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Les nouvelles aventures de Ferda la fourmi

Sortie  le  08/02/2017  

De Ondřej Sekora avec des marionnettes animées


Ferda est une fourmi bricoleuse et créative qui aime, au cours de ses expéditions, rendre service à tous les petits animaux qu’elle croise sur son chemin. Et ils sont nombreux : coccinelles, abeilles, sauterelles, moustiques, poissons ou têtards. Équipée de sa trousse à outils, elle a le don, à l’instar de sa créatrice Hermina Tyrlova, première femme réalisatrice de l’animation tchèque, de savoir fabriquer une maison, un carrosse ou une trottinette à partir des matériaux qui lui tombent sous la main. Un univers joyeux qui invite à savourer les petits bonheurs du quotidien.

Le personnage de Ferda fut créé par l’auteur et dessinateur tchèque Ondřej Sekora (1899-1967) en 1933 et devint rapidement extrêmement populaire : d’abord héros d’un feuilleton pour adultes, puis d’une bande dessinée, il est apparu dans une série de livres pour enfants qui reste à ce jour une des plus populaires de Bohême. Au moment du Congrès de Munich lors duquel la France et l’Angleterre vendent la Tchécoslovaquie à Hitler, Ferda prend part à la campagne satirique antinazie. Lorsque Týrlová tourne sa première adaptation de Ferda la fourmi en 1943, Sekora a été licencié du journal pour lequel il avait créé le personnage à cause des origines juives de son épouse, et en 1944, il sera déporté au camp de travail Kleinstein et son épouse au camp de concentration de Terezín. Après la prise de pouvoir par les communistes en 1948, Ferda sera mise au service de la propagande du régime.
Ferda la fourmi eut une chance inouïe et devint une des rares héroïnes tchèques dessinées de l’entre-deux guerres à ne pas se voir interdite par le régime communiste. Des nouvelles BD avec Ferda purent paraître dans le journal pour enfants Mateřídouška, mais à côté de récits ludiques dans le monde des insectes, leurs sujets incluaient également la lutte contre « l’insecte américain », que la propagande communiste avait rebaptisé le doryphore de la pomme de terre, ou contre les paresseux qui tentaient, toujours selon la même propagande, de se soustraire à la collectivité qui menait un travail acharné de fourmi. Cependant, force est de constater que Sekora ne faisait pas partie des nombreux opportunistes qui ne cherchaient qu’à se hisser dans la hiérarchie du nouveau régime et que, à l’instar de milliers d’autres intellectuels tchèques, – comme le montre sa correspondance privée, par exemple – il avait sincèrement cru aux thèses marxistes. Avec le dégel social progressif qui commença à poindre en Tchécoslovaquie dans les années 1960, l’œuvre de Sekora retrouva petit à petit son côté ludique – Ferda n’en profita, hélas, que de façon marginale, dans quelques épisodes de BD que l’auteur ajouta aux rééditions dans la presse de récits plus anciens.
Les aventures de Ferda trouvèrent un développement parallèle grâce à de nombreuses adaptations faites par d’autres artistes. Elles avaient été adaptées au théâtre et à la radio dès le tournant des années 1930-40 et ses récits étaient parus en disques. Sorti en 1943, le plus ancien film de marionnettes avec Ferda comme héroïne – et tout premier film tchèque de marionnettes animées – fut tourné par Hermína Týrlová. D’autres suivirent dans les années 1960 et 1970. Ferda connut des adaptations au ballet et à l’opéra, les années 1980 virent la naissance d’une série animée produite à l’étranger, et l’après-1989 vit Ferda apparaître dans des jeux pour ordinateur et envahir le domaine de la publicité. Cependant, ce sont les livres en prose originaux de Sekora qui restent les plus populaires, dont les rééditions se suivent avec une régularité de métronome. Les aventures de Ferda la fourmi furent traduites dans des dizaines de langues, y compris en japonais et en chinois. Nul doute que le fait que – cinquante ans après la mort de l’auteur – s’ajoute à ces traductions une édition française aurait réjoui au plus haut point le francophile qu’était Sekora.
L'artiste, animatrice et réalisatrice Hermína Týrlová est une des fondatrices du cinéma d’animation tchèque, et une de ses plus grandes personnalités. Elle est morte le 3 mai 1993 à Zlín. Elle est, aux côtés de Věra Chytilová et Věra Plívová-Šimková, une des plus importantes réalisatrices tchèques. "Le film d'animation est un conte de fées mobile du XXe siècle. Mon objectif est de faire revivre les objets : des jouets, des marionnettes ou des objets quelconques qui entourent les enfants. Je pense que les enfants ressentent le besoin de beauté, du sentiment et surtout de la joie. Et c'est ce que j'essaie de leur procurer par l'intermédiaire de mes films. J'ai la conscience tranquille de n'avoir jamais blessé l'âme d'un enfant par ce que j'ai créé. J'aimerais que la vie des marionnettes, des animaux et des choses se déroule devant les yeux des enfants comme un rêve inoffensif et que le bien triomphe du mal."



 
 
 
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