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L’école buissonnière

Sortie  le  11/10/2017  

De Nicolas Vanier avec François Cluzet, Jean Scandel, Eric Elmosnino, François Berléand, Valérie Karsenti, Thomas Durand et Frédéric Saurel


Paris 1930. Paul n’a toujours eu qu’un seul et même horizon : les hauts murs de l’orphelinat, sévère bâtisse de la banlieue ouvrière parisienne. Confié à une joyeuse dame de la campagne, Célestine et à son mari, Borel, le garde-chasse un peu raide d’un vaste domaine en Sologne, l’enfant des villes, récalcitrant et buté, arrive dans un monde mystérieux et inquiétant, celui d’une région souveraine et sauvage.
L’immense forêt, les étangs embrumés, les landes et les champs, tout ici appartient au Comte de la Fresnaye, un veuf taciturne qui vit solitaire dans son manoir. Le Comte tolère les braconniers sur le domaine mais Borel les traque sans relâche et s’acharne sur le plus rusé et insaisissable d’entre eux, Totoche. Au cœur de la féérique Sologne, aux côtés du braconnier, grand amoureux de la nature, Paul va faire l’apprentissage de la vie mais aussi celui de la forêt et de ses secrets. Un secret encore plus lourd pèse sur le domaine, car Paul n’est pas venu là par hasard…


Tout est bon ici pour tirer sur la corde sensible et même nous faire sortir les mouchoirs afin d’essuyer quelques larmes qui auraient pu nous échapper ! Pensez donc, un enfant de surcroît orphelin (encore un !) et plus ou moins maltraité par l’assistance publique de l’époque (l’esprit des Thénardier plane sur l’existence de ce pauvre garçon), une famille d’accueil bucolique aussi douce que bienveillante (forcément, pour compenser le reste !), un braconnier devenu proche et roublard comme ce n’est pas permis (l’image du père, que cet enfant n’a pas connu, n’est pas loin !), un aristocrate bourru à souhait avant bien sûr de changer de caractère comme d’opinion (on n’en n’attendait pas moins de lui !), sans oublier un avenir joyeux et radieux tout tracé pour lui (en forme de conte « magique » ou, du moins, féérique pour tout public, dit aussi familial), et nous voilà plongé dans une énième sorte de version revue et corrigée de Jeux interdits, du Grand chemin (film de Jean-Loup Hubert sorti en 1987) ou bien encore de L’effrontée (de Claude Miller sorti en 1985).
On n’en attendait pas moins du réalisateur Nicolas Vanier (Le dernier trappeur ; Loup ; L’odyssée sauvage) qui s’escrime à brasser toujours le même type d’histoire (souvenez-vous de Belle et Sébastien, un peu dans la même veine narrative que celle-ci !), une ode à la Nature dans toute sa splendeur, sa grâce et son respect réunis (forêt, fleurs et faune rassemblées), le tout sur fond évidemment de belles images évocatrices (une photo impeccable d’ailleurs avec quelques ralentis en prime !), d’un bestiaire conséquent (entre sangliers, cerfs, biches, chevreuils, renards, hérons, rouges gorges, canards et lapins dans leur environnement naturel !), et d’une BO majestueuse à souhait bien obligée (afin d’amplifier ce film d’époque assez bien reconstitué !) exceptée sans (aucun) doute la chanson très « Gypsy King » dans le campement des gitans, souvent présents dans les productions du metteur en scène (notamment dans Belle et Sébastien 2 : l’aventure continue !).
Quoi qu’il en soit, le ton ne change pas d’un iota, toujours doux, avenant, agréable, docile, esthétique, gentil quoi, autant dans les paysages verdoyants présentés entre 2 scènes autour ou dans le manoir, qu’à travers les traits des personnages principaux bien soulignés, que ce soit ceux de François Cluzet qui s’est fait une tronche de braconnier grondant certes mais pas méchamment, pas très loin de celle de Michel Simon dans Boudu sauvé des eaux ; Eric Elmosnino en garde-chasse obsédé voire obnubilé par les agissements de ce dernier ; François Berléand en comte désabusé comme à l’accoutumé ; Thomas Durand (Ne touchez pas à la hache ; La maison Nucigen) en fils de ce dernier aussi sournois que malfaisant (il a malheureusement la tête de l’emploi !) ; Valérie Karsenti (LOL ; Tellement proches ; A toute épreuve ; Babysitting 2) en « mère Félicienne » de substitution et au service du comte, toujours sympathique et souriante ; sans oublier le jeune « drôle » interprété par le touchant Jean Scandel, à la belle « gueule » et aux yeux bleus, un moyen comme un autre de ne pas se tromper sur ses (bonnes) intentions et la finalité du scénario !
Bref, un film moins école et plus buisson, un cinéma « attrape-couillon » comme certains les aiment, qui ravira à coup sûr tous ceux – et celles – qui ne jurent que par les hommages à la vie sauvage, la remise au goût du jour des valeurs humaines perdues (comme celles de l’apprentissage de certaines pratiques d’une génération à l’autre), les séquences « émotions » et les bons sentiments projetés sur grand écran....

C.LB



 
 
 
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