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Mort à Sarajevo

Sortie  le  23/08/2017  

De Danis Tanovic avec Jacques Weber, Snezana, Vidovic, Izudin Bajrovic, Vedrana Seksan, Muhamed Hadzovic, Faketa Salihbejovic et Edin Avdagic-Koja


Alors que l’Hotel Europe accueille une importante délégation de diplomates réunis pour le centenaire du début de la Première Guerre Mondiale, les employés préparent une grève. L’hôtel devient le théâtre d’un conflit social, idéologique et politique et les tensions menacent dangereusement de perturber le dîner de gala.

Si vous n’aviez pas beaucoup suivi- ou bien compris - en son temps le siège de Sarajevo, ni la guerre entre bosniaques, serbes et croates qui fit rage en Europe, et encore moins les « vraies » raisons – l’élément déclencheur - qui ont provoqué la 1ère guerre mondiale, alors ce film peut à nouveau vous éclairer sur la question et vos quelques oublis « passagers », tout en vous apportant certaines indications bien spécifiques et vous rappelant au bon souvenir de ce qui a mis un pays à feu et à sang, bref, en pleine ébullition depuis presque le début jusqu’à quasiment la fin du siècle dernier, en l’occurrence ici l’ex-Yougoslavie (« le 20ème siècle commence et finit à Sarajevo ») ! Vous aurez donc le droit cette fois à un assez grand nombre d’aperçus verbaux sur ce qui s’est déroulé d’abord en 1914, puis entre 1991 et 2001, et encore aujourd’hui surtout dans la mentalité de ceux, les peuples des Balkans, qui se revendiquent d’un tel ou tel autre bord ethnique.
Vaste sujet qui, fort heureusement, ne se contente pas de nous faire ici une sorte de récapitulatif historique des évènements qui se sont passés il y a de cela plusieurs années à seulement 3h30 en avion de Paris ! Non, ce drame européen encore d’actualité est en réalité vaguement inspiré d’une pièce écrite par Bernard-Henri Lévy, intitulée Hôtel Europe, entre autres interprétée principalement par des acteurs du cru, ainsi que par Jacques Weber qui jouait déjà l’œuvre, seul, sur la scène du théâtre de l’Atelier en 2014. Une caution « verbale » bien maigre aux vues de sa prestation plutôt limitée et de ses rares envolées soi-disantes « lyriques », bien droit, quasi statique et enfermé dans sa chambre d’hôtel à répéter un discours inaugural assez personnel en attendant que soit repassée sa chemise blanche (clin d’œil évident à l’auteur !), entrecoupé de multiples débordements au sein de cet établissement en totale effervescence ou, du moins, en pleine crise interne ! Car, malheureusement, il n’est pas le seul à proposer son point de vue dit humain sur les divers problèmes autant passés qu’actuels, dans une suite de bavardages incessants venant de toute part, entre des contradictions idéalistes par-ci, des déballages romantiques par-là et des manifestations sociales des employés un peu partout, l’ensemble ponctué de révoltes affichées et de métaphores assumées.
Ca parle, ça bouge et ça se bagarre aussi à tous les étages, de la cave aménagée en boîte de nuit et tripot mal famé, jusqu’au plafond, notamment sur le toit de l’hôtel transformé ou, si vous préférez, improvisé pour l’occasion en studio de télévision, avec des sbires envoyés régulièrement pour faire le lien entre chaque palier. Malgré une caméra toujours en mouvement (celle du réalisateur Danis Tanovic, responsable de l’excellent No man’s land sorti en 2001, toujours sur le même thème !) et un Grand Prix du Jury à la Berlinale de 2016, on attend la finalité d’un pareil remue-ménage « intellectuel » plus ou moins engagé dans l’urgence, que ça explose enfin à l’écran après ce déploiement de déclarations à l’emporte-pièce, voire cet étalage de rebellions autour d’une Union Européenne fragile et bien difficile à imaginer avoir, un jour, une destinée vraiment commune....

C.LB



 
 
 
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