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A ghost story

le  20/12/2017  

De David Lowery avec Casey Affleck, Rooney Mara, McColm Cephas Jr., Kenneisha Thompson, Grover Coulson, Liz Franke et Barlow Jacobs


Apparaissant sous un drap blanc, le fantôme d'un homme rend visite à sa femme en deuil dans la maison de banlieue qu'ils partageaient encore récemment, pour y découvrir que dans ce nouvel état spectral, le temps n'a plus d'emprise sur lui. Condamné à ne plus être que simple spectateur de la vie qui fut la sienne, avec la femme qu'il aime, et qui toutes deux lui échappent inéluctablement, le fantôme se laisse entraîner dans un voyage à travers le temps et la mémoire, en proie aux ineffables questionnements de l'existence et à son incommensurabilité.

Comment démystifier dans toute sa splendeur le rôle du fantôme dans notre imaginaire collectif ou, si vous préférez, décristaliser l’idée que cette « apparence » projette sur nous de la peur, du moins, de l’appréhension que cette vision peut susciter chez certains d’entre nous ? C’est bien simple, vous faites endosser un drap immaculé, avec 2 trous pour la place des yeux, à n’importe qui, un figurant par exemple (on ne va tout de même pas demander à un acteur confirmé de revêtir un linge qui va le couvrir entièrement et donc sans qu’on puisse le reconnaître une seule fois et, de plus, sans qu’il puisse dire le moindre mot ni la plus petite phrase tout le long du film, c’est-à-dire pendant 1h30 !) et vous lui demandez juste de déambuler très doucement voire à peine et même pas du tout dans un environnement assez confiné, flanqué au beau milieu d’une pièce (le salon, la chambre à coucher, la cuisine), histoire de montrer qu’un spectre, ça peut « exister » et évoluer autour de nous sans qu’on s’en rende compte, sans avoir la moindre notion de sa possible présence parmi nous ni pouvoir le voir !
Fort de ce constat disons « paranormal », il faut de plus juste penser qu’ici, un « revenant » peut très bien avoir lui aussi des états d’âme, même en étant complètement muet (excepté quelques très rares réactions face à un autre fantôme), et qu’il peut être tout à fait capable de ressentir des émotions plus ou moins fortes comme vous et moi et cela dans plusieurs situations bien distinctes. Et c’est parti pour une boucle temporelle à travers les âges, entre un passé lointain (à l’époque de la conquête de l’Ouest) et un futur proche (la maison a fait place à des buildings ultrasophistiqués), autant de l’endroit où se trouve la maison que de ses différents occupants qui se succèdent, en passant par d’autres lieux comme un hôpital, en pleine nature ou bien ailleurs. Si on a voulu nous plonger dans la « peau » de cette « chimère » qui hante une demeure au point d’en être quasiment prisonnier, c’est raté tant on s’ennuie ferme à l’image de cette « ombre » cartoonesque qui n’exprime rien d’autre que le manque, l’absence, l’errance, la solitude et l’oubli.
Suite à cela, il est assez dur d’imaginer Casey Affleck (Manchester by the sea) - qui s’est fait pour l’occasion un look mélancolique à la Jim Morrison, le chanteur des Doors – sous ce linceul chiffonné, ainsi que Rooney Mara (The social network ; Millénium : les hommes qui n’aiment pas les femmes ; Effets secondaires ; Carol) en compagne mortifiée (ou si peu !) qu’il va entre autres regarder tout simplement vivre sans pouvoir intervenir (si ce n’est faire tomber parfois quelques livres). On ne peut pas dire que le réalisateur David Lowery (Peter et Elliott le dragon; Les amants du Texas – avec déjà ces 2 mêmes acteurs principaux ! -) ait été véritablement inspirée avec ce film indépendant certes très particulier et fort poétique mais sombre et contemplatif, aussi lymphatique qu’énigmatique, à l’ambiance tour à tour brumeuse, cotonneuse, quasi ouatée, d’une banalité étouffante, aux mouvements de caméra lents au format genre Super 8 (en réalité, c’est filmé en 4/3), aux plans séquences souvent larges et presque fixes (comme la présence du fantôme d’ailleurs), ainsi qu’aux allures de réflexions sur l’amour et le deuil, sans oublier une exploration autour de le transmission, du sens de la vie et du temps qui passe...inexorablement. Bref, même pas peur et plutôt pâle (et pour cause) !...

C.LB



 
 
 
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