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Dalida (sur Ciné + Emotion)

Sortie  le  27/03/2024  

De Lisa Azuelos avec Sveva Alviti, Riccardo Scarmacio, Jean-Paul Rouve, Nicolas Duvauchelle, Alessandro Borghi, Valentina Carli et Brenno Placido


De sa naissance au Caire en 1933 à son premier Olympia en 1956, de son mariage avec Lucien Morisse, patron de la jeune radio Europe n°1, aux soirées disco, de ses voyages initiatiques en Inde au succès mondial de Gigi l’Amoroso en 1974, le film Dalida est le portrait intime d’une femme absolue, complexe et solaire... Une femme moderne à une époque qui l’était moins ... Malgré son suicide en 1987, Dalida continue de rayonner de sa présence éternelle.

Qui ne connaît pas, n’a jamais entendu ni fredonné au moins une fois l’une de ses chansons les plus connues telles que par exemple Bambino, Besame mucho, Il venait d’avoir 18 ans, Itsi bitsy petit Bikini, J’attendrai, Paroles paroles (en duo avec Alain Delon), Laissez-moi danser (par Cerrone), ou bien encore Salma ya salama (en version arabe) ? Si vous les avez quelque peu oublié, soyez rassuré, elles sont ici toutes présentes et bien d’autres encore, servant de fil conducteur tout en ponctuant de ces grands airs ce biopic sur le fameux parcours de Yolanda Gigliotti, plus célèbre sous le nom de la chanteuse Dalida.
Si l’on assiste à certains de ces tours de chant (notamment à l’Olympia et aussi à San Remo en 1967), c’est plus sur ses différentes histoires d’amour et surtout sur ses nombreux drames voire tragédies autour d’elle (pensez donc, pas moins de 3 suicides parmi ses maris et petits amis à l’époque !) que s’est penchée la réalisatrice Lisa Azuelos (Comme t’y es belle ! ; LOL ; Une rencontre). D’ailleurs, cette dernière semble s’être beaucoup plus focalisée sur ses déboires sentimentaux et autres pérégrinations morales (on a essayé, à l’occasion de son suicide manqué en 1967, de lui redonner goût à la vie !) que sur ses séances d’enregistrements, ses concerts face à son public et sa « petite » vie intime à la maison (on a tout de même le droit de voir l’intérieur de son véritable hôtel particulier qu’elle a habité à Montmartre !).
Entrecoupée d’images d’archives de cette période jusque dans la reproduction exacte des premiers disques originaux de Dalida à l’appui, la mise en scène est cette fois plus recentrée sur la version des faits, sous forme de plusieurs saynètes dites « souvenirs » tout à la gloire de l’émouvante vedette, vécus par chacun des protagonistes qui ont été plus ou moins proches d’elle, que ce soit celle de son frère Orlando (joué par un Riccardo Scarmacio – vu récemment dans Polisse, To Rome with love, Gibraltar, Puzzle, Pasolini et A vif ! - plus vrai que nature), celle de son 1er mari Lucien Morisse avant qu’il ne se tire une balle dans la tête (interprété par un Jean-Paul Rouve assez proche du vrai), celle de son dernier petit-ami le comte de Saint-Germain (sous les traits d’un Nicolas Duvauchelle perruqué façon Cloclo), ou alors celle de son directeur de maison de disques Eddie Barclay (avec un Vincent Perez plutôt souvent goguenard), le tout sur fond de ses plus célèbres hits. Quant à la star, c’est la mannequin italienne Sveva Alviti qui s’y colle avec une certaine ressemblance et un investissement certain, s’en donnant « à cœur-joie » dans les moments autant de tristesse que de souffrance, ne lésinant jamais pour en rajouter un peu dans les troubles, les pleurs et les visites chez un psychiatre.
Concernant ce vibrant et respectueux hommage post-mortem rendu par le cinéma à cette grande dame de la variété française (après Piaf, Gainsbourg et Cloclo), on aurait quand même espéré un montage avec un peu plus de surprise, de profondeur d’esprit, d’engouement et d’emportement dans l’évocation de cette incroyable carrière artistique et de cette destinée hors du commun qui, malheureusement, laisse à désirer ici, restant assez classique dans sa tournure, très terre-à-terre limite linéaire, (beaucoup) trop posée et appliquée (pas assez de tripes et de nerfs !), sans vraie nuance scénaristique, ni réelle subtilité narrative et encore moins de véritable tension chronologique (« je peux défaire ta carrière ! ») qui puissent nous transporter dans les tourments ambiants et la folie insouciante existants dans ces années-là.
Dommage, on aurait bien aimé que ce sensible et charmant témoignage, essentiellement « sonore » et sans grande joie (ou alors à de très rares passages), puisse entre autres nous faire « danser » aux sons de quelques tubes disco, « vibrer » face aux émotions de ces nombreuses passions, et « retrouver » un peu de l’atmosphère glamour des émissions télévisées de Maritie et Gilbert Carpentier, revisitées aujourd’hui à travers le spectacle musical Hit-Parade, bientôt à Paris au Palais des Congrès.....

C.LB



 
 
 
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