidéo avec un certain John Hawkes à l’affiche dans la peau du pianiste Joe Albany – sans rapport donc avec Ethan Hawke ici présent ! -, et surtout, pour ce qui nous intéresse cette fois, Let’s get lost, un documentaire réalisé en 1988 sur Chet Baker ou, du moins, autour de l’évocation de la vie de ce célèbre trompettiste, bugliste et chanteur de jazz blanc qui défraya la chronique dans les années 50 !).
Fort de ce constat, voilà aujourd’hui une production qui propose de nous décrire un pan de l’histoire (réelle ou pas ?) de Chet Baker, le « James Dean du jazz », à un moment précis et même crucial de son existence, surtout au milieu des années 60 lorsque, tout en bas de l’échelle et « accro à la dope » (surnommé « le plus grand junkie du monde » par son manager et producteur Dick Buck), il va essayer de remonter tant bien que mal la pente après s’être fait casser les dents lors d’une agression, afin de relancer sa carrière descendue au plus bas, aidée par une jeune actrice débutante (jouée par Carmen Ejogo, vue dans American nightmare 2, Selma, Les animaux fantastiques et prochainement dans Alien : convenant). L’interprétation principale de ce fameux musicien revient à Ethan Hawke qui exécute là l’une de ses meilleurs prestations, voire de ses plus belles performances, aussi bien en tant qu’acteur, avec une certaine ressemblance et un mimétisme certain, que trompettiste et chanteur puisqu’il reprend notamment l’un de ces tubes, le fameux My Funny Valentine. On est assez impressionné à la fois par sa manière d’appréhender le rôle de ce « swingueur blanc issu de la West Coast », tout en nuance autant dans sa descente aux enfers (clean ou non ?) que sur le chemin de la rédemption (à force d’encouragements et de ténacité), et par son approche identitaire de la personnalité de ce génial trompettiste, entre l’enfant désinvolte et désabusé (rapports père/fils plutôt difficiles : il fait honte à sa famille), l’ado manipulateur et peu sympathique (de plus, hyper jaloux et genre un peu écorché vif sur les bords), l’homme à femmes et pas très loin du renoncement (Chet « l’homme à tout faire » et sa hantise est de plus pouvoir jouer).
Il faut reconnaître tout de même que la mise en scène, certes classique et sans véritable prétention au niveau du rythme nonchalant ni de la reconstitution visuelle limitée de la part du réalisateur Robert Budreau (c’est sa toute 1ère !), est pour le moins originale, voire astucieuse, nous baladant à travers des images tour à tour en noir & blanc (la partie plus ou moins fictive : sa vie espérée - celle de ses souvenirs heureux dans les années 50 aussi trépidants qu’insouciants -, imaginée - par le biais d’un tournage de film autobiographique -, et fantasmée - lorsqu’il plane sous l’emprise de drogues et de médicaments aussi divers que variés -) et en couleur (la partie réalité dans les années 60 : souvent douloureuse telle qu’il doit l’endurer et, malgré tout, l’accepter, lui qui est en liberté conditionnelle due aux aléas de sa trop grande dépendance aux produits prohibés). On appréciera également les quelques conseils (« une technique honnête ») et rivalités évoquées entre artistes (que ce soit avec Miles Davis ou bien avec Dizzy Gillespie), les rares sessions d’enregistrement en studio (lors de sa lente résurrection, sa 2ème chance), et les improvisations au Birdland (en hommage à Charlie Parker appelé aussi Bird : jazz-club mythique situé à New York). En résumé, que l’on aime ou pas le jazz, on ne peut vraiment pas rester indifférent à cette musique groovy et encore moins à ceux qui la jouent avec talent, et cela dans tous les sens du terme d’ailleurs....
P.S. : un livre intitulé Chet Baker – le clair obscur, écrit par Noël Balen aux éditions Castor Music/Interforum/Volumen, sortira le 9 février prochain....

C.LB



 
 
 
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