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Grand froid

Sortie  le  28/06/2017  

De Gérard Pautonnier avec Jean-Pierre Bacri, Arthur Dupont, Olivier Gourmet, Féodor Atkine, Marie Berto, Philippe Duquesne et Sam Karmann


Dans une petite ville perdue au milieu de nulle part, le commerce de pompes funèbres d’Edmond Zweck bat de l’aile. L’entreprise ne compte plus que deux employés : Georges, le bras droit de Zweck, et Eddy, un jeune homme encore novice dans le métier. Un beau matin, pourtant, un mort pointe son nez. L’espoir renaît. Georges et Eddy sont chargés de mener le défunt jusqu’à sa dernière demeure. Mais, à la recherche du cimetière qui s’avère introuvable, le convoi funéraire s’égare et le voyage tourne au fiasco.

Un pareil casting à l’affiche ne pouvait que forcément susciter l’intérêt ! Pensez donc, d’abord – et surtout - Jean-Pierre Bacri dans l’un de ses rôles de prédilection dont il raffole beaucoup mais qui le rend quelque peu tributaire à l’écran du même genre de prestation à jouer d’un film à l’autre, c’est-à-dire celui du râleur patenté et à tout bout de champ (souvenez-vous notamment de lui dans Une femme de ménage, Comme une image, Selon Charlie, Parlez-moi de la pluie, Avant l’aube, Au bout du conte, Tout de suite maintenant et La vie très privée de Monsieur Sim !). Pour l’occasion, il s’est fait une tête d’enterrement (et pour cause !), le teint livide comme s’il avait voulu ressembler à un Dracula des temps modernes, l’œil plutôt blafard et la moumoute en prime. Puis Olivier Gourmet qui, bourré de (question de) principes et faussement débonnaire mais à foison, y va de sa remarque légère ou de sa petite réplique appuyée, limite soulignée, histoire de faire bonne figure face à son « bras-droit » Bacri. Et enfin Arthur Dupont (Maintenant ou jamais ; Ma famille t’adore déjà ; L’outsider), ni meilleur ni moins bon qu’un autre en novice dans le métier de croque-mort, faisant des mimiques souvent exagérées pour mieux montrer et ainsi prouver aux 2 autres qu’il est lui aussi capable d’en faire parfois des tonnes. Bref, « calmes et pas débordés », ils font au mieux pour nous divertir tout en nous « accompagnant » agréablement !
Voilà donc un trio qui s’en donne à cœur joie, à celui qui fera son sketch ou qui sortira sa réflexion censée nous bidonner comme des baleines. Malheureusement, ce n’est pas (souvent) le cas cette fois, d’autant que le scénario assez mince pour ne pas dire limité, lorgnant du côté absurde, exagérément rallongé (ça tourne en rond et ça semble durer presque une « éternité »), gentiment drôle mais sans plus (« la mort, ce n’est pas contagieux, c’est héréditaire ! »), et plutôt mou du genou, à la fois lent et posé (ils attendent longtemps que quelqu’un trépasse enfin), ne permet pas ce style de réparties faisant rire du tac au tac, par manque certain d’élan, de vrais regards bien divergents sur l’existence comme sur la disparition, ou alors de situations franchement cocasses.
Ne blâmons pas trop le jeune réalisateur Gérard Pautonnier qui, avec l’aide du romancier Joël Egloff dont est adaptée cette aventure décalée intitulée à la base Edmond Ganglion & fils, nous offre ici son 1er long métrage en forme de petite balade typée western et road-movie, tour à tour singulier et bucolique dans un grand paysage intemporel aussi désertique que glacé, très connoté le Nord de la Belgique (en réalité, plutôt Est puisque les extérieurs ont été tournés en Pologne) ! En résumé, un film qui aurait mérité d’être pleinement épanoui comme l’un de ces protagonistes, défunt puis ressuscité de chez les morts comme par magie et interprété par le formidable Féodor Atkine quant à lui encore bien vivant...

C.LB



 
 
 
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