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Le sens de la fête

Sortie  le  04/10/2017  

De Eric Toledano et Olivier Nakache avec Jean-Pierre Bacri, Gilles Lellouche, Jean-Paul Rouve, Vincent Macaigne, Eye Haidara, Suzanne Clément, Alban Ivanov et Hélène Vincent


Max est traiteur depuis trente ans. Des fêtes, il en a organisé des centaines, il est même un peu au bout du parcours. Aujourd'hui c'est un sublime mariage dans un château du 17ème siècle, un de plus, celui de Pierre et Héléna. Comme d'habitude, Max a tout coordonné : il a recruté sa brigade de serveurs, de cuisiniers, de plongeurs, il a conseillé un photographe, réservé l'orchestre, arrangé la décoration florale, bref tous les ingrédients sont réunis pour que cette fête soit réussie... Mais la loi des séries va venir bouleverser un planning sur le fil où chaque moment de bonheur et d'émotion risque de se transformer en désastre ou en chaos.
Des préparatifs jusqu'à l'aube, nous allons vivre les coulisses de cette soirée à travers le regard de ceux qui travaillent et qui devront compter sur leur unique qualité commune : Le sens de la fête.


Ne cherchez pas la comédie de la rentrée, voire même de l’année, c’est celle-là et sans (aucun) doute pas une autre, du moins peut-être pas avant un certain temps ! Tels les frères Coen côté américain, Eric Toledano et Olivier Nakache version française semblent réussir tous les scénarios et toutes les mises en scène qu’ils entreprennent, autant dans l’humour que dans la gravité (souvenez-vous de Je préfère qu’on reste amis, Nos jours heureux, Tellement proches, Samba et surtout d’Intouchables !), collectionnant au passage nominations et récompenses méritées. C’est toujours fluide, limpide, enlevé, bien écrit, plein de situations et de répliques aussi cocasses que réalistes, rarement soulignées ou appuyées à outrance et plus vraies que nature. Bref, une bonne partie des ingrédients pour que le succès soit au rendez-vous pour ne pas dire totale !
On le doit aussi énormément au casting et, là-dessus, les 2 réalisateurs n’ont pas mégoté pour nous sélectionner un choix de 1er ordre, que ce soit Jean-Pierre Bacri impérial et impayable en patron à l’humanité bienveillante, tout dans la mauvaise humeur permanente, la pression protocolaire concentrée, l’adaptation relationnelle consternée et le stress plus ou moins maîtrisé face à des clients compliqués, devant afficher un attitude sereine (ou zen) en toute circonstance (en résumé, les bonnes comme les mauvaises nouvelles qui malheureusement s’abattent sur lui et sa société !), et gérer au mieux les comportements, egos surdimensionnés, mesquineries, embrouilles, déboires, insanités et autres conneries de l’ensemble de son équipe travaillant dans l’ombre (plus proche d’un personnel de bras cassés et de losers), Gilles Lellouche en DJ animateur vantard, Jean-Paul Rouve en photographe prétentieux, Vincent Macaigne en aide déprimé, Eye Haidara (vue notamment dans Film socialisme et La taularde) en bras droit au franc parler, Alban Ivanov (aperçu entre autres dans Les mythos et Patients) en serveur gaffeur, ou bien encore Hélène Vincent en mère enquiquineuse.
C’est bien simple, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre, autour d’une succession de plusieurs saynètes virevoltantes, composées de pérégrinations anecdotiques, d’imprévus surprenants et d’évènements « extraordinaires », autant festifs qu’énergiques, aussi croustillants que mordants, et cela dans l’envers du décor - l’univers des coulisses avec les multiples « travers » de ces sans-grades déguisés en laquais perruqués - lors des préparatifs et du « bon » déroulement en quasi temps réel d’un mariage sur quasiment 24h ! Tous sans exception (une vingtaine) portent ce film chorale sympathique, parfois prévisible et pas toujours subtil mais de grande qualité en ce qui concerne le montage, faussement « sobre, chic et élégant » mais sacrément acerbe, des plus distrayants et jubilatoires qui soit, soutenu par un rythme ambiant plutôt relevé – BO comprise ! - (quasi d’enfer, à l’image de la circulation mouvementée régnant en pareille soirée !) qui, fort heureusement malgré le tournage dans un lieu unique, ne faiblit nullement (sans temps mort durant presque 2h !), et entraîné par une maîtrise des dialogues ciselés à souhait ou, si vous préférez, créés et dirigés de main de maître par le duo émotionnellement « chaleureux » le plus prometteur du cinéma hexagonal depuis maintenant une bonne dizaine d’années...

C.LB



 
 
 
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