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A serious game

Sortie  le  07/06/2017  

De Pernilla August avec Sverrir Gudnason, Karin Franz Körlof, Liv Mjönes, Michael Nyqvist, Mikkel Boe Folsgaard et Sven Nordin


Dans la Suède du début du XXe siècle, Arvid Stjärnblom, un jeune journaliste, et Lydia Stille, fille d’un artiste peintre, tombent éperdument amoureux. Mais leur idéal d’une passion pure et inconditionnelle se heurte à la réalité de l’époque…

Il existe des histoires d’amour qui sont portées à l’écran de manière ampoulée, comportant des scènes souvent appuyées, soulignées, voire même chargée, et puis il y en a d’autres toute en retenue, en douceur et aussi en lenteur, un peu en retrait comme sur la réserve, sans exagération narrative d’aucune sorte autant dans les dialogues que dans les séquences, bref, qui s’attarde sur un ton légèrement emprunté comme si les personnages s’excusaient de parler sentiments entre eux. C’est le cas ici avec cette passion « dévorante » sur plusieurs années, certes au charme certain mais à l’austérité évidente avec un côté distant presque froid.
Non pas que cette idylle nordique qui se passe à Stockholm au début du siècle dernier, capitale suédoise plutôt fraiche question température, freine autant les élans que les ardeurs de nos 2 tourtereaux (interprétés par des acteurs suédois talentueux mais quasiment inconnus chez nous : on a pu apercevoir Sverrir Gudnason dans Valse pour Monica sorti en 2013, et Karin Franz Körlof dans Wallander – enquêtes criminelles en 2013 également), mais cet air constamment triste et ce côté rarement expansif chez chacun d’entre eux a de quoi nous donner cette impression persistante, d’autant qu’ils semblent prisonniers ensemble des conventions propres à cette période-là (il est pertinent de remarquer que les rapports de force nuancés se croisent lorsque l’un puis l’autre va passer de l’orchestre au balcon et vise versa lors des multiples représentations d’opéra) !
Alors, « heureux ? ». « Mais peut-on jamais l’être ? ». Ces quelques mots, prononcés par un père à son fils, résument bien l’ambiance qui règne tout au long de cette production d’époque en costumes à la BO obsessionnelle et à la reconstitution épurée, très nature, quasi minimaliste par moment (tout se joue, au sens propre comme au sens figuré, dans des lieux souvent clos, genre chambres, salons et bureaux). Même si l’héroïne est une femme libre avec un caractère d’indépendance bien avec l’heure, ils ont « trouvé l’amour en se dégotant chacun un bon parti », alors que ces unions « reposent sur un mensonge » et l’un et l’autre ont « l’impression d’avoir perdu son âme ».
Raison de plus pour imaginer que cette réalisation mélancolique à souhait de Pernilla August (Beyond ; Les héritiers) – actrice vue notamment dans Fanny et Alexandre, Les meilleurs intentions (de son père Bille), Star Wars épisode II : l’attaque des clones, et The constant gardener – saura séduire ceux qui apprécient le sens du sacrifice poussé jusqu’à un certain point au cinéma....

C.LB



 
 
 
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