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Mean dreams

Sortie  le  05/04/2017  

De Nathan Morlando avec Sophie Nelisse, Josh Wiggins, Bill Paxton, Colm Feore, Vickie Papavs, Matt Connors et Ryan Blakely


Après avoir volé un sac contenant de l’argent de la drogue, un garçon de quinze ans s’enfuit avec la fille qu’il aime tandis que le père de celle-ci, un flic corrompu, les prend en chasse. Mean Dreams est un thriller, mais également une fable qui évoque le passage à l’âge adulte, le désespoir de la vie en fuite et l’émerveillement du premier amour.

Il y a des petits films qui, comme ça, sans prétention ni crier gare, vous prennent non pas forcément à la gorge mais bel et bien vous marquent par les sentiments qu'ils dévoilent, et qui, sans vous faire spécialement chavirer l’âme ou le cœur, vous emmènent ailleurs, loin et même très loin, notamment ici au « trou du cul du monde » dans un décor bucolique typiquement américain, à travers des paysages tournés en pleine nature, là où les fermiers tirent quelque peu le diable par la queue ou, si vous préférez, la langue, alors que les hommes de loi, autant shérifs qu’adjoints, « tirent » eux sur autre chose, la corde d’une certaine « légalité » pas toujours très belle à voir ! Alors quand les premiers deviennent justiciers, du moins, moins lâches que les autres, dérobant un magot qui appartient à des flics ripoux de surcroît trafiquants, c’est le début d’une chasse à l’homme – et aussi à la femme – ouverte, une cavale bien déclarée et donc forcément assurée d’être légèrement pimentée, sur fond d’un couple de jeunes égarés ayant besoin de liberté loin de leurs foyers à problèmes, de poursuites assez mouvementées et de personnages plutôt « mauvais ».
Un thriller noir en forme de road-movie tout en nuance, entre bien et mal, réflexion et action, mensonges et émotions, amitié et plus si affinités, entre des parents bougons, plutôt bruts de décoffrage limite autoritaires, et d’autres véritablement brutaux pour ne pas dire violents, une mère dépressive constamment cloitrée et un père alcoolique monstrueusement possessif voire particulièrement agressif, passant ses nerfs sur sa progéniture (sous les traits de Bill Paxton, présent entre autres dans Apollo 13, Twister, 2 guns, Edge of tomorrow, et Night call), entre des « gamins » très proches, tendance ados fugueurs sans réels repères, un garçon plein de hardiesse et de courage (interprété par Josh Wiggins, aperçu dans Hellion et Max), et une fille en errance (jouée par Sophie Nélisse, vue notamment dans La voleuse de livres, La fabuleuse Gilly Hopkins, et L’histoire de l’amour), ponctué de beaux cadrages et autres mouvements de caméra, ainsi que d’une BO singulière, tour à tour stridente et angoissante.
Comment ne pas retrouver ici l’ambiance tendue, à la fois pesante, prenante et même parfois flippante, de ces longs métrages qui décrivent une Amérique rurale désabusée, misérable, oubliée comme laissée à l’abandon et déjà présentée dans des films tels que Les amants du Texas, Take shelter, Mud – sur les rives du Mississippi, et dernièrement dans Comancheria et Loving, avec une petite pointe à la Terence Malik comme dans The tree of live ? On doit ce polar aussi réussi qu’inspiré au scénariste et réalisateur canadien Nathan Morlando (Edwin Boyd) qui a su rendre à l’image, sans vouloir employer un ton trop démonstratif, toute cette âpreté presque palpable qui réside là-bas, toute cette difficulté à survivre (malgré les ruses utilisées) dans un milieu souvent hostile, cette fois entre trafic illicite et règlements de compte, entre fuite éperdue et parcours initiatique (le passage à l’âge adulte) : bref, un « monde qui va – peut-être - les bouffer tout cru ! »....

C.LB



 
 
 
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