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Gabriel et la montagne

Sortie  le  30/08/2017  

De Fellipe Barbosa avec Joào Pedro Zappa, Caroline Abras, Alex Alembe, Lenny Siampala, John Goodluck et Rashidi Athuman


Avant d'intégrer une prestigieuse université américaine, Gabriel Buchmann décide de partir un an faire le tour du monde. Après dix mois de voyage et d'immersion au cœur de nombreux pays, son idéalisme en bandoulière, il rejoint le Kenya, bien décidé à découvrir le continent africain. Jusqu'à gravir le Mont Mulanje au Malawi, sa dernière destination.

Si vous aviez par hasard des velléités de voyages en Afrique du sud-est, c’est-à-dire entre le Kenya et le Malawi, en passant par la Tanzanie et la Zambie, ce film pourrait bien vous donner quelques envies d’aller plutôt voir par-ci que par-là, tant la caméra du brésilien Felipe Barbosa (Casa grande) ne rate aucune (bonne) occasion de nous montrer quelques paysages pour le moins saisissants (le Kilimandjaro au Kenya, à 5.800 mètres d’altitude ; le safari en Tanzanie ; le mont Mulanje au Malawi), voire certains à couper le souffle (les chutes du lac Victoria en Zambie). C’est en voulant rendre hommage à la mémoire de l’un de ses amis d’enfance et camarade de classe, parti pour une sorte de parcours initiatique à travers la planète et malheureusement décédé lors d’un périple sur le continent africain, que ce dernier s’est lancé dans l’aventure à la manière d’un reportage, mi-documentaire mi-fiction, où il retrace ses 70 derniers jours avant le moment fatidique. Même si ce fait divers survenu en 2009 a connu un certain retentissement au Brésil, il nous est dépeint cette fois presque à la manière d’un film de vacances ou de découvertes, ponctué de 4 chapitres bien distincts correspondants à chaque pays traversé, ainsi que ceux et celles qui ont réellement croisé son chemin et qui témoignent en voix off.
On se laisse doucement et tendrement prendre la main – et surtout les yeux – à contempler ces vastes étendues, suivant plusieurs de ses rencontres fortuites au hasard de sa longue balade avec les autochtones du coin (entre autres des massaïs), lors de la venue de sa petite amie pendant plusieurs semaines, sa façon de se comporter avec autrui et son côté enjoué lorsque le but recherché – et souvent non prémédité - est enfin atteint, avant de repartir de plus belle vers de nouvelles destinations, le nez au vent. Difficile de dire si le personnage, interprété par l’acteur brésilien Joào Pedro Zappa, nous est sympathique aux premiers abords, tant son attitude idéaliste (pour se prouver quoi en fin de compte, sans doute un moyen de se dépasser, d’aller au bout de soi et de ses forces ?), à la fois enfantine et impatiente (il s’engueule parfois avec sa copine), souvent imprudente, limite inconsciente voire irresponsable par moment, nous enlève tout désir de vraiment l’apprécier à sa juste valeur. Fort est de constater tout de même que ce marcheur invétéré au pas précipité (un randonneur acharné à ses risques et périls !) a de l’entregent, un rapport très facile et plutôt direct, sans réel détour ni véritable précaution, avec les autres, ce qui lui permet de voir s’ouvrir les portes de l’hospitalité de son interlocuteur, tel un Antoine de Maximi dans son émission télévisé, J’irais dormir chez vous, diffusée sur les chaînes Voyage, Canal + puis France 5.
On serait tenté de trouver le procédé « rencontre inopinée = amitié durable avec en prime un toit pour la nuit chez l’habitant » trop rapide, trop commode, et les méthodes employés pour y parvenir, certes simples et hors de l’attrape-touriste habituel, particulièrement accessibles ou, du moins, arrangeantes pour chacun, d’autant que tout le monde parle couramment pour ne pas dire parfaitement anglais (même les massaïs !), parfois brésilien (avec son amoureuse, en chanson ainsi qu’en vers), sans oublier français (pourquoi pas ?). Bref, quelque que soit l’endroit sur terre où vous vous trouvez même montagneux ou complètement désertique, le langage universel n’est pas celui des signes mais bel et bien l’anglais, même chez le plus éloigné des paysans ! En résumé, une version revue et corrigée d’Into the wild de Sean Penn cette fois sur le continent noir, qui a remporté le Prix Révélation à la Semaine de la Critique au dernier festival de Cannes, avec un « mzungu (personne à la peau blanche) » candide qui voyage comme un local en immersion totale, sans véritables certitudes, ni trop se soucier du lendemain (« hakuna matata » = sans soucis, le strict nécessaire pécunier en plus !), et encore moins de quoi pouvoir changer vraiment la pauvreté dans le monde, but initialement recherché.....

C.LB



 
 
 
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