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Brisa Roché : Father

le  25/05/2018   chez BlackAsh/Wagram





Voilà sans (aucun) doute l’une des song-writeuses et interprètes d’aujourd’hui les plus déroutantes voire déconcertantes que l’on puisse rencontrer sur le marché en ce moment ! Non contente de passer radicalement d’un style musical à l’autre à chacun de ses nouveaux albums (d’abord jazz/rock avec The chase, puis pop/folk avec Takes sorti en 2007, ensuite des chansons aussi brutes que dépouillées avec All right now, suivi de reprises à travers The Lightnin 3, un trio féminin avec Morning, noon & night en 2012, ainsi que de sonorités électro avec Invisible 1 en 2016), l’américaine Brisa Roché nous gratifie cette fois-ci de 12 ballades dans le genre folk souvent rugueux et le plus épuré possible, tour à tour à la guitare acoustique, aux percussions uniquement, à l’orgue d’église, au piano intimiste ou aux rares riffs soient stridents, soient distordants comme cassés en guise de simples accompagnements ou bien de petite orchestration.
De quoi en étonner plus d’un(e), d’autant que pour son 6ème opus, elle s’est entourée du célèbre producteur et réalisateur anglais John Parish (PJ Harvey ; Eels ; Tracy Chapman ; Goldfrapp ; Sparklehorse ; Arno ; Dionysos, Dominique A), rien que cela ! Et le résultat est à la hauteur du « défi » proposé, une suite de ballades minimalistes au rythme clopin-clopant (48 – le 1er single - ; Cypress – avec de l’écho -), mélancolique (Black mane), plein de spleen ambiant (Before I’m gone – aux riffs lancinants -), à la guitare (Holy badness) délicatement pincée (Can’t control – assez proche d’une démo d’ailleurs ! -), légèrement cadencé limite vibrant (Engine off), à la manière d’une danse indienne (Fuck my love), façon comptine « plaintive » (Blue night) ou alors tendance rétro bastringue (Carnation). Et du côté des vocalises, ça prend un chemin tour à tour clair, traînant, haut perché et aigue, parfois très en avant et capable de durer sans pour autant avoir beaucoup de puissance ni de coffre (Fuck my love), parfois doublé et envoûtant (comme sur 48 et Patience).
Bref, un timbre pénétrant, assez particulier pour ne pas dire singulier, qui s’amuse à changer de ton selon l’humeur et les textes chantés mais jamais à court d’idées ni de nuances (comme par exemple sur Trout fishing again, un poème - de Richard Brautigan ? - récité par une voix grave masculine aussi belle que profonde pour clôturer cette « drôle » de galette). On la dit chamane, employant des ambiances crépusculaires, fantomatiques et même gothiques pour assoir son écriture, mais on pourrait facilement la comparer à ces chanteuses plus ou moins psychédéliques des années 60 comme la guitariste de blues/folk Karen Dalton aux origines mi-irlandaise mi-cherokee et au phrasé aussi typique que nasillard, ou l’auteur et compositrice anglaise Vashti Burnyan au timbre doux et éthéré (ou bien alors actuelles tel que l’américaine Alela Diane qui a d’ailleurs repris des titres de cette dernière !), c’est-à-dire empruntant un mode, un esthétique et un parler très personnelles dans ses interprétations. En résumé, une créatrice dans la tradition narrative U.S. qui (d)étonne et (sait) se démarque(r) de ses consœurs avec subtilité...

C.LB



 
 
 
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