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Wind river

Sortie  le  30/08/2017  

De Taylor Sheridan avec Elizabeth Olsen, Jérémy Renner, Kelsey Asbille, Jon Bernthal, Julia Jones, Gil Birmingham et Graham Greene


Cory Lambert est pisteur dans la réserve indienne de Wind River, perdue dans l’immensité sauvage du Wyoming.
Lorsqu’il découvre le corps d’une femme en pleine nature, le FBI envoie une jeune recrue élucider ce meurtre.
Fortement lié à la communauté amérindienne, il va l’aider à mener l’enquête dans ce milieu hostile, ravagé par la violence et l’isolement, où la loi des hommes s’estompe face à celle impitoyable de la nature…


Les histoires écrites par le scénariste Taylor Sheridan pour le cinéma nous ont déjà beaucoup enthousiasmé, que ce soit le sujet de Sicario sorti en 2015 (acclamé par la critique et le public) ou celui de Comancheria en 2016 (cité à 4 Oscars dont ceux du meilleur film et du meilleur scénario). Le voilà maintenant qui, pour ce 3ème volet de sa trilogie sur la Frontière américaine moderne et inspiré de faits réels, passe derrière la caméra pour la 1ère fois et on peut dire sans hésiter que le résultat est plutôt fort encourageant, voire même on ne peut plus probant. Il nous plonge dans une sorte de « nouveau western » contemporain comme le chantait si bien Mc Solaar en son temps, où l’action se déroule non pas en Arizona mais dans des paysages blancs immaculés du Wyoming, où les diligences deviennent des motoneiges surpuissantes, où les règlements de compte se font en groupe et non plus seul et face à face, où les indiens cohabitent parfaitement avec les « blancs » dans une réserve amérindienne très loin des tipis d’antan, où les colts et autres revolvers sont remplacés par des armes de poing du style pistolets automatiques, où la ruée vers l’or s’est transformée en de gigantesques exploitations de richesses minières (de pétrole ou bien de gaz), et où les vestes et pantalons typiques de cowboys sont dorénavant des doudounes protectrices et des combinaisons de camouflage pour affronter le froid glacial qui règne dans ce territoire sauvage et reculé de l’ouest des Etats-Unis.
Bref, de quoi sacrément nous dépaysé dans cet environnement aussi hostile qu’original, assez rarement vu sur les écrans d’ailleurs (à part notamment les plus connus comme Fargo des frères Coen, Un plan simple de Sam Raimi, Runaway train d’Andrei Konchalovsky, et Insomnia de Christopher Nolan, sans oublier Jeremiah Johnson de Sydney Pollack) ! C’est donc un thriller intime et social que nous offre Sheridan dans la plus pure tradition « noire » qui soit, avec son lot de tensions palpables (pas de pitié et chacun pour soi) et de souffrances humaines (des réminiscences de tragédie par vraiment assimilées), de mœurs dérangeantes autant américaines qu’indiennes (des rites de passage pas forcément très « classiques » tels qu’on les a connu habituellement sur grand écran) avec un climat brutal, bien différent de celui civilisé dit urbain (on endure ou on abandonne), de meurtres aussi (des gens sur le qui-vive, quelque peu paranoïaques sur les bords et à la gâchette facile), en un mot, « quand on est chasseur, on chasse (et parfois, on tue) » !
En effet, notre héros principal, un traqueur de prédateurs (aussi bien animal qu’humain) interprété par le magistral Jérémy Renner (Démineurs ; The town ; Jason Bourne – l’héritage ; Premier contact ; Captain America – civil war ; Avengers – l’ère d’Ultron), ne se prive pas de ressembler à quelqu’un de totalement amère, blasé et un brin philosophe à ses heures perdues, le ton désabusé limite désœuvré comme revenu de tout face à l’ambiance plombante qui règne dans cette contrée désolée et peu accueillante pour ne pas dire « ennemie », ravagée et en pleine déchéance morale, bel et bien bloquée par une météo changeante, à la fois capricieuse (entre ciel dégagé et tempête glacée dans une rigueur extrême quasi sibérienne) et « mortelle » (ici dans tous les sens du terme !). Il doit faire équipe avec une agent débutante du FBI jouée par Elizabeth Olsen (aperçue entre autres dans Godzilla, En secret, Old boy, Martha Marcy May Marlène, Avengers – l’ère d’Ultron, et Captain America – le soldat de l’hiver + civil war) qui se révèle à la fois professionnelle et courageuse ou, du moins, téméraire en toute occasion, très éloignée des clichés du genre sexué.
En résumé, un duo qui fonctionne bien à l’image, dans une atmosphère minutieuse et prenante mais au rythme lent et pesant comme si chacun des protagonistes était engoncé ou plutôt enfoncé dans la neige, le tout sur fond d’une BO envoûtante, pleine d’incantations plus ou moins « spirituelles ». Une vision réaliste et respectueuse dans toute sa dureté ainsi que son âpreté ambiante....

C.LB



 
 
 
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