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Saint Georges

Sortie  le  17/05/2017  

De Marco Martins avec Nuno Lopes, Mariana Nunes, José Raposo, Beatriz Batarda, Jean-Pierre Martins et Gonçalo Waddington


Jorge, boxeur fauché et sans emploi, voit sa femme le quitter pour repartir au Brésil avec leur fils. Le Portugal étant au bord de la faillite, les sociétés de recouvrement prospèrent. Pour sauver sa famille, Jorge décide alors d'offrir ses services à l'une d'entre elles, malgré leurs méthodes d'intimidation peu scrupuleuses...

Ce n’est pas tous les jours que nous avons le plaisir – et la chance - de voir un film d’origine portugaise sur nos écrans (à part de temps à autre ceux du défunt Manuel de Oliveira et, il y a 4 ans, celui de Ruben Alves, La cage dorée, au succès fort mérité chez nous !), alors raison de plus pour s’y pencher un peu et lui consacrer une petite chronique ! Il est question d’un drame toujours plus ou moins d’actualité, en corrélation avec la situation sociale d’une classe ouvrière particulièrement touchée de plein fouet par le chômage lors de la grosse crise économique qui a sévi dans tout le pays au début des années 2010. Une sorte d’instantané humain, à la fois intime et communautaire, autour d’une période où des agences de recouvrement de crédits utilisaient – et utilisent paraît-il encore aujourd’hui ! – l’intimidation pour récupérer le remboursement de dettes de créanciers en retard de paiements, soit au bord du gouffre, soit de la ruine ou de la faillite.
Pour bien souligner l’impact que cela a pu avoir sur les gens, le réalisateur et scénariste Marco Martins (Alice en 2005) ne s’est pas privé de dépeindre aussi bien des lieux et des paysages désolés (pour certains abandonnés comme le port de marchandises), que des personnages hébétés, esseulés, en errance, difficilement capables voire même incapables de retrouver un travail durable ou une place stable quelque part afin d’aider leur famille et/ou leurs proches. Il les filme d’ailleurs au plus près d’eux, surtout l’acteur principal Nuno Lopes (déjà présent dans Alice du même cinéaste ; Nuit de chien ; Opération Libertad ; Les lignes de Wellington ; Cadences obstinées), une « belle bête » tout en muscles et en sueur avec la démarche adéquate, le dialogue court et l’expression faciale souvent limitée à sa plus simple expression.
Malheureusement, on ne fait que suivre les pérégrinations et autres errements de cet homme de main, pardon, de « poings » entre 2 « rendez-vous » qui reviennent inlassablement en boucle (soit avec son ex-petite amie qui hésite à revenir vivre avec lui, soit avec son fils qu’il a eu avec cette dernière et qui passe son temps à somnoler ou alors carrément endormi, soit au club de boxe où il tape tel un dératé, soit encore avec son patron – interprété par Jean-Pierre Martins, vu notamment dans Laisse tes mains sur mes hanches, La môme, La cage dorée, et Un beau dimanche - qui lui demande d’exécuter de basses besognes) et cela pendant quasiment 2 bonnes heures. C’est long, très long même, d’autant qu’il ne se passe rien de vraiment concret ici, sans pratiquement aucune véritable action, ni réelle tension et encore moins de réactions de sa part, au point qu’on décroche rapidement ! Il faut attendre les 10 dernières minutes pour le voir enfin « (ré)agir » et sourire.
Bref, un constat actuel quelque peu « miséreux » dans tous les sens du terme, autant d’un pays qui tente de se relever doucement, que de son cinéma quasi inexistant en France, et, de plus, tourné parfois comme un documentaire, réunion syndicale en prime et bavardage prolétaire en supplément !

C.LB



 
 
 
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