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Get out (sur Canal + Cinéma)

Sortie  le  18/06/2021  

De Jordan Peele avec Daniel Kaluya, Allison Willaims, Catherine Keener, Bradley Whitford, Caleb Landry Jones, Marcus Henderson et Betty Gabriel (sur Canal + Cinéma les 18, 21 et 24/06)


Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable.

C’est sans aucun doute l’une des toutes 1ère fois que vous verrez une production dite d’épouvante qui joue autant la carte du thriller à la fois délirant et angoissant, que celle du comique (de situations !) autour de certains passages plus ou moins tragiques ou, bien encore, qui traite de pure horreur tout en s’amusant à dédramatiser plusieurs scènes à suspense, pour ne pas dire souvent lourdes de conséquences morbides. On doit cette singularité narrative au réalisateur, scénariste et producteur Jordan Peele, plus connu aux Etats-Unis comme humoriste (dans la série télévisée Key & Peele de Comedy Central) et acteur (aperçu dans la série Fargo et entendu en voix off dans le film d’animation Cigognes et Cie). Pour son 1er long métrage, on peut dire qu’il a fait très fort, d’autant que son sujet diabolique a remporté un vif succès outre-Atlantique.
Raison de plus pour ne pas rater une bonne occasion de voir un film de genre qui change quelque peu du registre traditionnel, qui certes fait toujours un peu sursauter à quelques (rares) exceptions près, sur fond de préjugés idéologiques, raciaux et sociaux, sans être trop gros clichés, ainsi que d’impressions bizarres qui s’installent indéniablement et inexorablement en montant crescendo, mais qui réussit également à placer ici et là des allusions narquoises, des sous-entendus moqueurs et des non-dits douteux sans pour autant plomber l’ambiance générale déjà bien tendue. « J’ai l’impression de ne pas être à ma place, de faire tâche ! » ; « Mais non, mes parents ne sont pas racistes ! » : à partir de ces 2 constats de remarques sans prétention en introduction, on peut dès lors tout s’imaginer, le pire et même plus, l’inimaginable, bref, un véritable saut dans l’inconnu avec, en pointe de mire, un grand moment de solitude. « Ne va pas chez les parents d’une blanche ! », lui avait pourtant bien conseillé l’un de ces amis « blacks », pardon, afro-américains et c’est le début d’un péril en la demeure qui n’en finira pas, du moins, pas avant que le sang soit versé et le sol jonché de cadavres.
On vous rassure tout de même, il n’y a rien cette fois de véritablement terrifiant ni effrayant qui vous fera vous sentir mal (à l’aise) quelque soit le moment « chelou » rencontré, même si la mère est psy (Catherine Keener – vue entre autres dans Dans la peau de John Malkovich, 40 ans toujours puceau, Into the wild, et Le soliste – ensorcelante et hypnotisante à souhait), le père neurochirurgien (Bradley Whitford – présent notamment dans L’homme bicentenaire, Kate et Leopold, La cabane dans les bois, et Dans l’ombre de Mary – très voire trop « cool »), le frère étudiant (Caleb Landry Jones – Le dernier exorcisme ; X-Men : le commencement ; Contrebande ; Antiviral – quelque peu halluciné) et la sœur aimante (Allison Willaims – 1er rôle au cinéma mais déjà reconnu pour sa prestation dans la série Girls sur HBO - manipulatrice à ses heures perdues). Quant au malencontreux héros présenté à la famille de cette dernière, il est interprété par Daniel Kaluya (Chatroom ; Johnny English – le retour; Kick-ass 2 ; Sicario) qui, grâce à un « bagage génétique » intéressant, s’en sort plutôt bien, avec un assez bon pouvoir de déduction, pas mal de raisonnements comme d’arguments réfléchis et, surtout, beaucoup de chance, il faut bel et bien l’admettre !
En résumé, si vous aimez un certain ton glacial ambiant limite intrigue gothique qui « craint », des rapports amicaux qui se veulent bienveillants mais néanmoins pas très clairs et faussés dès le départ, une introspection mystérieuse qui vous emmène aussi rapidement qu’efficacement dans « le gouffre de l’oubli », des « noirs » plus que blancs et inversement dans leurs résonnements et autres discutions pour la plupart restées bloquées dans le passé (« ils sont si bons avec nous ! »), un lavage de cerveaux en bon et du forme version chirurgicale, et des drôles de convives soi-disant normaux, à la fois lisses et barrés, plus ou moins tarés sur les bords, alors vous allez être servis au-delà de vos espérances : en un mot, de quoi vous « foutre les jetons » tout en vous rendant « mort de rire ».....

C.LB



 
 
 
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