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Pentagon papers

Sortie  le  24/01/2018  

De Steven Spielberg avec Tom Hanks, Meryl Streep, Alison Brie, Sarah Paulson, Bob Odenkirk, Tracy Letts, Bradley Whitford, Bruce Greenwood, Matthew Rhys, Carrie Coon et Jesse Plemons


Première femme directrice de la publication d’un grand journal américain, le Washington Post, Katharine Graham s'associe à son rédacteur en chef Ben Bradlee pour dévoiler un scandale d'État monumental et combler son retard par rapport au New York Times qui mène ses propres investigations. Ces révélations concernent les manœuvres de 4 présidents américains, sur une trentaine d'années, destinées à étouffer des affaires très sensibles… Au péril de leur carrière et de leur liberté, Katharine et Ben vont devoir surmonter tout ce qui les sépare pour révéler au grand jour des secrets longtemps enfouis…

Quand Steven Spielberg s’empare d’un vrai sujet pour l’adapter au cinéma, qu’il soit tiré d’un fait historique plutôt éloigné (L’empire du soleil ; La liste de Schindler ; Amistad ; Il faut sauver le soldat Ryan ; Lincoln) ou bien alors d’une actualité encore assez récente (comme c’est le cas ici mais également avec Arrête-moi si tu peux, Munich, Le terminal et Le pont des espions), on peut être sûr qu’il y mettra toutes les formes pour qu’on y adhère complètement et qu’on puisse à nouveau assister sur écran à une histoire aussi palpitante et incroyable que possible. Ce scénario-là a beau s’inspirer de l’affaire des « Papiers du Pentagone » (en 1971, le Washington Post rendit public des extraits du document classé secret défense "United States-Vietnam Relations, 1945-1967: A study prepared by the Department of Defense", émanant du département de la Défense et comptant pas moins de 7000 pages, qui détaillait l'implication politique et militaire américaine dans la guerre du Vietnam, et sa publication éclaboussa la classe politique US de l'époque), il n’en est pas moins passionnant et précis à plus d’un titre...de la une d’un journal !
Pensez donc, l’état américain – sous les présidences de Truman, Eisenhower, Kennedy et Johnson – a pendant 30 ans menti à ces concitoyens sur la guerre d’abord en Indochine mais surtout ensuite celle au Vietnam, tous les 4 successivement impliqués dans des rapports confidentiels sur la gestion catastrophique de ce dernier conflit particulièrement désastreux, autour des causes et des décisions prises à l’époque, qui ont nui au pays tout entier ! Raison de plus pour raconter à la face du monde ce qui s’est réellement passé à cette période, monté comme une véritable enquête policière et ponctué de moments importants voire très forts comme d’autres un peu plus légers. Et pour interpréter la trajectoire captivante des différents protagonistes et autres intervenants dans ce scandale politique retentissant, Spielberg ne s’est pas trop embarrassé en prenant un casting 4 étoiles à la hauteur du projet, le plus prestigieux mais également le plus représentatif qui soit. Voyez par vous-même : Tom Hanks (c’est la 5ème fois qu’il travaille avec lui !) en rédacteur en chef du Washington Post, le cheveu blanchi et le rictus typiquement US., suivi de Meryl Streep (une première malgré le fait qu’elle ait prêté sa voix à un personnage dans A.I. intelligence artificielle !) en propriétaire du journal tour à tour délicate et déterminée, sensible et courageuse, sans oublier Sarah Paulson (12 years a slave ; Carol) en épouse et soutien discrets, Bob Odenkirk (Disjoncté ; Entre chiens et chats ; Nebraska) en journaliste d’investigation engagé, Tracy Letts (Elvis et Nixon – tiens, déjà avec le même président en place au moment des faits ! – et bientôt dans Lady Bird) en proche conseiller de ce quotidien, et Matthew Rhys (A vif ; En mai fait ce qu’il te plaît) en tant qu’ancien Marine, consultant militaire, lanceur d’alerte et unique source de ces fameux articles pour le moins préjudiciables au gouvernement.
Bien évidement, le métier de journaliste - même s’il a pas mal changé en l’espace de 45 ans - est ici dépeint bel et bien dans toute sa « splendeur » (dans tous les sens du terme d’ailleurs !), avec ses hauts et ses bas, ses guéguerres entre magazines pour avoir une exclusivité éditoriale, ses moyens mis en œuvre pas toujours très « catholiques » ou, si vous préférez, ses missions ou ses obligations parfois douteuses voire souvent à la limite de la déontologie professionnelle, ses doutes lorsqu’arrivent des complications du genre pressions, délits d’outrages, collusions, atteintes à la sécurité de l’état, injonctions ou alors attaques en justice, ses lourdes et graves décisions à prendre au moment où il faut publier ou pas tel scoop retentissant qui pourrait soit mettre en péril la réputation du journal, soit alors lui permettre de devenir le n°1 et faire ainsi sa fortune : bref, tout ce qui fait l’intérêt et la joie comme le piment et la passion d’un tel « job » afin de défendre le droit de publier la vérité ! Pour cela, le conteur Spielberg nous restitue ces instants « historiques » aux répercussions toujours actuelles à travers une photo (celle de son fidèle directeur de la photographie, Janusz Kaminski) quelque peu passée sur fond de couleurs délavées – années 70 oblige ! -, le tout avec une BO prenante de John Williams (44 ans qu’ils collaborent ensemble !) et des décors reconstitués assez proches des originaux....

C.LB



 
 
 
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